Laurent Cohen est professeur de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière- Paris IV. Il a rédigé ce livre au titre intriguant dans l’idée de relater une quarantaine d’histoires sur le cerveau, son fonctionnement et son…dysfonctionnement. Sous formes de questions/réponses, sont abordées des problématiques aussi diverses que le syndrome de « l’autiste savant », les troubles de l’identité, l’amnésie, le rire chez les rats ou la mémoire des éléphants ! Autant de moyens pour faire partager au plus grand nombre ses connaissances neurologiques.

Au-delà de l’aspect ludique des anecdotes, la première partie du livre aborde des notions plus anatomiques et permet de mieux cerner l’incroyable complexité du fonctionnement cérébral. Les nouvelles technologies, comme l’IRM, donnent accès à l’observation directe de l’activité des diverses zones du cerveau en fonction de la variété des stimuli possibles. Par exemple, on a pu constater chez des personnes souffrant d’amnésie de l’identité une activité cérébrale dans le cortex préfrontal, qui est la zone permettant également l’autocensure. Cela tendrait à nous faire penser que ces personnes tentent d’oublier un souvenir traumatique qui entraînerait un excès d’activité du cortex préfrontal.

Le cerveau se résumerait-il à une affaire de « zones » actives ou inactives, et d’une bonne synchronisation de toutes ses composantes ? C’est ce que pourrait nous inciter à croire la célèbre sensation de « déjà-vu », qui résulterait de la perte de la simultanéité de la perception entre les différents moyens d’appréhension d’un événement que nous avons : mémoire, sens, souvenirs, etc…Car le cerveau permet cette synchronisation de tous ces moyens en une seule et même appréhension. Par exemple, l’hippocampe permet de stocker les souvenirs, l’amygdale y associe une émotion. Certaines émotions trouvent d’ailleurs leur régulation dans le cerveau, comme le stress, qui doit être contrôlé par des hormones et leurs récepteurs. Mais on a observé chez certains enfants maltraités des carences ou des dysfonctionnements au niveau de ces récepteurs, et au contraire une trop grande importance de l’amygdale qui gère l’association des émotions à des souvenirs. On parlera d’épigénétique pour expliquer l’influence que peut avoir l’environnement sur les gènes. Cette constatation ouvre la voie à des traitements chimiques qui viseraient à corriger ces « anomalies ».

Nous lirons dans cet ouvrage d’autres points intéressants sur le développement du cerveau et l’influence de l’environnement, nous retiendrons qu’il n’existe aucun bénéfice de l’usage de la télévision chez les enfants de moins de 3 ans !

Et si le titre du livre vous intrigue, sachez que les filles ne sont ni meilleures ni moins bonnes que les garçons en mathématiques, il n’existe qu’une différence avérée d’accès à la culture.

Quant au surprenant syndrome du savant qui touche 10% des autistes, il se comprend notamment par le manque de centres d’intérêts des personnes atteintes de ce syndrome et par la compensation avec une mono-obsession qui est poussée à son extrême.

Plus distrayant, nous retiendrons que le rat et le singe sont les seuls animaux à partager avec l’homme la capacité de rire.

Ce livre est ludique, mais pas seulement. S’il apporte de vraies notions scientifiques, et traite ses sujets avec sérieux, on regrettera néanmoins l’aspect parfois trop simpliste ou humoristique (que certains préfèreront peut-être ?) de thématiques passionnantes. Le parti-pris des questions/réponses est un jeu un peu lassant à la longue, ainsi que répétitif. C’est un ouvrage dont on pourra retenir les sujets que l’on préfère, à feuilleter pendant l’été.
madamedub
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le 17 juil. 2013

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