Consider Phlebas est le premier volume de la série "Culture" d'Iain Banks, une série connue pour son univers utopique et riche. Découvert dans le cadre de la création de mon utopie, le livre présente un futur lointain dans lequel les humains se sont installés aux quatre coins de la galaxie, réunis dans la société pacifique appelée Culture. Après un contact malheureux avec une espèce extra-terrestre appelée Idirans, la Culture se retrouve, pour la première fois depuis des millénaires, en guerre...


(note: j'ai lu le livre en Anglais, Consider Phlebas, du coup certains termes ou noms risquent de ne pas correspondre à la version FR)


Version courte: Premier tome du cycle de la Culture, ce livre propose un univers utopique intéressant, vu par un héros qui n'approuve pas, apporte une bonne dose d'action, et pose quelques questions intéressantes en arrière-plan (comment peut-on ne pas approuver une utopie?). Un univers qui promet d'être solide dans le genre space opéra.



L'univers



Iain Banks propose là un vaste univers à la sauce space opéra. Situé dans un futur lointain, il s'est permis d'imaginer l'évolution à très long terme d'une humanité libérée des limites de la planète Terre: la Culture, société humaine utopique, s'est étendue à la galaxie. Gérée par des machines super-intelligentes appelées Minds (dans la version Anglaise), cette société bénéficie de toutes les ressources nécessaires dans la galaxie, et les humains n'ont pas besoin de travailler pour la faire fonctionner.


Banks nous fait également entrevoir de nombreuses évolutions scientifiques et technologiques: au-delà de l'existence de différents niveaux d'intelligence artificielle et de robots, les manipulations génétiques sont monnaie courante depuis des millénaires, ayant engendré sous-espèces et nouvelles fonctionnalités du corps, comme par exemple la capacité de couper sa propre douleur, contrôler sa fertilité ou encore changer de sexe.


L'un des éléments qui m'a le plus marquée dans l'univers de Banks, c'est la dimension, l'échelle des environnements dans lesquels il nous emmène. Lorsque l'on y réfléchit bien, c'est logique puisque nous voyageons à travers la galaxie. Il présente des vaisseaux spatiaux et autres bateaux de taille inimaginable (plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres de longueur), des sortes de planètes artificielles ou Orbitals, immenses disques recouverts de plaines, montagnes et mers comme une planète, mais à une échelle telle que l'horizon ne se courbe pas. Tout semble gigantesque, impressionnant, extraordinaire.



L'histoire et les personnages



Dans cette immense guerre galactique, l'auteur a décidé de se focaliser sur une histoire personnelle comme une autre. Pas de sauveur d'univers ici. Le personnage principal, Horza, est un humain de la sous-espèce des Changers, qui désapprouve les méthodes de cette civilisation humaine. Il offre donc ses services à une espèce Alien appelé Idirans, mastodontes de la planète Idir en guerre ouverte contre la Culture. Alors que les Idirans ont vent de la fuite de l'une des machines super-intelligentes de la Culture, une Mind, ils chargent Horza de se rendre sur la planète où elle s'est réfugiée et de la capturer.


Mais rien n'est jamais aussi simple: après une bataille spatiale, Horza se retrouve à la merci d'une bande de mercenaires, et un agent de la Culture, une femme appelée Balveda, a bien l'intention de l'empêcher de capturer cette précieuse intelligence artificielle...


Les personnages sont bien travaillés et subtilement amenés au lecteur à mesure que Horza les rencontre. Même s'il n'existe que peu de personnages principaux, chacun semble montrer un aspect de cet univers, un petit bout de vie dans cette immense galaxie. Je dois confesser en revanche que je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages au fil de l'histoire, comme s'ils restaient des protagonistes plutôt que des personnes que je rencontre en tant que lectrice et dont le sort me touche.


L'histoire du livre et globalement très bien menée. Si vous pensiez qu'un univers utopique est incapable de générer des aventures intéressantes, Banks prouve le contraire. De plans en contre-temps, de rencontres en désastres, Horza nous emmène dans un aventure haletante, tout en nous présentant cet immense univers de la Culture qu'il met en place pour ses volumes à venir. Pour qui aime la science-fiction, particulièrement le space opéra, Consider Phlebas vous promet de longues heures d'évasion.



Un mot sur l'utopie



Un mot sur la Culture: Consider Phlebas est le premier volume de la série consacrée à la Culture, cette utopie gérée par des machines où chaque citoyen bénéficie gratuitement de toutes les avancées technologiques et scientifiques, toutes les ressources nécessaires et davantage encore, sans avoir besoin de travailler, puisque le fonctionnement des infrastructures de la société est gérée par des machines.


C'est une utopie telle que la plupart d'entre nous se l'imagine, en quelque sorte: à la pointe de la technologie, libre du manque de ressources, de la maladie, en paix, sans besoin de travailler pour survivre ou s'insérer dans la société. Que demande le peuple? Il a déjà du rhum, des femmes et de la bière.


Pourtant, deux choses sont intéressantes: Consider Phlebas se passe pendant une guerre. Pourquoi cette Culture si tolérante, élevée et pacifique entrerait-elle dans le jeu de la guerre? L'auteur soumet l'idée qu'il manquerait peut-être une chose à cette utopie: elle ne remplit pas le besoin fondamental de l'être humain à se sentir utile, à donner un sens à sa vie.


L'autre point intéressant est que le personnage principal est un humain qui travaille pour l'ennemi. Banks présente donc son utopie non pas à travers les yeux de tous ceux qui en bénéficient, mais avec la perspective d'un humain tellement critique vis-à-vis de cette société qu'il décide de la combattre. Ses vues remettent entre autres en question le fait d'être géré par des machines infiniment plus intelligentes que l'homme, et la "normalisation" des planètes intégrées à la Culture, comme si cette civilisation utopique se sentait supérieure, et voulait imposer ses valeurs et son éthique au reste de la galaxie. Des points intéressants à soulever dans le cadre d'un imaginaire utopique.



Conclusion



Avec Consider Phlebas, Iain Banks délivre une bonne science-fiction à l'univers solide et prometteur, une utopie qui plus est - fait rare dans les imaginaires du genre. Il développe un environnement intéressant qui donne envie d'en lire plus sur le monde de la Culture, et mène une histoire pleine d'action et de rebondissements, tout en dévoilant certains aspects de son univers au lecteur. Les personnages sont travaillés et intéressants - mon préféré étant le robot Unaha-Closp - mais qui auraient mérité d'être davantage étoffés pour être attachants.


En somme, Consider Phlebas offre une bonne dose d'évasion pour l'amateur de science-fiction, et pose et les bases d'un univers à suivre de près...


Critique publiée sur la Nife en l'Air.

Kalygolo
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le 12 août 2015

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