Entre réalisme et défaitisme, la gauche

J'avais acheté ce livre parce que ... Serge Halimi. C'est un peu simpliste mais Le monde diplomatique fait partie des rares journaux qui méritent qu'on y prête attention. Les sujets sont couverts sérieusement et on y retrouve des articles approfondis. Que l'on soit d'accord ou non avec est une autre question. A mon sens ça a moins d'importance que le fait qu'il y a une volonté de recherche et de culture.

Bref, j'ai attaqué ce livre sans arrière pensée. J'ai une méconnaissance assez importante de l'histoire de la gauche. Globalement ma culture politique commence avec Chirac ( deuxième septennat ) et si je peux citer des noms et quelques actes avant cela, ça reste flou et peu ancré dans la réalité. Ce qui me reste d'avant cette période est plus scolaire d'ailleurs. C'est amusant parce que ça démontre aussi que le côté scolaire est faux ( et ça je l'ai appris pendant cette lecture ). Beaucoup de victoires que je me rappelais arrachées par la gauche ou les syndicats ne l'ont été en réalité que par d'autres groupes. Je suppose que je ne suis pas le premier à découvrir des réécritures pareilles à l'orées de l'histoire.

Le livre reprend donc les arrivées au pouvoir de la gauche durant le XX eme siècle. Du cartel des gauches à Mitterand en passant par la période d'après guerre.
J'ai appris énormément de choses sur la politique de la première moitié du XXeme siècle. Un pareil ouvrage est toujours orienté aussi il faudrait le confronter à d'autres ouvrages pour avoir un point de vue plus en hauteur mais il y a tout de même une volonté de rester un minimum neutre donc c'est déjà pas mal.
J'ai surtout découvert que la "naïveté" de la gauche à cette période est probablement le point qui revient le plus quel que soit le mandat gagné. A chaque fois elle découvre le bilan de ses prédécesseurs et à chaque fois elle navigue en dépit de ( Hollande fera pareil une fois élu ).

La surprise intervient lorsque la gauche arrive au pouvoir à l'après guerre. Là c'est tout de suite moins drôle. La semaine de 40 heures et les congés payés n'ont pas été gagné par la gauche ou les syndicats mais par les grèves spontanées. Les syndicats ramènent les travailleurs au travail. La France tire son épingle du jeu grâce à la présence communiste qui fait peur aux USA. Au final certains tirent leur épingle du jeu et De Gaulle apparait comme un fin stratège ( on comprend mieux la volonté de la droite de s'y affilier même si rien n'est moins faux ). Les situations ne sont jamais simples et à l'après guerre le pays est en ruine mais à force de zigzaguer les différents gouvernements parviennent à élever le pays.

Malheureusement cela est dénoté par la suite. D'échec en échec le pays va s'enfermer dans le déclassement. Que ce soit les politiques économiques de Giscard ( qui sont évoquées plusieurs fois ), les choix en politique économique sous Mitterand et son rattachement au SME ( qui nous ont conduit au rattachement à l'UE par plusieurs étapes et notre inaptitude à envisager que l'on serait sous tutelle au final ). Tout mène à une déchéance à long terme. La France se déclasse d'elle même au fur et à mesure des politiques qui montrent leur méconnaissance du tissu économique national mais surtout du comportement politique des autres pays. De manière ironique cette critique peut toujours être effectuée aujourd'hui. La politique repose sur l'expertise de bien des domaines et les techniciens ne sont plus trop présents dans le paysages politiques étant remplacés par des communicants à la culture limitée ( et aux choix souvent douteux mais passons ).

Au final, cette lecture m'aura été profitable sur bien des aspects et mérite que l'on se penche sur plusieurs sujets. A réserver à des personnes ayant un minimum de culture politique et un niveau suffisant pour lire un livre qui est souvent assez complexe.