Qu’elle conjure des rituels oubliés droit issus de quelque bocage intemporel (« Magie rouge »), qu’elle mette en scène l’art étrange du démonstrateur spécialisé de supermarché s’emparant du tabou pour le retourner (« Monsieur Ragnagnas »), qu’elle exhume une empathie bienvenue dans de douloureuses circonstances (« Le samovar »), qu’elle traque la honte suprême dans certains petits boulots plus petits que les autres – paraîtrait-il (« Lady-Net »), qu’elle explore la complicité, possible ou impossible, entre mère et fille à l’âge fatidique (« Le passage »), qu’elle effleure certains mystères résolument fantastiques, dans une tonalité qui s’approche de celles maniées par Mélanie Fazi ou Lisa Tuttle (« L’alignement des planètes »), qu’elle joue plaisamment avec le potentiel dramatique de l’univers de l’art marchand – on songera peut-être à l’excellent « La madrivore » de Roque Larraquy (« Technique mixte »), qu’elle mette en scène l’intimité de l’interdit obsessionnel « Vernis à ongles »), qu’elle introduise tout à coup d’autres sources de sang venant obscurcir et comme purifier les mémoires indues (« Dernier round »), qu’elle imagine une atmosphère crépusculaire et tendre digne des plus émouvants moments des « Éphémères » du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine (« La boîte à secrets »), qu’elle fomente une impitoyable leçon de marketing et de machisme (« La coupe est pleine »), ou qu’enfin elle referme la boucle enchantée des rituels (« Sortilège »), Pascale Pujol nous offre en douze occasions une impressionnante leçon d’intelligence et de tendresse, d’acuité et d’humour subtilement décalé.
Sur le blog Charybde 27 : http://charybde2.wordpress.com/2017/12/25/note-de-lecture-sanguines-pascale-pujol/