Sorcières
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Sorcières

livre de Mona Chollet (2018)

Vélléités émancipatrices mises au bûcher

D'aucuns estiment que le féminisme n'a plus lieu d'être puisque l'égalité des droits aurait été atteinte, les femmes disposant désormais du droit de vote et de la possibilité de disposer de leurs corps comme elles l'entendent.
Pourtant, comme l'a dit un jour Simone de Beauvoir, autrice d'un des ouvrages socles sur la condition féminine, "Le Deuxième Sexe" (1949), rien n'est définitivement acquis : « N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». De plus, cette égalité en principe théorique demeure fort éloignée de la réalité matérielle et la domination masculine est loin d'avoir disparu, y compris dans les pays dits développés au XXIe siècle.

Ce constat se voit renforcé par l'analyse de la journaliste Mona Chollet sur les chasses aux sorcières et diverses autres formes d'oppression envers les femmes qui ont émaillé l'histoire de nos sociétés occidentales. L'essayiste nous expose ainsi son approche et ses conclusions à travers sa dernière œuvre, "Sorcières – La puissance invaincue des femmes", sur laquelle nous allons à présent revenir plus en détails.
À travers ce livre, l’autrice vise autant à réhabiliter les magiciennes d'antan, dont la perception n'a cessé d'être déformée au fil des siècles, qu'à restituer le contexte socio-historique dans lequel les persécutions à leur encontre se sont accentuées ou encore mettre en exergue leur perpétuation jusqu'à notre époque.

Rappelons que Mona Chollet est depuis 2016 cheffe d'édition au "Monde Diplomatique", l'un des derniers bastions d'un journalisme un minimum consciencieux et intellectuellement intègre au sein d'un paysage médiatique dans l'ensemble désolant.
L'autrice s'est déjà distinguée à plusieurs occasions pour ses prises de position sur la condition féminine et le façonnement des paradigmes contemporains par la formulation des débats publics et l'effet de cadrage des médias. Dans "La Tyrannie de la Réalité", elle analyse l'usage pernicieux de cet effet dans les discours politiques pour restreindre le champ des possibles, dans une optique assez proche de "La Fabrication du consentement" de Noam Chomsky.
Dans "Beauté Fatale – Les nouveaux visages d'une aliénation féminine", elle revient sur les effets délétères du monde de la mode et de l'industrie de la beauté compte tenu des résultantes de leurs injonctions sur le corps des femmes et par extension des atteintes à leur intégrité psychique.

Par l'entremise de "Sorcières", qui a du reste beaucoup en commun avec ses précédentes œuvres, Mona Chollet développe le point de vue selon lequel la figure de la sorcière dans l'imaginaire collectif et les persécutions contre les personnes désignées via cet archétype sont le reflet d'une domination exercée sur les femmes en tant qu’individues soumises à la tutelle d'un patriarcat renforcé depuis la Renaissance.
La sorcière réunit trois cas de figure liés à tout ce qu'un système fondé sur l'autorité incontestée du père ne saurait accepter, y compris de nos jours : la femme émancipée, la femme « stérile » et la femme âgée.

L'obsession des auteurs religieux sur les rapports licencieux que les sorcières auraient entretenu avec les démons reflète clairement leurs pulsions morbides, fruits du cerveau malade de mâles sexuellement frustrés. La chasse aux sorcières, trop longtemps réduite à un « folklore » du passé, est ainsi devenue un moyen d'instrumentaliser la mise au pas des femmes célibataires et de nier leur autonomie, y compris sur le plan sexuel, comme si elles devaient nécessairement être tenues en laisse par un mari. L'assertion de Simone de Beauvoir selon laquelle « personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité » ("Le Deuxième Sexe"), prend ici tout son sens.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas tant durant l'ère médiévale que les guérisseuses qui vivaient aux abords des villages sont devenues la cible de campagnes de dénigrement et d'oppression visant à les réduire à l'impuissance qu'à partir du XVe siècle. À contrario, le Moyen Âge est loin de se réduire à une époque obscurantiste, ce que les travaux de Régine Pernoud et un livre tel que "Pour en finir avec le Moyen Âge" ont d'ailleurs mis en lumière. Le conte philosophique "Candide ou l'Optimisme" de Voltaire revenait quant à lui sur les atrocités des procès arbitraires, autodafés et actes de guerre au XVIIIe siècle.
Le tristement célèbre "Malleus Maleficarum" (« Marteau des sorcières ») des dominicains Jacob Sprenger et Heinrich Kramer (ça ne s'invente pas) a été publié en 1486 et l'imprimerie a favorisé sa diffusion en tant que traité de référence dans le cadre de la lutte contre la sorcellerie.

