La narratrice habite dans un petit immeuble de la ville de Cagliari. Au-dessous de chez elle vivent Anna et sa fille Natasha et au-dessus, Monsieur Johnson, homme riche, ancien violoniste assez excentrique. Inévitablement, la route d'Anna va croiser celle de Monsieur Johnson, pour le meilleur et pour le pire.


"Toutes nos joies et tous nos malheurs résident dans les détails." dit un des personnages de cette joyeuse galerie de portraits. Aussi Milena Agus s'attache-t-elle à ces petits détails qui façonnent la vie, en laissant de côté les intrigues tonitruantes. Par le regard observateur de sa narratrice, son double, elle évoque juste les rapports humains, et la complexité de chacun. Les êtres se frôlent, chacun vient à l'autre avec son vécu, avec son passé et les leçons qu'il a pu en tirer. Ainsi après avoir vu plusieurs hommes de son entourage quitter leur femme pour une autre souvent plus jeune, la narratrice est persuadée que pour garder un homme il faut être une machine de guerre sexuelle. Mais les méfiances des uns et des autres se fondent et confondent dans les rencontres.


"Il dit que nous ne sommes jamais comme les autres voudraient que nous soyons. Nous pouvons en être très malheureux, jusqu'à en mourir. Ou bien accepter d'être à contre-courant, comme dans les comptines. (...) Etre bien avec soi-même, ne pas désirer être autre chose que ce que l'on est, ni plus ni moins." p. 76


Si les autres peuvent être sources de tristesse, ils sont aussi ceux qui peuvent nous sauver, des failles de chacun jaillit soudainement la lumière


"Bien sûr, j'imagine toujours l'immeuble en flammes, l'explosion d'une bonbonne de gaz, ou des assassins embusqués derrière la porte, mais je fais ce que Johnson junior m'a appris, un calcul de probabilités, en pourcentage. Il m'a fait remarquer que si les journaux racontent les faits divers, c'est bien parce qu'il est rare que des choses semblables se produisent. Sans quoi ils écriraient : "Aujourd'hui, aucun immeuble n'a explosé, rien n'a pris feu et personne ne s'est fait égorger en sortant de chez lui." Ce qui signifie que le monde est bon. Statistiquement bon." p. 78


Dans ce roman d'atmosphère, les petits riens de folie qui jalonnent la vie illuminent les vies des uns et des autres, entre rire et larmes. Puis quand la vie est trop lourde, reste la littérature, et sa capacité à transmuer tout cela en or.

HélèneLecturissime
8

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Créée

le 10 janv. 2018

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