Pense-t-on soi-même ne serait-ce que quelques instants à ce que nous pourrions faire de bien après notre disparition, comme cela, simplement sans aucun effort ? Le soldat qui part au combat pour défendre les siens en fait bien plus lui qui en excellente santé envisage de donner sa vie pour son pays !
Des vies s’arrêtent tous les jours qui pourraient pourtant se prolonger à travers un autre qui va perdre la sienne faute de cet organe qui existe, qui lui conviendrait pour continuer à voir briller ce soleil tellement beau, tellement merveilleux qui va s’éteindre …
Mais voilà, les préoccupations personnelles souvent bien égoïstes, voire ignorantes de ces « choses des autres » restent un obstacle malgré tant d’efforts d’information sur ce qu’est la greffe d’organe sans cesse en manque de donneurs.
Donner après être « parti » est pourtant tellement simple et devient tellement humain tout simplement.
Mais non. Les cultures, les religions, les espoirs de renaissance dans l’état ou nous sommes « partis » et que sais-je encore d’imaginaire stupide se dressent encore contre ce sacrilège d’une sorte de viol d’un défunt.
Sans compter qu’une disposition légale vient amplifier la difficulté : « l’anonymat » de sorte que même la famille d’un donneur ne doit rien en savoir… Pourtant, d’avance, certaines familles donnent humainement et courageusement leur accord pour ce prélèvement d’organe sur l’un d’entre eux qui devient alors un don suprême.
Ceux-là ont compris ce qu’est la vie, le sens de la vie la joie de vivre et se refusent à l’impossibilité de sauver celle d’autrui quelle que soit souvent leur détresse devant la disparition d’un des leurs. Ceux-là vont transformer leur douleur en une forme de joie de savoir que celui ou celle qu’ils ont perdu ne l’aura pas été pour rien.
Maylis de Kerangal ne s’arrête pour autant pas ici à cet aspect humain qui entoure les donneurs et leur famille même si elle leur rend hommage de façon bouleversante. Elle le fait aussi à tous ces intervenants médicaux qui ont su mettre en place les moyens de parvenir au but suprême « redonner la joie de vivre à un être qui n’y croyait plus ».
isabelleisapure
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le 7 août 2014

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