J'ai titré cette critique "reflets dans un leurre" car même si je me retrouve dans une bonne part des idées développées par Nancy Huston, je suis également persuadée que sur certaines autres, en bonne freudienne, elle se trompe totalement.

Le postulat de ce livre, est très simple et, (il me parait impossible de le nier,) exact.

Les hommes regardent les femmes, les femmes sont regardées par les hommes. Les hommes désirent les femmes et feraient n'importe quoi (ou presque) pour les prendre; les femmes sont prises avec ou sans consentement.

Exagéré ? Carricatural ? Malheureusement, je dirais à peine.

Il suffit de prêter l'oreille à l'actuel débat sur la prostitution pour se rendre compte qu'outre la protection des prostituées (et j'ai la faiblesse de croire qu'à l'exception des associations de prostituées, tous les grands théoriciens s'en tamponnent le coquillard,) il tourne sur un point précis : le droit inaltérable de l'homme à se vider les couilles.

La question est évoquée, sans être résolue par Nancy Huston et la dame a quelque peu tendance à absoudre les hommes qui, génétiquement, ont du mal à maîtriser leurs pulsions.

Ai je tort de penser que la maîtrise des pulsions est ce qui différencie les humains des animaux et les être sains d'esprit des psychopathes ?

Mais revenons à ce qui me parait exact dans ce livre.

En vrac : la prostitution. Sa description à la fois clinique et pleine d'émotion, de l'enfer qu'a vécu Nelly Arcan est pour moi, ce qu'il y a de plus exact. Pour Nancy Huston (et pour moi, si ça intéresse quelqu'un,) la prostitution n'est et ne sera jamais un métier comme les autres. On ne vend pas son cul comme on vend ses bras ou son cerveau. Le cul, le sexe, c'est du ressort de l'intime, le chemin qui mène de la conception à la vie, (et vous noterez que moi qui suis la première à dire que tous les mots ont un sens, même les plus anodins, je fais volontairement la différence entre la conception et la vie;) et vendre son cul, son sexe, son corps en général, c'est vendre son intimité.
Comme il est souligné plus haut dans le livre, les religions séparent le corps et l'âme et en gros, considère le corps comme partie négligeable.
Et c'est là, à mon sens (et à celui de l'auteur), la grande erreur. Le corps ne peut être négligé, nous ne sommes pas des purs esprits. Ignorer son corps, c'est ignorer sa vie. Le chapitre sur l'anorexie est remarquable, à ce niveau là.

Il est également terrorisant de lire le chapitre sur les premières fois. D'un seul coup, nous réalisons de manière cruelle, que de nombreuses femmes ont eu leur premier rapport sexuel sous la contrainte.

Il est de bon ton de se gausser des statistiques. Pourtant, elles sont là, glaçantes. Et vérifiables dans la vie réelle. Une femme sur quatre a été victime d'une tentative de viol.

Irréaliste ? Oh que non ! Réel et cruel.

De tout cela, Nancy Huston tire une conclusion qui peut paraître un peu foutraque mais qui est malheureusement exacte.

Malgré toute les théories du genre du monde, les hommes et les femmes n'ont pas le même rapport à la sexualité.

L'homme sera toujours pénétrant et la femme toujours pénétrée. La femme portera toujours les enfants. On ne peut nier ces vérités.

Et il est tout de même assez rare qu'une femme souhaite dégrader et humilier un homme par la sexualité. Dans les jeux SM, de manière générale, l'homme prend son pied à soumettre la femme. Et les clubs échangistes ou libertins sont bien souvent le terrain de jeu des hommes. Les femmes les suivent à leur demande, s'y amusent parfois mais en ressortent avec un sentiment de gueule de bois...ce qui est rarement le cas des hommes.

La dégradation par voie sexuelle glisse sur les hommes, pas sur les femmes. Et j'ai trop souvent été témoin de ce fait pour le nier.

Ce sont les hommes qui bandent à l'idée de voir deux filles en pleine action. Si vous connaissez une
seule femme qui s'excite à l'idée de voir deux hommes baiser, faites le moi savoir. (je ne doute pas d'ailleurs que la seule que ça excite me le fera savoir..)

Mais c'est là que notre vision diverge.

A Nancy Huston et à moi. Pas à la seule femme que ça excite et à moi.

D'une part, je ne considère pas que les femmes occidentales soient plus soumises que les femmes orientales. A mes yeux, il y a quand même une sacrée différence entre être prisonnière du regard des hommes et du culte de la beauté et être prisonnière d'une prison de tissus dont on ne peut sortir qu'en perdant tout contact avec sa vie et en risquant la mort psychique.

Et surtout, à mes yeux, même si eux aussi sont victimes d'un message redondant qui veut qu'un homme possède le vocable 'gonzalesybaiseybandeàl'aise, rien ne l'empêche d'en sortir et de se dire une bonne fois que vaut mieux se passer de baiser que de payer une fille qui pense aux billets sur la table ou d'en forcer une autre à trois à la sortie d'une boite de nuit.

Ce sera ma conclusion dont je ne doute pas qu'elle me fera encore beaucoup d'amis.

C'est dingue, on n'y croit pas mais le sexe n'est pas le seul but d'une relation avec le sexe opposé. (Ou avec le sexe non opposé, d'ailleurs.)
ladymarlene
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le 3 déc. 2013

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