Mémoire 1

Partie 1

Plus un pays est riche, plus sa proportion de miséreux augmente. Ce paradoxe s'explique par l'apparition de la classe ouvrière, elle-même causée par le développement de besoins secondaires qui deviennent des besoins primaires à force d'évolution de la société, y compris pour ceux qui ne peuvent les satisfaire.

De plus, un paysan ne sera jamais entièrement indigent pour peu que la terre soit cultivable, puisqu'il mangera à sa faim. L'exode rural et la transformation des péons en ouvriers industriels privent de toute subsistance une population dès lors que les conditions de travail ne sont pas suffisantes.

Partie 2

La charité légale, remplaçant la charité privée et religieuse, dans le cas particulier de l'Angleterre industrielle, favorise l'assistanat, parce que l'Homme a une tendance naturelle à l'oisiveté que seule la mise en danger de sa survie pourra, dans la plupart des cas, contrebalancer. Ainsi, si le service public (en l'occurrence les communes) prennent en charge les besoins financiers des nécessiteux, aussitôt des abus sont commis, appauvrissant finalement tout le monde. Cependant, on ne peut non plus se contenter de la charité individuelle dans un contexte de précarité ouvrière extrême. Que faire alors ?

Mémoire 2

Il faut donc plutôt jouer en amont sur les causes de la misère pour la diminuer, aussi bien chez les paysans que chez les ouvriers.
En Angleterre, contrairement à la France, les parcelles de terre sont aux mains de grands propriétaires terriens, ce qui réduit le nombre de paysans, les appauvrit et entraîne un fort exode rural. De plus, l'on est plus prévoyant et raisonnable lorsqu'on possède quelque bien que lorsqu'on vit au jour le jour. Moins il y a de propriétaires, plus l'on peut s'attendre à une mauvaise gestion d'une éventuelle bonne fortune dans la population, pour laquelle il faut "de l'ordre, de l'activité et de l'économie" pour en tirer quelque chose à long terme, d'après Benjamin Franklin. "Ce n'est pas la pauvreté qui rend l'agriculteur imprévoyant et désordonné, [mais] c'est l'absence entière de toute propriété, c'est la dépendance absolue au hasard". En conséquence, un des moyens de lutter contre le paupérisme est de diviser la propriété foncière.
Côté ouvrier, l'exode rural fait que la population ouvrière augmente indépendamment des besoins du marché, ce qui crée du chômage et de la misère. Pour contrer la crise ouvrière, Tocqueville suggère de développer l'économie locale, moins sujette aux variations imprévisibles du marché, plutôt que de vendre ou se fournir à l'autre bout du monde où l'on ne maîtrise pas les aléas. Là encore, la France fait figure de bon élève face à l'Angleterre : moins dynamique, mais beaucoup plus sûre. Ensuite, pour donner de "bonnes habitudes" aux ouvriers, Tocqueville suggère deux choses :
1) La propriété industrielle se laisse moins bien diviser que la propriété foncière et l'industrie conserve une forme aristocratique qui n'est pas sans rappeler la féodalité du Moyen-Âge (dixit Tocqueville). Si l'on pouvait "donner à l'ouvrier un intérêt dans la fabrique", idée à laquelle les propriétaires sont peu enclins (Tocqueville trouve qu'ils ont tort mais admet trouver injuste de les y forcer), on pourrait faire émerger chez l'ouvrier, tout comme chez le paysan dans le paragraphe précédent, un sentiment de propriété favorable à la prévoyance et à la raison financière. L'étape supérieure est de créer des coopératives d'ouvriers. Certes, il ne les appelle pas comme ça, mais c'est l'idée. Il affirme que toutes les tentatives précédentes de se passer des capitalistes (tentatives renouvelées de nombreuses fois "depuis sept ans") ont échoué, mais se montre optimiste quant à l'avenir de cette forme encore immature d'organisation qui devrait se montrer féconde au fur et à mesure de l'amélioration de l'éducation du peuple.
2) La deuxième idée est d'inciter d'une autre manière les ouvriers à la prévoyance, en passant par une épargne facilitée. A partir d'ici, Tocqueville élabore sur le sujet des caisses d'épargne, et je dois avouer que je n'ai pas compris grand chose.

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le 20 déc. 2017

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