Persuasion
7.7
Persuasion

livre de Jane Austen (1818)

Anne une jeune fille de bonne famille a bien plus de 25 ans et n'est toujours pas mariée. Elle fut fiancée à Frederick il y a quelques années, mais comme il était de naissance moins haute, le père de la jeune fille a refusé le mariage. Quelques années plus tard, il se trouve qu'ils doivent se rencontrer à nouveau et pendant plusieurs semaines pour cause de relations communes. Anne réussit à se persuader qu'il ne l'aime plus...

Habituellement Jane Austen est une reine de la critique sociale de son temps et de la subtilité de ses démonstrations de valeurs morales. Pride & Prejudice, Sense & Sensibility sont des monuments, non pas par leurs intrigues, plutôt banales avouons-le, mais parce que toute leur démonstration, leur enseignement, -celui de refuser l'orgueil, celui d'écouter son coeur, certes un peu mièvre, était subtilement distillé au long du roman.

Ce qui n'est pas le cas ici. On voit les mécanismes de persuasion qui reviennent, lancinants, pas très bien amenés. On sent l'effort, on sent que quelque chose de grand peu sortir mais que rien ne vient. Comme si elle avait tout donné pour ses premiers romans, et elle s'était, avec le succès, relâchée sur ses derniers écrits (Persuasion est publié de manière posthume). L'intrigue est égale à elle-même, et la critique sociale du XIXe est toujours succulente...

J'ai dit plus haut – ou précédemment- que la critique sociale était toujours aussi vive dans Persuasion que dans les autres romans de Jane Austen. En y réfléchissant, elle y est même plus vive. A la différence de ces précédentes oeuvres, le roman ne se contente pas d'une critique annexe à l'intrigue principale. L'héroïne n'est pas forte et entêtée comme dans Raison et Sentiments ou Orgeuil et Préjugés. Elle subit de plein fouet les travers du XVIIIème siècle anglais. Sans la volonté d'un père de marier à tout prix sa fille dans la hauteur de sa naissance sans tenir compte de son coeur, l'intrigue est plate et le dénouement incompréhensible. Le dénouement d'ailleurs n'est – à mon avis- pas aussi jouissif et percutant que ceux de ces autres oeuvres.

En terme de style, c'est du Jane Austen un peu fatigué. Les descriptions des maisons, des vêtements et du visage des gens sont faites, mais à peine. D'ailleurs, le roman est court, car peu étoffé de ses descriptions qui font le style de Jane Austen.

La tonalité est plus grave que dans les autres romans. L'héroïne est plus vieille, plus sage, plus silencieuse. Elle a un caractère plus enclin à la solitude.

Les lieux ne sont non plus pas les mêmes. Là où la station balnéaire Bath n'est souvent évoqué que par passages, pas allusions, l'intrigue majeure de Persuasion se passe à Bath. Les descriptions sont là plus fournies d'ailleurs -(il semble que Jane Austen vouait une passion à Bath)- et l'on retrouve une ambiance à la fois plus légère dans le déroulement du temps qui passe et une intrigue plus complexe, avec des personnages qui se croisent et se recroisent et dont les vies s'entremêlent.

Pas aussi bon que les autres Austen mais sans aucun doute à lire.
Magrat
8
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le 14 juin 2010

Critique lue 385 fois

Magrat

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