Sur bien des points, la Renaissance, qu'on tend à considérer comme une phase de progrès indubitable, d'après une vision linéaire et simplifiée de l'histoire, a en réalité été marquée par un net recul de la position de la femme, ce qui s'explique autant par la volonté de retourner aux valeurs des auteurs antiques et à l'héritage gréco-romain que la soif de conquête marquée de bellicisme dans le cadre des grandes découvertes, outre un rapport profondément altéré à la nature.
Malgré les bouleversement politiques de la Révolution française et les velléités contestataires des premières féministes, à l'instar d'Olympe de Gouges, les femmes n'auront cessé d'être juridiquement minorées. Le XIXe siècle pousse plus loin encore l'institutionnalisation du patriarcat dans les sociétés européennes, malgré les luttes menées par d'éminentes figures, à l'instar des socialistes Flora Tristan et Louise Michel.

La psychanalyse née des travaux de Sigmund Freud a également fait beaucoup de dégâts dans la mesure où le ramassis de bêtises que les apôtres actuels de cette pseudo-discipline continuent encore de professer a également resserré le carcan autour des femmes, en particulier pour tout ce qui se rapporte à l'expression de leur sexualité. Au péché originel déjà empreint de misogynie concernant Adam et Eve, sont venus se greffer des discours essentialistes et soi-disant scientifiques sur le manque de raison et l'hystérie des femmes, dans une perspective tout compte fait assez similaire à la phrénologie, soit l'étude du caractère des individus d'après la forme de leur crâne, ou le délit de faciès érigé en « science ».
À l'impossibilité des femmes de s'émanciper sur le plan politique, est donc venue s'ajouter l'incapacité d’assumer leur sexualité et s'affirmer en tant qu'êtres pensants et autonomes, puisque de toute façon peu douées d'intelligence et émotionnellement instables du fait des affects liés à leurs humeurs. Bien qu'on puisse reconnaître à Freud d'avoir essayé de défricher les mystères de l'inconscient, il va sans dire qu'il a avant tout projeté ses propres obsessions sur ses patientes, tout en mettant en œuvre un dispositif thérapeutique n'étant pas sans rappeler "L'Art d'avoir toujours raison" de Schopenhauer, puisque donnant quoiqu'il advienne le dernier mot au psychanalyste.
Il n'est de ce fait guère surprenant que les plaisirs féminins et le fonctionnement de l'appareil génital soient encore si mal compris. Un véritable tabou persiste à l'égard des règles survenant lors du cycle menstruel. La masturbation féminine a longtemps été difficile à ne serait-ce qu'évoquer, puisque perçue comme une déviance. Enfin, la sexualité au XXIe siècle se caractérise par une profonde méconnaissance du clitoris et l'incapacité dans de nombreux cas d'imaginer les rapports charnels autrement que dans le cadre d'un acte de pénétration, en dehors de l'impératif de la procréation.

