Une folle chorale baroque et foisonnante nous plonge dans l'enfer sur terre. Les nombreux personnages sont tous secondaires parce qu'il n'est pas question dans ce monde urbain mexicain d'être principal en quoi que ce soit.
Protégé par un scaphandre en plastique, Jorge Osuna plonge son visage dans les eaux laiteuses de la colle. Les mains qui tiennent la poche de glu médicinale mollissent, vaincues par une tiède lassitude, comme si des brins de laine se répandaient dans les veines.
Dans cette satire sociale à la fois sombre, bariolée et pleine d'un humour plus corrosif que des vapeurs de colle, Enrique Serna nous dit l'absence d'avenir d'une société à la dérive, quelle que soit la classe sociale, individualiste, intellectuellement indigente, rapace et lâche, où règne l'indécence, le mépris social et surtout l'absence de perspective pour d'innombrables marginaux : lire Enrique Serna amuse et terrifie.
Elle sentit d'abord comme un coup d'épingle au coeur, une injection de rancoeur envers son mari qui se propagea ensuite au sexe masculin et finit en haine du sexe dans sa totalité, de ces glandes traîtresses, du malheur de ne pas être née habillée, de ne pas être asexuée et plate, comme les poupées avec lesquelles elle jouait enfant, mais d'être un morceau de charogne percée d'orifices poilus, puants, carnivores. Elle devint une championne de la mortification charnelle.
Ecrite sur le ton d'un Balzac mexicain, cette comédie humaine dresse le portrait d'un monde malade de ses excès, bourré de contradictions et d'hypocrisie, sans jamais se départir d'un sens aigu de l'autodérision.
Même si ses personnages sont d'une âpreté parfois insoutenable et confrontés à des situations d'une grande cruauté, Enrique Serna choisit toujours le côté humain de ses protagonistes.
Son écriture énergique est particulièrement travaillée, dense et intense, et rappelle que, dans un Mexique ravagé par l'analphabétisme et la corruption à tous les étages, la littérature est d'abord et avant tout un plaisir, puis ensuite une manière d'aiguiser son intelligence.
tandis que moi quatre nuits