En un mot, l'histoire n'est pas inintéressante, la thématique plutôt originale mais il y a à la fois trop et pas assez.


Trop de détails : sur l'aventure du rail, pourquoi pas, c'est le cœur du récit - mais il y a quand même trop d'infos qui ne nous sont pas utiles, et qui font ressembler le roman à une monographie sur le sujet. Quand, en plus, on retrouve ce même souci de description très détaillée sur les trajets faits en voiture, sur une éruption volcanique, sur tel building new-yorkais, etc. c'est un peu l'overdose.


Pas assez de nuances : les relations entre les personnages sont les laissées pour compte du roman. C'est facile, souvent cliché et parfois à l'extrême. Les méchants sont caricaturaux : très-méchants et très-bêtes. Les gentils sont gentils. A part le personnage de Mike qui évolue, mais qu'on oublie sitôt son rôle joué (littéralement, on n'en parle plus... alors que c'est quand même l'ami d'enfance qui s'est pris une balle), les autres restent ce qu'ils sont : gentils ou méchants. La fin est exceptionnellement gâchée par ça : au procès, alors que Maura est dépeinte comme une caricature de vieille idiote méchante, tout le monde se range derrière ses accusations, avant de changer complètement d'avis quand Jenny leur explique que "oh regardez, elle est gentille en fait et sa magie est gentille, même si elle-même est une inconnue super puissante". Genre, peut-on vraiment croire qu'une institution qui a passé des siècles à essayer de contrôler les magies des uns et des autres va la laisser vivre sa vie tranquille sans chercher à la contrôler elle ni à savoir ce dont elle est vraiment capable ?...


La magie - ses différences, son fonctionnement - aurait pu être l'élément intéressant du récit, mais elle n'est finalement expliquée et détaillée que lorsque cela sert l'histoire. On sait tout de la magie hybride de Jenny à la fin mais, par contre, on ne sait pas grand chose de la différence entre la magie du Clan ou celle des Chinois. Ils s'en servent parfois, mais d'autres fois non : l'ancêtre de John lui explique qu'il ne faut pas l'utiliser à tout bout de champ, mais c'est quand même ce qu'il fait en permanence.


Bref, un vrai travail éditorial n'aurait pas été de trop pour élaguer certaines choses, et en approfondir d'autres. L'originalité de l'histoire n'en aurait été que mise en valeur. Mais c'est à croire que les éditions Critic manquent de savoir-faire de ce côté-là...

MaryB
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le 9 avr. 2018

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MaryB

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