Je suis passé au travers de ce roman. J'aurai aimé qu'il me fasse vibrer, tant les thèmes qu'il mobilise me parle et sont d'actualité (alors même que ce roman de Sarah Hall date de 2007 dans sa version originale).


Ce roman est une dystopie, décrite comme abordant « avec une remarquable originalité les questions d’écologie, de genre et de défense des libertés individuelles, et propose une vision décapante du pire des mondes à venir. Une contre-utopie féministe exaltante » (4e de couverture de l'édition Payot et rivage, avec une superbe photo d'illustration qui correspond assez bien à l'image que je me fait des paysages décrit dans le bouquin).


Sur la forme, il reprend l'idée de « fichiers » qui seraient issus d'une archives quelconques, avec certains fichiers incomplet, et une imprécision volontaire sur le temps qui a pu s'écouler entre 2 fichiers/chapitres. Ces fichiers reprennent le témoignage de Sœur, une femme qui vivait à Rith, une des villes/colonies de l'Angleterre post-effondrement. Un ou des événement ont entraîné un régime autoritaire / une pénurie des ressources / une contrôle du corps des femmes et des naissances / une assignation au travail forcé / un cataclysme écologique /... Le tout nous laissant dans le flou sur la chronologie de ces événement, leur lien ou leur simultanéité possible. Bref un futur sombre mais pas si éloigné de ce que la pandémie/la crise écologique/la montée du fascisme en occident nous a laissé entrapercevoir ces dernières années.


Sœur, la narratrice, nous explique alors comment elle s'est laissé enfermé lentement à Rith et dans cette société de contrôle ; et comment elle en est ressortie tout aussi lentement, se détachant de son mari Andrew avec qui elle avait eu des rêves de rébellion avant l'effondrement, rapidement rattrapé par la lâcheté du quotidien face à l'horreur et la conciliation de tous, même et surtout celles et ceux qui se rêvent en résistant. Mais Sœur avait en elle un rêve, depuis toujours, une graine qui va refleurir enterrée sous cette couche de cendre : rejoindre Carhullan.


Carhullan est une communauté de femme, situé au Nord, dans la région des Lacs, hors de ces zones contrôlées par l'Autorité. Rien ne dit si ce lieu mythique existe encore. Sœur en avait gardé des coupures de presses, à l'époque où la presse existait encore. Mais rien ne dit que ce lieu existe toujours. Pourtant, Sœur va décider de s'y rendre, pour sortir de cette gangue étouffante qu'est devenu son quotidien.


Va alors advenir son périple pour sortir de Rith, s'enfoncer dans les montage, approcher cette communauté quasi survivaliste, éco-féministe, militaire. Elle va finir par les rejoindre, et devenir l’une d'entre elle, abandonnant son nom (que l'on ne connaîtra jamais) pour devenir Sœur. On comprend alors que nous sommes en train de lire son témoignage, délivré après les événements rapportés.


C'est là que j'ai raté ce roman je crois. Tout y est décrit en filigrane, les grandes thématiques sont abordés par quelques phrases de certaines protagonistes, mais surtout par l'ambiance qui est posé par l'autrice. J'ai senti que l'on essayait de faire travailler mon imaginaire, de venir faire vibrer quelques choses en moi, mais la vibration n'a pas eu lieu pour moi. Ce tumulte intérieur, je l'ai aperçu à travers ces descriptions de grandes collines surmontées de nuages gris et des ces femmes qui définissent une nouvelle façon d'être dans ce monde sombre et assez peu fictionnel qui les accable et qui nous menace. Mais je n'ai pas réussi à le ressentir vraiment en moi.


Ca n'en fait pas un mauvais roman, loin s'en faut, mais ce n'était pas le bon roman pour moi. Il m'en reste le souvenir d'une ode à la résistance par tous les moyens, quitte à proposer une contre société loin d'être idllyique, mais qui sera en accord avec nos principes, avec toutes ses ambivalences entre la grande sororité pour celles qui accepteront de rejoindre cette udystopie et une grande violence pour éprouver celle qui n'ont pas encore fait leur preuve. Mais une grande violence nécessaire pour dire non à ce monde dominant et violent que l'Autorité veut nous imposer.


(NB: mon titre est piqué à cette très bonne critiquesur diacritik par Christine Marcandier, qui elle semble avoir mieux ressentie que moi cette vibration!)

Homegas
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le 24 oct. 2021

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