La question de l'enfantement et le désir de stérilité font justement l'objet d'un chapitre à part entière dans "Sorcières". Les guérisseuses disposaient d'une relative autonomie sur le plan sexuel et pouvaient même aider certaines femmes à se délivrer d'une grossesse non désirée, grâce à certaines décoctions ou interventions visant à pratiquer un avortement. Mais cela allait à l'encontre du commandement fortement encouragé par l'Église de procréer et perpétuer une lignée d'individus qu'il fallait faire reconnaître par le mariage.
Si des personnes considérées comme inaptes à être des mères responsables ont malheureusement subi une stérilisation forcée, quand certaines n'étaient pas de surcroît internées pour des motifs fallacieux, force est de constater que la pression sociale pour que les femmes se destinent à la maternité reste toujours extrêmement forte. Une idée durablement ancrée dans les mentalités serait qu'elles n'auraient finalement d'autre but que d'enfanter puisque c'est la biologie qui en aurait décidé ainsi. Une pareille essentialisation en vue d'édicter ce qu'il faudrait faire a en réalité servi d'alibi aux pires inepties, comme prétendre que l'homosexualité est une perversion (« C'est contre natuureee ! », comme le dirait l'autre).

En ce qui concerne la maternité, tant pis pour les femmes qui sont dépourvues de cet instinct maternel soi-disant inné ou qui auraient formulé d'autres projets de vie, d'autant que l'asymétrie liée à la répartition des tâches domestiques entre les hommes et les femmes et la charge mentale pesant sur ces dernières les contraignent généralement à mettre fin à la plupart de leurs activités pour se consacrer définitivement à leur fonction de mère. Entendons-nous bien, il n'est pas ici question de mettre en pièces la maternité et le possible épanouissement que pourraient connaître certaines femmes réellement gagnées par le désir d'avoir un enfant. Mais il ne faut pas oublier toutes celles qui se sont contentées de procréer par imitation inconsciente, pour mieux s'aligner sur les standards d'un groupe et les conventions sociales, indépendamment de leur volonté.
De plus, le déséquilibre initial n'a fait que freiner la potentielle émancipation de femmes pleinement accaparées par la multiplicité des nouveaux paramètres à prendre en compte suite à la prise en charge d'un ou de plusieurs enfants, quand elles n'en avaient pas une douzaine sous le bras. À l'inverse, on a bien plus d'exemples d'hommes nullement empêchés de s'épanouir comme ils le souhaitaient sur les plans artistique et professionnel puisque se contentant de semer leurs graines un peu partout, sans avoir à assumer les conséquences de leurs actions.

Encore une fois, sans nier les bénéfices d'une maternité consentie, dans le cas où la naissance résulte d'une contrainte externe généralement causée par la pression sociale ou, plus grave encore, d’un viol, il en résulte une profonde souffrance autant pour la mère que l'enfant non désiré.
Sur ce plan, de nombreux progrès ont été accomplis grâce à la contraception, l'avortement et plus globalement le droit des femmes à disposer de leurs corps, mais l'injonction de natalité demeure et rares sont les personnes, y compris parmi les hommes, qui osent affirmer explicitement leur désir de stérilité. Quand bien même ils le feraient, ils se verraient confrontés à un jugement condescendant teinté de paternalisme de la part d'individus persuadés que les quelques années ou décennies qu'ils auraient vécues les auraient pourvu d'une forme de sagesse alors qu'ils n'ont même pas pris le temps de ne serait-ce qu'une seule fois s'interroger sur ce qui motivait réellement leurs actes. Comme le disait Spinoza, « les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés ».

