Tout ce qui se passe quand on cligne des yeux...

Voilà. C'est fait. J'ai lu The Bone Clocks, le dernier (que dis-je ? l'ultime) roman de David Mitchell. Je suis encore sous le choc. Je n'écris ces quelques mots que pour signaler le naufrage de ma conscience. Je me suis réveillé ce matin, au beau milieu du néant de mon lit, comme Little Nemo. Le monde - le monde "normal" - a été effacé, éradiqué, subtilisé, pour être remplacé par... un autre monde. Celui où vivent les personnages de David Mitchell, et qui est le vrai monde... des rêves.


Comment fait-il pour, à chaque livre, en écrire un nouveau qui englobe tous ses précédents ?


Maîtrise-t-il la formule du cortex élevé à sa propre puissance ? Finira-t-il par être capable d'explorer l'espace-temps par la seule force de son écriture ?
Je l'ignore. Je ne suis pas Horologue, comme l'un des protagonistes du roman. Ni Archonite, comme l'un des autres. Ni reporter de guerre, ni Holly Sykes ni Marinus ni l'âme d'une Noongar migrant de corps en corps depuis l'aube des temps. Je suis un simple lecteur démentiel qui absorbe des univers inventés pour s'en faire des miroirs plus beaux que la déce(r)v(el)ante réalité.
Je ne jouerai pas au jeu de la recette pour vous expliquer tout ce qu'il y a dans The Bone Clocks. Tout simplement parce qu'il y a tout, dedans. TOUT est là. Tous les genres, tous les styles, tous les avenirs possibles et des myriades de passés re/décomposés. Le monde entier y est contenu, avec quelque chose de plus, quelque chose dont vous n'avez jamais entendu parler, et qui vous rendra... différents (au sens de "pas indifférents").
Je ne vous dirai pas de quoi ça parle, puisque ça parle de tout, aussi vous pourrez toujours y trouver ce que vous cherchez. Mais vous risquez fort aussi d'y trouver quelque chose que vous n'y cherchiez pas. Et si vous avez une nature curieuse, elle va connaître l'extase absolue. Pendant 590 pages.
Après, il faudra retomber dans la réalité et son gros défaut : la prévisibilité.
Voilà. Je vous ai tout dit, puisque je n'ai rien dit.
Ah, au fait, n'attendez pas la traduction ; apprenez l'anglais par hypnose, restez endormis et lisez The Bone Clocks, un livre qui vous révèle tout ce qui se passe pendant que vous clignez des yeux.

alfredboudry
9
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2014

Critique lue 514 fois

6 j'aime

7 commentaires

Alfred Boudry

Écrit par

Critique lue 514 fois

6
7

Du même critique

Le Cercle
alfredboudry
6

Le sourire de mon requin est plus radieux que ton avenir

A mes yeux, Dave Eggers est un peu le Quentin Tarantino de la littérature anglo-saxonne. Il a surgi un jour de l'anonymat avec une œuvre réputée d'emblée géniale (et qui l'était assez) après quoi il...

le 3 juil. 2014

16 j'aime

4

Tout peut changer
alfredboudry
9

La révolution a commencé... sans nous ?

(Commençons par un détail technique : il est absurde de devoir noter certains livres pour avoir le "droit" de les critiquer ici. Va noter la Bible ou le Capital ou l'Odyssée ! Cela ne rime évidemment...

le 17 nov. 2014

13 j'aime

8

Au commencement était...
alfredboudry
10

Monumentale pulvérisation de paradigmes (garantie et approuvée)

Avant d'entrer dans le détail, je dois raconter une anecdote personnelle. Il se trouve qu'une bonne partie de ma famille est archéologue. J'aurais d'ailleurs pu en être un, moi aussi, si j'avais...

le 10 déc. 2021

11 j'aime

2