J’ai d’autant plus d’estime pour « les fils ou filles de » que leurs talents dépassent celui de leurs parents. Quand la progéniture efface le géniteur et prouve par là même son mérite. C’est pourquoi j’aime davantage Vinent Cassel ou Nicolas Bedos qu’Arthur Jugnot ou Marylou Berry. Et Sylvain Tesson fait indubitablement partie de la catégorie des éteignoirs d’aïeux à la notoriété précédente.


Ce préambule établi, passons à l’étude du livre qui contient deux dimensions. Le récit empirique de sa traversée diagonale d’une France encore sauvage, bien rurale et préservée où des amis et sa sœur l’accompagnent par moment et puis des réflexions sur quelques désastres du monde moderne, passionnantes, qui entrecoupent ce voyage de la rééducation physique, imposée par son grave accident.


Il est de par son état privé d’alcool, ce qui revient souvent comme un leitmotiv dont il accepte toutefois joyeusement l’augure.


Le style de Tesson est savoureux, contenu entièrement dans le choix de son vocabulaire. Une coexistence de mots anciens, presque surannés, et d’autres bien modernes qui le font tenir en équilibre entre tradition et air du temps, donnant une subtilité unique à sa langue.


Pour conclure, la belle découverte d’un auteur français d’aujourd’hui dont je n’avais encore rien lu, me contentant seulement d’admirer sa sagacité naturelle sur différents plateaux télé.


Je pourrais conspuer avec lui la laideur architecturale des hypermarchés que l’on trouve en périphérie de nos villes. C’est l’évidence même, mais putain que c’est pratique.


En opposition, son amour d’une nature simple est bien décrit et communicatif, faite de plantes et d’insectes, d’oiseaux et de sentiers, ses « chemins noirs » sont un envoûtant voyage dans le temps, un monde préservé du marteau piqueur ; champêtre, pastoral et bucolique, bientôt détruit par des plans d’urbanisme défigurants que l’état appellera sans vergogne de l’enviable et respectable nom de progrès.


Il existe deux champs de la réaction, l’un balisé et l’autre sauvage . Tesson, grâce à Dieu, se retrouve sur celui médiatiquement acceptable. Adoubé, autorisé et même encouragé puisqu’il revêt une dimension écologiste.


                        Samuel d’Halescourt

Créée

le 29 mars 2017

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