Shangrila
8.5
Shangrila

livre de Malcolm Knox ()

Y'a des romans, des fois, faut se pousser un peu au derrière pour les lire. On n'a pas vraiment envie parce qu'on a fait la bêtise de les feuilleter sans trop faire attention, qu'on a vu un style d'écriture dont on a pas l'habitude et du coup paf on referme et on se dit « ooooooh nooooon je veux pas lire ça ». Et puis on se dit, allez, quand même, faut essayer, ça s'fait pas... Sincèrement, faudrait arrêter tout ce truc autour des styles qu'on ne connaît pas. Parce que qu'est-ce que c'est d'autre, la lecture, que cette acceptation de l'inconnu et ce plaisir qu'on peut trouver à essayer des choses inédites. Pour moi Shangrila représente l'inconnu, l'inédit, l'inouï, l'un peu crapoteux... Bref, vous savez que je suis une lectrice snob qui aime les phrases à virgules, point-virgules et incises. Là, pour le coup, j'en suis pour mes frais. Des virgules, y'en a quasiment pas. Des points, pas des masses non plus. C'est rythmé comme des vagues, ça débarque sur la plage BOUM BOUM BOUM et en fait, ça te laisse à peu près aussi lessivé que les gros rouleaux de l'Atlantique.



Shangrila, ça parle d'un monde que je ne connais pas, avec un vocabulaire que je ne connaissais pas. Ça parle de surf. Et dans cet univers totalement inconnu, j'ai été prise, solidement attachée (comme un surfeur à sa planche?) et j'ai été incapable de me détacher du texte avant de l'avoir terminé, les larmes aux yeux. C'est superbe, c'est splendide, on va pas non plus faire la course aux épithètes mais pour le coup, par rapport à ce que j'ai lu ces derniers temps, ça se détache de très très loin. Au début, franchement, on se demande où est ce qu'on a atterri. DK, le surf, l'Australie... ça ne me parlait pas vraiment. Mais au bout de quelques pages, l'émotion sourd, on commence à s'attacher aux personnages, AU personnage pour tout dire, et là impossible de le lâcher. Nous aussi, on crie DK! DK! on veut le voir surfer, re-surfer, surfer toujours, on veut que Lisa soit là (on chante Sad Lisa dans sa tête depuis trois jours, ça n'est plus possible. d'ailleurs je vous la mets en fin d'article, comme ça vous pleurerez avec moi) et on veut que tout soit beau, mouillé et salé. Bon, ça foire un peu, faut le dire. Du coup on pleure pas mal, mais surtout on est incapable de lâcher ce gros machin de 500 pages. Chaque page est exceptionnelle.



Bon, je sais, j'utilise souvent cette formule pour vous forcer à lire des titres que vous n'auriez pas forcément essayé. Mais honnêtement, là, il faut. C'est superbe, c'est puissant, ça vous remue... oui, en fait, c'est une bonne idée de terminer sur Cat Stevens. Donc voilà, c'est superbe, c'est puissant, ça vous remue comme une chanson de Cat Stevens un jour de pluie.
Ninaintherain
9
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le 17 mai 2012

Critique lue 571 fois

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