Réflexions sur le stéréotype

Je voudrais ici profiter de ce livre très académique, sur lequel je n'ai pas beaucoup à dire, pour partager quelques pensées sur la notion de stéréotype.

L'approche sociologique de la discrimination par le stéréotype me semble peu pertinente. Je voudrais ici proposer une approche du stéréotype même pour défaire la discrimination, plutôt que d'agir sur la diminution du stéréotype par diverses techniques.
Par le passé, rien ne m'était plus insupportable qu'un stéréotype. Les sociologues m'apparaissaient d'ailleurs comme des générateurs de cases où ranger les gens, ce qui ne leur accordait guère mes faveurs. A présent cependant, dans ma quête de vérité, j'en suis venu à la conclusion que les stéréotypes existent pour de bonnes raisons et qu'il serait beaucoup plus fécond d'avoir une analyse systématique de tous les stéréotypes existants, de déterminer s'ils sont fondés ou non, dans quelle mesure et pour quelles raisons, plutôt que de combattre "le stéréotype" en tant qu'erreur cognitive alors qu'il s'agit d'un simple mécanisme d'inférence, certes invalide d'un point de vue de la logique stricte, mais permettant à l'humain de faire des prévisions raisonnables, au même titre que l'observation de la loi de la gravité ou du caractère brûlant du feu.

Pour prendre un exemple concret, il me semble beaucoup plus efficace, face au vieux stéréotype "les arabes sont des voleurs", de vérifier si, statistiquement, les descendants d'immigrés maghrébins en France volent plus souvent que les autres catégories de Français et, si oui, de l'expliquer socio-économiquement, et à la fois d'éduquer sur la nécessité de ne pas laisser les préjugés dicter nos comportements, plutôt que de partir du principe que le stéréotype est faux et donc à éradiquer, car s'il s'avère "vrai" (c'est-à-dire, non pas si tous les arabes sont effectivement des voleurs, mais si l'on observe une corrélation statistique entre les deux faits considérés, ici 1) être français d'origine maghrébine et 2) s'adonner plus souvent au vol que la moyenne des Français), on se bat alors contre la réalité et je vous laisse deviner qui sort vainqueur de ce combat.