Au pays de Bjork

Adamsberg est de retour, avec son acolyte Danglard et ses collègues de la police judiciaire pour une aventure glaciaire. Fred Vargas, ici, teinte son récit d'exotisme, comme elle l'avait brillamment fait dans Pars vite et Reviens tard. Point ici d'Afrique et d'ambiance caniculaire mais au contraire des frissons glaçants, neige et brouillard, forêts et iles rocheuses.

Une vieille dame est retrouvée morte chez elle. Un simple suicide, en apparence et pourtant sa mort est bel et bien un meurtre. Et ce meurtre ouvre les vannes d'un passé trouble et sordide. Voilà Adamsberg plongé dans l'histoire d'un groupe de voyageurs coincés plusieurs jours sur un ilôt islandais mais également dans l'Histoire tout court, avec une occulte association robespierriste. On croise une série de personnages interlopes, mystérieux et menteurs. On assiste aux reconstitutions des assemblées révolutionnaires où tout le monde porte un masque et joue un rôle et on atterrit en Islande, dans une brume nordique et mystique.

Fred Vargas imbrique très habilement deux histoires qui semblent n'avoir qu'un rapport lointain mais plus encore, ce n'est pas le meurtre qui l'intéresse ni le simple frisson mais la psychologie et les passés troubles de ses personnages. Le livre n'est qu'une remontée dans le temps à la recherche de secrets douloureux. On parle de mort, d'orphelins, d'obsédés de l'histoire et de secrets tabous.

Le roman s'accélère dans les dernières pages avec ce sentiment que l'affaire, après avoir longtemps stagné, se résout subitement et miraculeusement. Les raisons du tueur restent obscures et les crimes, douteux mais comme à chaque fois avec Fred Vargas on est happé dans un univers inquiétant et des personnages fascinants, surgis d'outre-tombe et des limbes fantasmagoriques qui n'appartiennent qu'au genre du polar.