Pas indigeste, mais indigent

Tais-toi et meurs, c'est l'histoire d'un Congolais accueilli par des compatriotes sur le sol français, du genre qui versent dans le banditisme. Le boss, c'est un certain Pedro, autour duquel quelques figures hautes en couleur s'entassent dans un appartement de la rue de Paradis : il y a "le Vieux" et "Shaft", tous deux redoutés car bien implantés, il y a Prosper et Bonaventure, ce dernier rival de notre héros.

Un rival jaloux car Julien Mackombo, qui a été rebaptisé José Montfort, a su plaire au tout puissant Pedro et se faire une place. A ce titre, il participe à un coup, qui tourne mal : une grande blonde se voit défenestrée. Julien est accusé. Le voilà propulsé ennemi n°1. Le roman, écrit de sa cellule, raconte sa cavale ainsi que ses souvenirs d'avant le drame du "vendredi 13" : argent facile, costard et pompes en croco, filles qu'on baise à couilles rabattues (plusieurs dans la soirée, tant qu'à faire).

Pas désagréable à lire car écrit sur le mode de l'oralité, mais très faible sur le plan littéraire : pas pu trouver un seul passage à mettre en avant dans cette critique comme j'ai coutume de le faire. Ou plutôt si, mais négativement. Page 35 :

Devant la porte, j'ai hésité quelques minutes. Je suis resté debout devant, le coeur battant comme un tambour.

"Le coeur battant comme un tambour" ? Difficile de trouver métaphore plus indigente.

Page 156, une phrase que l'éditeur n'aurait pas dû laisser passer :

Et puis dans ce genre de fêtes, on trouve plus de gens qui ne connaissent pas les mariés que de personnes qui les connaissent [bof non ?]. On est gênés pendant quelques minutes, puis au cours de la nuit on entre dans l'ambiance générale.

Bref, ce n'est pas écrit. On est surpris qu'un tel écrivain soit publié chez Gallimard, qu'il ait obtenu le prix Renaudot et ait été récompensé par l'Académie Française. Une indulgence accordée pour promouvoir la francophonie ?