Par le bon renommé Villon, sec et noir comme un écouvillon

Je vais surtout parler de manière très générale, sans rien citer à l'appui ni parler du découpage de l'oeuvre, avoir en tête la vie de l'auteur aide à comprendre cette critique


Une œuvre prodigieuse qui incarne toute une époque et une culture ainsi que son auteur. Les écrits de Villon sont à la croisée de la satire, l'autobiographie et la poésie comme le fut sa vie à différent confluents, ils en sont le reflet. Le style de Villon marque par un souffle et une spontanéité qui dépasse la barrière de la langue médiévale, je ne suis pas spécialiste de la littérature, mais il m'est apparu que la maîtrise technique est juste incroyablement fluide en terme de rimes, de rythme, de mots qui paraissent s'assembler naturellement comme si c'était le meilleur choix possible, tout en variant les registres de langue.


En effet au niveau de la forme, Villon est peut être le seul qui a réussi à alterner les écarts avec le grotesque, vulgaire et la complainte profonde carrément pathétique (au sens du pathos), sans que cela ne le desserve, car c'est ce qui en fait sa force. C'est peut être le seul auteur qui s'est permit cela et a tenu son pari, tant les phrases peuvent être cinglantes, pernicieuses et sûrement très humoristiques pour l'époque et ses compagnons (les Coquillards), seuls détenteurs de la compréhension d'un certain jargon propre à eux mêmes.
Tandis que d'un autre côté, l'on retrouve une certaine introspection et un lien de souffrance avec la mort, l'amour et Dieu. Alors certes, cela peut paraître moins expressif et transcendant que la poésie à la quelle nous sommes habitués et donc moins nous toucher, pourtant, à y relire, ses vers là font effet à travers le prisme de la pauvreté et de la misère. On s’apitoie.
Qui plus est, c'est tout un pan du Moyen-Age qui est inscrit avec une foule de détails historiques, sa galerie de personnages toujours plus riche. Ma présente édition étant moins annotée que celle intitulée "Poésies complètes", je conseille plutôt cette dernière ( 251 p vs 348 p).


Comment se fait-il que l'auteur ait crée une œuvre si étrange et unique ? Sa vie. François Villon a connu le cordon du clerc, l'épée du bandit et les dés de la taverne. Il a eu une vie riche en péripéties, a beaucoup vécu. C'est ainsi qu'il fait coexister toute cette réalité, l’œuvre lorgnant parfois du côté du bizarre, interpellant par l'incompréhension suscitée chez le lecteur.


En conclusion, mon humble avis, en quelques points essentiels à mes yeux, est qu'il est magistral:
1) D'user d'un style touchant avec grâce les deux extrêmes (du jargon des Coquillards à la citation des Psaumes) d'un langage
2) Pour parallèlement raconter sa vie et imaginer afin de régler ses comptes (de l'autobiographie à l'attaque envers des personnages par legs grotesques fictifs)
3) Confondre complètement son lecteur par un décor culturel fort tout en déployant sa propre transparence et sincérité afin de l'apitoyer, de telle sorte qu'il relaye de manière réciproque entre l’époque, la société (plus grand) et sa personne (plus petit)
4) Se permettre des écarts en terme de style et de tons dans une haute-technicité pour tout simplement faire abonder la multiplicité des sens


C'est ainsi que je conçois la particularité de l’œuvre de Villon, ces plusieurs dyades littéraires entremêlées dans une dialectique qui fait et prend sens dans chacune d'elle, et cela avec la puissance de la langue et du personnage.

NlHAD
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le 3 août 2016

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