Pour un soir, Pour la vie : ce que veulent les femmes

Comme souvent depuis quelque temps, je suis tombé sur Pour un soir seulement : Journal (sexuel) d’une ex-petite moche au détour d’une promotion Kindle. Ne sachant trop si c’est le titre un peu racoleur qui m’a attiré, le prix dérisoire, ou un peu des deux, j’ai débuté le livre avec une certaine appréhension anticipant un récit graveleux, un mummy-porn ou au contraire un roman à l’eau de rose. MouiMouaisbof… mais c’était les vacances, et il n’y a jamais de mauvaise lecture bien calé au fond de la chaise longue, d’autant plus que les quelques rares critiques parcourues sur des blogs semblaient très encourageantes.


Force est de reconnaître que le roman de Thomas Raphaël (que je n’avais jamais lu auparavant) est une vraie bonne surprise. Si je trouve le terme un peu galvaudé pour les films, il s’agit bien ici d’un vrai livre feel-good qui fait sourire à chaque page et qui se dévore du début à la fin. L’histoire débute lorsque Julie Arricau 31 ans (la « petite moche », quand elle était ado) trébuche dans sa salle de bain et finit à l’hôpital pour passer scanner. Si sa blessure est bénigne, l’examen révèle un anévrisme qui menace de rompre. Son médecin (le docteur Luc Elorduizapatarietxe) est formel : sans opération, Julie sera morte dans un délai de 30 mois. Mais Julie a aussi une chance sur six de rester sur le billard si elle se fait opérer. Le bon docteur lui donne ainsi un cahier pour écrire tout ce qui lui passe par la tête et l’aider à prendre la bonne décision… C’est le début du Journal de Julie.


C’est un peu le déclic pour elle : elle n’a plus le temps et elle va désormais profiter de sa courte vie. Sur son profil Meetic, l’activité était proche de l’encéphalogramme plat. Comme le résume sa cousine Corail dite « Miss Moule » (la « petite grosse », quand elle était ado), son profil disait à travers les lignes « Obèse et dépressive, pas de vie, aimez-moi ». Julie tente alors un coup de folie et modifie son annonce et son accroche devient : « Julie, 31 ans. Cherche homme bien pour un soir seulement ». L’effet est immédiat : Julie reçoit 154 messages en moins de deux heures, soit comme elle le résume « plus de messages en deux heures qu’en cinq ans ». Comme elle l’assène également ironiquement « Ce n’est pas à l’honneur de l’espèce humaine. Mais ça explique sa longévité ».


C’est le début d’une quête initiatique et d’une introspection : Comment répondre au désir des autres quand on n’arrive pas à assumer le sien ? En résulte des situations toutes plus drôles les unes que les autres (et contrairement à ce que laisse penser le titre un peu racoleur du roman, point de mummy-porn ici, le ton est au contraire toujours léger et drôle. On suit donc la vie de Julie au jour le jour au travers de son journal quotidien avec une galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres (sa cousine Corail, sa mère et son nouveau mari José Gobineau, clerc de notaire de son état, leurs trois fils qu’elle surnomme Kiki, Caca et Cucu, sa tante Grace, son père Gilles, désormais en couple avec Vincent, Romain et Jérémy, respectivement médecin et joueur au RC Miganosse Océan, Audrey, la petite peste bimbo du lycée qui a raté sa vie, ou encore Valérie, la vendeuse du Vétimarché du coin). On ne s’ennuie jamais et on rit beaucoup à suivre les mésaventures de Julie qui réussit à nous arracher un sourire à chaque page.


Mais si le roman se dévore page après page, c’est aussi qu’en arrière-plan de cette intrigue drôle et légère, Thomas Raphaël a réussi à créer une véritable tension dramatique autour du sort de Julie. Va-t-elle choisir de se faire opérer ? Va-t-elle être victime d’une rupture d’anévrisme ? Va-t-elle survivre ? Autant vous le dire tout de suite, et sans pour autant révéler le final, la fin du roman est étouffante et le suspense est total. Quelle qu’en soit l’issue, les dernières pages du journal de Julie ne manqueront pas en effet de vous nouer la gorge et de vous arracher une petite larmichette…


Pour un soir seulement… est ainsi une véritable bonne surprise et un gros coup de cœur. Drôle, léger et prenant de la première à la dernière page, le roman de Thomas Raphaël transmet une bonne humeur communicative et vous donnera sûrement envie de découvrir ses autres romans. Je ne m’y attendais pas du tout : à lire absolument !

marchiavel
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le 20 août 2016

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marchiavel

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