"Super normal" de Robert Mayer : à l'origine du (pas trop) super-héros

Un funambule sur le sable de Gilles Marchand qui a connu un bien beau succès dans les librairies de l’Hexagone, Pills nation d’Adrien Pauchet qui avait véritablement réussi à conquérir le cœur de Lettres it be … De toute évidence, la maison Aux forges de Vulcain parvient idéalement à gravir les échelons de l’édition à grands coups de parutions réussies et de projets originaux. Est-ce une fois encore le cas avec Super normal, une traduction pour la première fois en France, du livre à succès de Robert Mayer ? Lettres it be vous emmène à la découverte de ce livre.


# La bande-annonce


David Brinkley a été le plus grand des super-héros. Mais il est difficile d'être et d'avoir été. Un jour, il prend sa retraite, se marie, commence à perdre ses cheveux, à prendre du poids, et s'installe en banlieue. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand une série de catastrophes décime la population de super-héros disponibles pour sauver New York. Plus de Superman, plus de Batman. C'est David qui doit retrouver ses collants, sa cape et son masque pour sauver une Amérique qui doute, en pleine Guerre Froide. Le seul problème, c'est que notre héros est désormais un homme entre deux âges, dont les pouvoirs tombent parfois en panne, et qui se sent complètement dépassé par l'Amérique des années 70, avec son cortège de nouveautés. Il se lance quand même dans l'aventure, et nous emmène avec lui dans un thriller qui plonge avec humour dans les méandres d'une Amérique qui doute, après l'affaire du Watergate et la fin de la guerre du Vietnam.


L’avis de Lettres it be


Les Spiderman, les Superman, les Wonder Woman … Impossible de passer à côté de ces noms de fiction à l’heure où Marvel envahit un peu plus chaque année les écrans du monde entier. Mais au-delà des effets spéciaux à couper le souffle, au-delà des prouesses physiques de ces hommes et de ces femmes, au-delà des scénarios plutôt moyens où le bien se confronte (un peu comme tout le temps) contre le mal, vous êtes-vous déjà demandé ce que faisaient vos super-héros favoris dans leur vie privée ? Quel taux espéraient-ils avant de négocier un prêt avec leur banquier ? Craignent-ils les pannes sexuelles entre deux sauvetages de chat perdu dans les arbres ? C’est tout l’objet, et quel objet (!), du livre de Robert Mayer (Superfolks dans sa version originale) traduit pour la toute première fois en France 40 ans après sa parution aux USA. Robert Mayer est alors journaliste à succès quand lui vient l’idée d’un tel roman. Nous sommes en 1977 et paraît dans les librairies son tout premier ouvrage alors que, dans le même temps, la parodie est à la mode du côté d’Harvey Kurtzman et du magazine Mad où les héros made in Marvel et DC Comics en prennent plein la tronche. Robert Mayer pousse le curseur encore plus loin, cette fois dans une veine plus littéraire. On lui dit merci …


Autant le récit reste somme toute banal dans le ton employé, autant l’idée initiale de ce roman et le traitement qui en est fait forment une pure merveille. On picore ces nombreuses références à la pop culture qui émaillent le livre avec un grand plaisir. On se délecte de retrouver les anciens « collègues » super-héros de besogne de David Brinkley (personnage central de ce roman) qui peinent encore et toujours à savoir s’il faut définitivement raccrocher les collants. On se réjouit de ces situations burlesques avec ces pouvoirs qui se tarissent, ces méchants qui sont méchants et ces gentils qui sont trop gentils. On profite aussi des nombreux décalages crées dans la vie de tous les jours de ce héros sur la pente descendante. Bref, tout est un plaisir, et on en redemande ! Et encore, on passe sur les multiples interprétations possibles de ce livre tant le propos est riche et intelligent (le déclin d’une Amérique surpuissante qui se trouve obligée de redevenir normale, les différents questionnements autour d’une guerre du Vietnam qui doucement se tait et d’un scandale du Watergate qui vient juste de se refermer etc.)


La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-k-%C3%A0-o/super-normal-de-robert-mayer/

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le 18 janv. 2018

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