Le discours « anti-maternel » de Simone de Beauvoir résidait dans le fait qu'elle envisageait son accomplissement de femme autrement que via la maternité, loin d'être l'alpha et l'oméga de toutes choses. Ça ne l'a nullement empêchée d'être une femme épanouie. Pourtant, dans de nombreux pays, on observe un recul dû aux nouvelles limitations imposées sur le droit à l'IVG ou au risque d'une complète remise en cause de la possibilité d'avorter. En matière de droit pour les femmes, rien n'est jamais définitivement acquis et les tendances observées aux États-Unis, au Portugal ou encore en Pologne le montrent bien. Dans la dystopie "La Servante écarlate" (1985) de Margaret Atwood, les progrès obtenus grâce aux luttes féministes des années 70 ont été remis en cause suite à l'effondrement de la fertilité et l'avènement d'une société ultra-conservatrice et totalitaire. Les Servantes n'ont aucun contrôle sur leur sexualité, privées du droit au plaisir, et sont reléguées au statut de reproductrices. On n'est jamais à l'abri qu'un tel monde devienne réalité.
Enfin, à ceux qui verraient le désir de stérilité comme égoïste, il serait bon de préciser que d'un certain point de vue, la décision de procréer peut sembler bien plus égocentrique. Forcer un être à prendre part à l'expérience de la vie, sachant pertinemment que cette irruption n'a pas pu résulter de sa volonté propre, peut relever de l’égoïsme. Outre les tares susceptibles de rendre plus difficiles ses conditions d'existence, il sera confronté à une humanité en déclin compte tenu des impacts environnementaux causés par l'augmentation de la population et la généralisation du mode de vie occidental, du réchauffement climatique à la raréfaction des ressources essentielles en passant par l'accroissement des tensions géopolitiques et des inégalités sociales.

Le contrôle sur le corps des femmes, en particulier vis-à-vis de la sexualité et la natalité, s'est exercé par le biais d'une médecine exclusivement à l'apanage des hommes. Durant la plus grande partie de l’histoire européenne et américaine, les sages-femmes s'occupaient des accouchements, le plus souvent à domicile. Mais à mesure que les professions médicales gagnaient en importance au XIXe siècle, les médecins commençaient à s'immiscer dans les accouchements. Or, le docteur Ignaz Semmelweis avait découvert que ses collègues de l'hôpital de Vienne propageaient infection et fièvres en passant directement des autopsies aux femmes enceintes, d'où l'utilité selon lui de se laver les mains, conclusion largement ignorée à l'époque. L'irruption des experts masculins dans l'acte d'enfanter, bien loin d'avoir été sur le moment une avancée, a initialement entraîné une hausse drastique de la mortalité maternelle. L'hécatombe était telle que dans certaines localités, on choisissait de placer deux corps par cercueil, pour occulter l'ampleur du problème. La discipline scientifique était du reste extrêmement peu accessible aux femmes.
Depuis, la médecine a certes accompli des progrès spectaculaires, mais de nombreux soucis persistent. Lors d'un accouchement, du point de vue de la patiente, la position gynécologique est loin d'être la plus optimale, même si elle présente l'avantage de faciliter le travail des praticiens. Outre les actes de violences constatés dans le milieu médical, dénoncés dans le livre polémique "Les Brutes en blanc" de Martin Winckler, le sexisme ambiant des facultés de médecine et le paternalisme condescendant auxquelles les femmes peuvent être confrontées ont un impact négatif loin d'être négligeable, entre le harcèlement au travail et une potentielle mauvaise prise en charge. Il est pertinent de relever qu'elles sont globalement moins bien traitées que les hommes puisque moins prises au sérieux lorsqu'elles décrivent leurs symptômes, leurs propos étant plus susceptibles d'être psychologisés.
Au vu du poids de l'éducation et de l'auto-censure alors que les femmes ont la possibilité de suivre un cursus scientifique, ainsi que des stigmates laissés par les possibles mauvaises expériences avec le milieu médical, il n'est pas étonnant qu'elles soient un certain nombre à faire le choix des médecines douces et méthodes dites alternatives pour répondre à leurs besoins, notamment celui de se sentir écoutées. Ce point est bien mis en exergue par Mona Chollet, mais n'oublions pas pour autant les risques liés à ces soi-disant techniques « naturelles », de l'homéopathie aux recettes « détox » douteuses, en passant par la radiesthésie et un mysticisme quantique relevant de la pensée magique. Les marchands de rêves qui vivent de ces offres ne s'appuient sur aucune étude sérieuse et se contentent surtout d'exploiter une demande née de parcours de vie compliqués et de mauvaises expériences avec la médecine dite classique, outre la quête de spiritualité dans un monde désenchanté.

