Chaque année, un petit passage chez tantine Fred Vargas est obligatoire, une routine bien plaisante à laquelle il ne me viendrait pas à l'idée de déroger et qui permet de retrouver une famille de personnages ainsi qu’une langue française assez simple, moderne mais non dénuée d’un certain amour du classicisme que Vargas sait malmener avec toujours une vraie élégance d'auteur.


Comme d'habitude, elle nous sert une histoire alambiquée qui met en scène le périple intérieur du commissaire Adamsberg aux prises cette fois avec ses petites bulles gazeuses, ses proto-idées qui lui emmêlent le raisonnement, mais finissent toujours par faire sens, le jeu consistant pour le lecteur à essayer d’y parvenir avant tout le monde. Cette fois-ci, l'exercice n'est pas bien difficile du reste. Disons que c’ encore plus facile. Mais l'essentiel n’est pas là dans le whodunit mais bel et bien dans l'errance poétique du commissaire.


Pourtant, cette année, le roman laisse tout de même quelques cailloux dans la chaussure du lecteur. En effet, l'histoire est particulièrement glauque et la lecture s’en trouve par moments pesante. Les criminels sont gratinés et nombreux, trop nombreux, trop dégueulasses aussi. Cette enquête a des airs d’Outreau, de perversion massive, pour le moins dérangeante.


De même, la crise du commandant Danglard apparaît un poil exagérée, bâtie sur des circonstances capillo-tractées. Je n’y goûte qu’avec réticence.


Je ne sais au juste si c’est un bémol, mais je suis dans le doute. Fred Vargas a ajouté deux ou trois histoires annexes (comme celle de Danglard ou celle de Froissy) allongeant de fait le roman. Et je me demande si c'est pertinent, nécessaire.


Au final, cette recluse m'aura un peu déçu, mais je reste aspiré par ce roman que je lis en quelques heures malgré ces presque 500 pages. Pour la langue de Vargas, riche et moderne, pour ses personnages même s'ils sont un peu moins bien mis en valeur (sauf Adamsberg toujours aussi haut perché, au sommet de son art divagatoire).

Alligator
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le 19 juin 2017

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