Si Philippe Delerm est connu à travers son œuvre pour sa contemplation des bonheurs quotidiens, c'est avec Quelque chose en lui de Bartleby que j'ai découvert son univers. Un moment simple, une scène banale, si on y prête attention, se transforme en petit bonheur pour Arnold Spitzweg, agent de la Poste rue des Saints-Pères.

Un peu comme le Bartleby de Melville, M. Spitzweg aimerait bien dire parfois qu'il ne "préfèrerait pas". A contre-courant de la société actuelle, de son quartier bobo de Saint Germain des prés, Arnold Spitzweg aime la bulle de solitude que confère une grande ville comme Paris.

Il aime lire le journal acheté au kiosque le matin en buvant son café en terrasse. Il aime regarder le coucher de soleil en été en buvant du vin rouge dans un gobelet en plastique. Et un jour, il décide d'ouvrir son blog. Il y décrit ses instants quotidiens, fait l'éloge de la contemplation, plutôt que l'action. Cette vie numérique va commencer à prendre une place inattendue dans la vie d'Arnold...

Paris est décrit avec le rythme tranquille d'Arnold, le temps semble s'étirer alors qu'il observe ces moments du quotidien, à la fois précieux et ordinaires. C'est une vision des choses rares en Occident. Comment un instant peut-il être précieux, extraordinaire au point de prendre le temps de le contempler tout en étant ordinaire et banal?

Cette contemplation de l'éphémère est très présente dans la culture japonaise. C'est l'essence même des Haiku (poèmes courts japonais). Décrire en 17 syllabes un instant, ordinaire mais précieux parce qu'éphémère.

C'est cet éloge du présent que l'on retrouve dans Quelque chose en lui de Bartleby. Une critique subtile de la société actuelle où tout va toujours plus vite, où il faut faire toujours mieux, avoir la tête dans le guidon. On en perd la magie du présent.

J'ai eu un coup de coeur pour ce livre car il propose une alternative à notre vision habituelle du monde. De façon simple, à la fois légère et sérieuse, Philippe Delerm invite à la rêverie, à flâner dans les rues, à contempler l'ordinaire et à se rappeler que même quand on ne fait rien, le temps n'est jamais perdu.

Bien sûr, les bonheurs quotidiens d'Arnold Spitzweg ne sont pas forcément les mêmes que les miens, ou les vôtres. Mais l'idée même de prendre le temps de vivre, l'idée de ne pas toujours être dans l'action, de profiter des instants de bonheur qu'offrent le quotidien, laisse à méditer pour tout un chacun...
Kalygolo
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le 23 févr. 2015

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