Un décevant sur-place

Après un premier tome encourageant et un deuxième assez grand-guignolesque, voici ce que j'espérais être la conclusion d'une trilogie. Le retour de Vento, des révélations concernant les Régions inconnues et la menace des Grysks, les plans de l'Empereur.

Quelle déception. Un vague concours d'ego orchestré par Palpatine pour définir la viabilité du projets des TIE Defender de Thrawn face au chantier de la Deathstar et voici Thrawn qui doit jouer au plus fin pour élucider une historiette de pertes dans une chaîne d'approvisionnement. De gros cousins des Mynocks détériorent et perdent des vaisseaux en hyperespace et le grand stratège Chiss est embauché comme dératiseur afin de prouver sa valeur devant les êtres les plus puissants de la galaxie. Tout comme il était réduit au statut de privé badass aux côtés de Vador dans le tome précédent... Des enjeux censés façonner le monde sont donc réduits à une enquête en forme de compétition entre Thrawn et Krennic. On imagine que tout cela n'est qu'un prétexte futile et fallacieux répondant aux objectifs obscurs de l'Empereur. Mais non.

Evidemment, la perte de ces pièces détachées est fortuitement connectée aux Grysks et conduit Thrawn à retrouver Vento et l'Ascendance Chiss, comme si toute la galaxie avait conspiré à se retrouver empêtrée dans une petite affaire de détournements de matériel militaire. On retrouve ici le défaut d'Alliances : un manque total d'ambition, une absence de décors, d'ampleur et l'enfermement dans un seul contexte qui ne parvient pas à exprimer le poids des enjeux et les qualités de Thrawn.

A l'image de la satanée usine d'Alliances, Treason se passe principalement et se dénoue dans un coin d'espace vide et ignoré de tous. Grysks, Chiss et Empire y jouent à cache-cache à grand renfort de considérations techniques et tactiques (ce que Zahn fait plutôt bien) mais rien n'avance réellement. Le livre se conclut sur l'affrontement d'une poignée de vaisseaux, une escarmouche finalement, et Thrawn révèle les malversations d'un dignitaire impérial. On sait que les Grysks sont méchants et dangereux, que Vento est toujours un bon gars, que Thrawn a définitivement troqué l'analyse contre une prescience narrativement fourre-tout on ne peut plus manga (bon sang, élucider toute la psychologie tactique d'un Grand Amiral en écoutant sa musique...).

C'est forcé, artificiel et le récit évite soigneusement tout approfondissement ou bouleversement. J'espérais sincèrement que l'Empereur allait révéler que tout ceci avait été planifié à des fins de tests, de conflits instrumentalisés pour un projet supérieur. Non. L'absence complète de progression du personnage, d'impact sur son environnement rendent ce volume assez vain et à peine sauvé par la (pénible ?) perspective d'un quatrième tome censé nous fournir un peu plus d'informations sur cette fameuse menace Grysk. A mon sens, l'occasion de raccrocher les wagons après l'étrange parenthèse d'Alliances est manquée et je ne vois pas comment il serait encore possible de conférer un peu d'intérêt à un cycle qui se répand en scènes de batailles pour éviter de traiter réellement son sujet.