L’un des derniers points, et non des moindres, abordés par Mona Chollet, n’est autre que l’ensemble des relations entre sexisme et jeunisme, ce qui renvoie une nouvelle fois à l’image de la sorcière dans l’imagerie populaire. Outre son émancipation en tant que femme célibataire non soumise à un quelconque tuteur et le fait qu’elle vive sans enfant, quand elle ne tente pas de les dévorer directement, à l’instar de la créature anthropophage dans le conte d’ "Hansel et Gretel" chez les frères Grimm, la sorcière est en effet souvent dépeinte comme une vieille femme acariâtre. C’est pourquoi les dames aux cheveux blancs ont été les cibles privilégiées des persécutions orchestrées durant les XVe et XVIe siècles.
On observe un rapport différencié à l’âge suivant que la personne concernée soit un homme ou une femme. La vieillesse est certes un processus commun aux deux parties, mais ce dernier n’est absolument pas vécu de la même façon, plus pénalisant socialement pour les personnes rattachées à la gente féminine. Malgré l’évolution des mœurs suite à la révolution sexuelle de 1968 et le changement de mentalité qui est censé l’avoir accompagné, il n’est pas rare d’entendre dire que les hommes vieillissent mieux que les femmes alors qu’ils subissent tous deux des changements physiques comparables. S’ajoute à cela l’idée qu’une femme ménopausée, parce qu’elle ne serait plus apte à procréer, n’aurait plus aucun désir charnel ou sexuel, comme si l’un n’allait pas sans l’autre. Pourtant, comme l’a précisé Mona Chollet, l’acte d’enfanter n’est pas forcément une évidence pour toutes les femmes.
Cette non équité face aux injures du temps tient entre autres aux inégalités liées à la distribution entre les différentes formes de capital. Dans les société capitalistes et patriarcales, les individus masculins disposent d’un capital socio-culturel et économique qui tend à s’accroître avec le temps et au fil de leur carrière. A l’inverse, les femmes ont durant l’histoire été dépossédées de ces ressources, avec pratiquement pour seul substitut un « capital corporel » qui s’étiole quant à lui en raison des usures de l’âge. Non seulement les injonctions de la mode et les standards de beauté concourent à l’objetisation du corps des femmes et réduisent exclusivement leur pouvoir d’attraction à des critères physiques, au détriment des capacités cognitives, mais ils participent de surcroît à l’amoindrissement de leur position sociale sur le long-terme.
Il est de ce fait bien plus fréquent d’avoir des couples hétéroclites, avec un homme nettement plus âgé que sa conjointe, plus encore quand une certaine forme de prestige et l’image publique se conjuguent au capital socio-économique, que l’inverse. Les choix de compagnes d’acteurs comme Leonardo DiCaprio ou Vincent Cassel en sont des exemples emblématiques. Sans remettre en cause la sincérité des rapports au sein de leurs couples respectifs, on est en droit de se demander si un tel écart d’âge n’atteste pas d’une asymétrie des rapports de force compte tenu de l’ascendance et de l’expérience d’une des parties et c’est un point que l’essayiste met bien en évidence, rappelant ainsi le discours tout en délicatesse tenu par Yann Moix sur les femmes de cinquante ans. Une personne de la gente féminine assortie avec un conjoint sensiblement plus jeune sera de son côté davantage dénigrée.

L’ouvrage de Mona Chollet, riche et foisonnant, s’avère passionnant à divers égards, avec un angle d’approche pertinent quant aux connexions qui peuvent être établies entre les chasses aux sorcières et les formes de persécution qui subsistent jusque dans nos sociétés dites modernes et développées.
Il n’est donc guère étonnant que de nombreuses femmes se revendiquent de nos jours sorcières, comme pour contrecarrer l’instrumentalisation passée de cette figure. Face au patriarcat et au cliché de la ménagère selon les standards de l’ « American way of life », la sorcière et son balais volant sont désormais devenus une icône de la pop culture, ce que les productions d’aujourd’hui ont bien compris, puisqu’elles sont bien plus propices à en faire une héroïne, à l’instar de "Sabrina, l’apprentie sorcière" et son remake sur Netflix.

Wheatley
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le 27 juin 2023

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