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Pierre serait l'auteur de cette épître, qu'il aurait fait mettre en forme par un certain Silas. Le texte est brûlant de l'espérance en Jésus-Christ, et cherche à soutenir les chrétiens d'Asie Mineure dans les tribulations qu'ils endurent, en particulier les calomnies.

Le chrétien doit être doux, compatissant, patient, et fuir la convoitise et la débauche. Il ne doit pas se laisser séduire par les gloires et les richesses de ce monde, dont tous les prestiges sont provisoires et illusoires, et souvent sont l'occasion de tentations diaboliques. Une des plus belles formules du Nouveau Testament résume ce refus du provisoire : « Toute chair est comme de l'herbe et toute sa gloire comme une fleur d'herbe ». On note ici l'accent qui est placé sur la dissociation entre deux temporalités : la linéarité perverse et sans issue de la vie terrestre, et l'éternité immuable du séjour céleste. De là viendront les tentatives médiévales et mystiques de se soustraire au temps linéaire, et de convoquer des éclairs d'éternité dans le séjour charnel.

Afin de résoudre un problème de temporalité propre au christianisme (Les morts antérieurs à la révélation christique ne seront-ils donc jamais sauvés ?), Pierre nous apporte une réponse, à vrai dire un peu surprenante : Les morts aussi ont été évangélisés (donc, ils ont eu leur chance de suivre Jésus). Comment se déroulent les leçons de catéchisme dans l'au-delà ? Mystère .

Est-ce un écho du célèbre jeu de mots de Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ? ». Toujours est-il que cette épître « de Pierre » nous parle avec insistance de la « pierre » : les chrétiens sont des « pierres vivantes » que le grand Maçon agencera en un corps parfait. On ne doute pas que, d'un tel point de départ, les Francs-Maçons chrétiens et les alchimistes n'aient tiré de nombreuses ressources pour leurs spéculations. On sait l'usage que fit Jung de la formule « La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue pierre d'angle, pierre d'achoppement, rocher d'embûche » dans ses écrits sur l'alchimie. On n'exclut pas que la « maison spirituelle » qui doit être ainsi bâtie soit la Jérusalem céleste elle-même, qui, de la sorte, ne serait pas un séjour parfait pour accueillir les élus, mais l'union, l' « unanimité » des corps spirituels des élus eux-mêmes.

On se rend compte que l'obéissance conservatrice souvent conseillée dans les épîtres (femmes soumises à leurs maris, jeunes soumis aux anciens, tous soumis aux pouvoirs politiques terrestres) a certes pour onction de refléter la douceur et l'humilité de rigueur, même en présence d'injustices, mais également de désamorcer les calomnies dont les chrétiens était victimes.

Jusqu'où la gentillesse humble et quelque peu masochiste, voire suicidaire, du chrétien, peut-elle être développée ? Est-ce conforme au projet de Dieu que de laisser exterminer les chrétiens par les terroristes et persécuteurs de tout poil ? On aurait plutôt pensé que Dieu ne serait pas mécontent que tout le monde se convertisse au christianisme. Consentir à l'éradication des chrétiens de la surface de cette planète sous prétexte qu'il ne faut pas rendre le mal pour le mal sert-il vraiment les desseins de Dieu ? On trouvera toujours maint théologien pour répondre en un sens ou en un autre...

Le souci de réécrire le sens du temps linéaire pour en faire ressortir la trame de projet divin conduit à établir des passerelles symboliques entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Ainsi, l'eau qui a sauvé Noé aurait son répondant dans l'eau du baptême. On est là dans l'analogie facile et approximative. Dieu a peut-être sauvé Noé, mais sûrement pas l'eau qui a failli l'engloutir comme tout le monde ! Flou conceptuel qui n'empêchera pas des générations de théologiens d'élaborer des quantités de rapprochements de genre, cherchant (réussissant ?) à donner une unité symbolique aux récits bibliques de toute époque.

En tout cas, si « les débauches, les convoitises, les enivrements, les orgies, les beuveries, l'idolâtrie » éloignent de Dieu et promettent l'Enfer, notre XXIe siècle est bien parti pour glisser tout entier dans les chaudrons de Belzébuth. Triste constat, après deux mille ans de christianisme. Mais comme « la fin de tout est proche » (on nous dit ça trente fois par siècle), peut-être est-ce le moment de tirer le rideau sur la scène finale. Bon, rendez-vous en Enfer. Je serai dans la chaudière 8367, quatrième four à droite en entrant.
khorsabad
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le 11 févr. 2012

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