Les voyages valent-ils sans les récits ?

Maupassant, déjà malade semble-t-il, se livre en chroniqueur de trois voyages d'agrément, la plupart parcourus avec sa goélette le "Bel-Ami" (oui, comme son propre livre). Nous voyageons avec lui un peu en Bretagne, beaucoup en Méditerranée (côte qui n'était pas encore d'Azur, Italie, Sicile et îles Eoliennes, Afrique du Nord surtout) : avec ses yeux, ses enthousiasmes, ses ronchonneries parfois, son talent toujours. Car, même si ces carnets sont écrits en style assez relâché, il nous livre parfois, je veux dire assez souvent, quelques pages de son pur style flamboyant et pourtant si juste.
Pour comprendre que Maupassant est un des plus purs et plus grands stylistes de la langue française, lisez ces récits et découvrez ces descriptions en majesté de telle colline en feu du côté d'Alger, ou de l'approche de Kairouan.
Découvrez aussi le grinçant personnage qui n'aimait pas la colonisation (qui pourtant battait son plein) mais respectait et appréciait les us et coutumes des humains qu'il visitait. Belle et moderne leçon d'histoire - même si elle est parfois dite avec les mots et les conceptions de la fin du XIXe siècle.
Quelques récits pour les journaux, diront les grincheux. Pour moi, un beau voyage en compagnie d'un écrivain prodigieux.