Ce livre m’a été conseillé par un homme. Coïncidence, je ne crois pas... ^^

Le constat de départ est intéressant et pas forcément idiot. Malgré la sensation dérangeante, dès le début du livre, que biologiquement, je ne sers à rien, vu que j’ai pas de gosses (soit, un peu vexant mais c’est le postulat alors ça passe) je trouvais ça assez intéressant. Il y a de l'humour, des références qui donnent envie d'aller plus loin, tout ça tout ça, j’ai seulement été gênée par la haine de l’auteur envers les gender studies (qui j’avoue pour une nord américaine peut sûrement mieux se comprendre que pour nous). Qui s'explique en fait durant la conclusion. Elle aurait peut-être dû le mettre en introduction (ben on suit pas tous les changements dans les programmes scolaires de bio non plus).

Vers le milieu du livre, j'ai quand même été très gênée par les points soulevés par Tripalium dans sa critique : le vous condescendant genre “mon expérience est universelle” m’a un peu gonflée et certains exemples en plus d’être caricaturaux ne servent à rien. Le côté “voici le témoignage de mes amis artistes” prouve aussi le milieu dans lequel baigne l’auteur. Et si ses amis artistes hommes disent des choses plutôt intelligentes (chapitre le nu côté hommes), c’est quand même pas non plus ton voisin a priori.

Au bout d’un moment j’étais partagée entre haine totale des femmes et haine seulement de moi-même (en plus de servir à rien, visiblement je suis aussi un laideron fini car je ne profite pas des hommes, et que je n’ai jamais été abusée, moi qui pensais avoir de la chance!) J’ai des doutes aussi sur l’homophobie de l’auteur, dans le sens où soi disant, en France, si on ne se fait pas aborder toutes les trois secondes c’est qu’on a un style de lesbienne finie (c’est à dire cheveux courts, vêtements masculins et pas de maquillage). Je, euh, HEIN?
Du côté des hommes c'est pas super valorisant non plus pour eux, entre les hommes tyrans (abusifs, violeurs, violents et j’en passe) et la grande majorité passive qu’on va pas trop embêter parce que déjà passer la journée sans ensemencer toutes les femmes dans la rue c’est aller contre nature...
En fait elle appuie le trait de façon un peu trop grossière et le côté bouhouhou destin tragique de filles mal-aimées par leurs pères qui finissent mal n'aide pas.

Passé tout ça, on part un peu plus dans le cœur du sujet qui est l’image de la beauté féminine (heureusement que l’auteur le rappelle d’ailleurs), vers 200 pages. Là, j’ai commencé à trouver ça plus intéressant. Les témoignages d’hommes sont biens plus profonds que les histoires de femmes-victimes qu’on a eu jusqu’à présent (en fait, c’est ça qui m’a le plus gênée dans le bouquin, les femmes sont toujours victimes ou presque, tout ses exemples de stars et starlettes...). Là on aborde un peu plus la différence entre une personne et un corps.
Ce qui m'a assez fascinée dans le bouquin, c’est que l’auteur parle de biologie, mais à aucun moment elle n’a demandé à un médecin (par exemple) de témoigner. C’est toujours des artistes et des gens qui “utilisent” le corps comme support/modèle pour exprimer quelque chose. Même si ce n’est pas lié au modèle, c’est lié à l’affect, il y a forcément, de la sensualité et parfois de la sexualité. (Vous allez me dire qu'on parle d'images et que ce sont des créateurs d'images. Je vous l'accorde.)
Du coup, c’est marrant comme elle utilise des arguments tout en bridant elle-même sa recherche pour que ça aille dans son sens.

Concernant la prostitution, il y a pas mal de bonnes idées, et un argumentaire assez provocant qui fais son petit effet. Je suis juste très étonnée de l’extrait de The Golden Notebook de Doris Lessing, sorti de son contexte (pardon, je ne l’ai pas lu) et que j’ai trouvé totalement déplacé, niant d’un trait l’onanisme féminin, comme ça, bam!
En fait, elle a aussi cette tendance à te proposer des extraits de texte mais sans vraiment les commenter, du coup, ça reste un flou je trouve.

Bref, je ne peux pas descendre le livre (même si il m'a énervée) parce qu'il y a quand même des pistes de réflexion à creuser. Je n'ai pas non plus trouvé ça hyper révolutionnaire, je n'ai pas totalement redécouvert une idée, changé d'opinion ou quoi que ce soit. La plupart des choses semblent soi aller de soi, soit faire sens.

Au final, je ne comprends pas bien à qui est destiné ce livre...
Herz
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le 14 déc. 2012

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Herz

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