Superbe. Une fois encore Stephen King parie sur l'identification et la reconnaissance du lecteur à l'égard de son personnage-titre, jouant sur ses imperfections, ses failles mais également sa capacité à échapper à ses démons et son passé destructeur. D'emblée le romancier présente son héroïne sans médiation, nous plongeant directement dans son horreur quotidienne et domestique ; en prenant la forme d'une résilience et/ou d'une convalescence le parcours de Rosie McClendon emprunte des allures de fable dramatique à haut potentiel psychologique, rejoignant le diptyque formé par Jessie et Dolores Claiborne, la charge introspective néanmoins diminuée.
Incursion inattendue vers un univers fantastique s'apparentant à une retranscription onirique se matérialisant dans la conscience lucide de son héroïne Rose Madder est l'un des romans de Stephen King les plus troubles, l'un des plus envoûtants. Jouant sur la figure d'une toile peinte mettant en abyme la condition de sa protagoniste le récit alterne entre l'évolution éminemment positive de Rosie la vraie et celle de son mari Norman Daniels, proche de la descente aux enfers et de l'annihilation morale. Manichéen certes, le roman n'en demeure pas moins nuancé et remarquablement écrit et développé dans ses figures représentées. Une Oeuvre poignante, douloureuse mais également bienveillante et optimiste, preuve d'un écrivain encore et toujours capable de se réinventer d'un roman au suivant. J'ai adoré.