Les kiri écrasés

"Je me sens sale. Sale comme un jour de novembre triste, où il a plu toute la journée et l'air qu'il y a dehors sent les feuilles mortes qui macèrent dans les flaques. Je me sens comme un jour entier resté en pyjamas sans avoir pris de douche, sans être vraiment sorti de ma chambre, sans être vraiment sorti du lit.
Je me sens comme un jour de pluie, où je rentre du lycée alors qu'il fait presque nuit, et que je vients de me prendre un râteau monumental.
Pas le genre de râteaux qui t'humilie devant toute ton école, le genre qui fait danser cette phrase en boucle dans ta tête. "Je suis stupide"
Je me suis cloitrée dans la lecture de ce livre qui m'a pris 2h. Ou peut être moins. Le désavantage du dématérialisé, c'est qu'on a pas le poids du livre, on ne voit pas la fin arriver, et je me suis laissée surprendre par la fin si rapide.
Je crois que j'aurais voulu que ce soit "vrai".
Autant que la fiction peut l'être. Je m'attendais à quelque chose de peut être plus macabre et moins réaliste.
Il aurait pu finir par se pendre, vraiment, en voyant la banale détresse qu'il avait laissé. Le vrai suicide en solitaire après avoir regardé le soufflé de son égo trip retomber.
Il aurait pu mourir sans obsèques, sans que personne ne prenne le soin de faire pourrir son corps dans de bonnes conditions. J'aurais voulu qu'il se torde de douleur devant l'impasse de la situation, et que disparaître dans la souffrance soit sa seule porte de sortie, la seule façon qu'il aurait de se faire pardonner.
Et je trouve la vraie fin encore plus triste et froide. Si démuni face à sa propre situation que seule la tentative de vision clinique des choses pourrait aider à exorciser la peine.
Je n'ai jamais perdu quelqu'un, en tout cas pas de façon aussi arbitraire qu'un décès.
J'ai faillit pleuré au passage sur le journal de Sophie et je ne saurait pas dire pourquoi. Surement par ce qu'il a l'air d'avoir vraiment été arraché d'une page de journal intime.

Pourquoi tout est si noir William? Pourquoi personne n'arrive à être consolé?
J'ai un peu mal au fond de la gorge en pensant à toutes ces fois où j'aurais voulu une épaule pour pleurer, et en même temps j'ai envie de sortir et de serrer dans mes bras n'importe qui, puisque de toute évidence on se retrouve tous un jour à regarder le plafond, les yeux remplis de larmes sans avoir personne à qui parler."

Notes prise post lecture, il y a maintenant 2ans