Il y a la mer, le van, puis l’hôpital. Une succession de lieux décrits avec une précision presque clinique, dont l’apparente froideur est rattrapée par le souci d’une beauté détaillée : celle des êtres et de leurs affects. Le cinquième roman de Maylis de Kerangal, réparer les vivants, dépeint les actions qui vont s’enchaîner durant vingt-quatre heures à la suite d’un accident de la route dont la victime Simon Limbres, et plus particulièrement son cœur, deviennent le centre d’une attention particulière. Les descriptions aux longueurs frénétiques rendent le style de l’auteure tortueux mais permettent de créer une rythmique dense, au sein de laquelle se nichent les tensions.


Dans cette histoire de transplantation cardiaque, les sauts temporels étirent le récit alors étriqué dans un espace réduit et pesant. Les différentes étapes de cette journée sont décortiquées telle une autopsie dévoilant le talent de l’écrivaine et permettant une respiration, malgré l’extrême électricité des situations, entre les moments empreints d’une émotion débordante, sans pour autant tomber dans le pathos. Le dialogue avalé dans les phrases rend l’écriture cinématographique et décuple les sensibilités mises en œuvre. Dans ce tissage humain, le cœur s’affiche comme le moteur d’une mécanique, mais surtout l’essence symbolique de ce qui anime les hommes : l’amour.


Un roman au sujet profond, magnifié par un style sans-pareil.

CCorubolo
8
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le 31 janv. 2014

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