«Il ne s’agissait pas de célébrer les lueurs d’un mourant paysage en rédigeant un livre plein d’images nocturnes, mais d’en proposer une théorie générale à l’usage de tous. Et non pas tant sous forme de spéculations abstraites que de consignes universelles. Il songeait aux anciennes instructions pour les prises d’armes, à ces vieux livres qui enseignaient les principes de la manœuvre dans le domaine militaire.»

Finalement loin du projet ambitieux visé initialement, le petit livre de Sébastien Lapaque est une flânerie, un égarement poétique qui n’échappe pas à la nostalgie, un lâcher de mots aux éclats multicolores, un livre à la légèreté d’une bulle qui s’envole et qui bientôt éclate parce qu’ «on n’est pas sérieux quand on écrit des cartes postales».

Sous cette apparence de fantaisie légère, c’est l’amour d’un langage si souvent foulé aux pieds aujourd’hui, que célèbre Sébastien Lapaque, la saveur de l’écriture, la profondeur, l’émotion ou l’imperfection des mots tracés par des anonymes oubliés, au recto d’une carte postale de Quiberon, de Bruxelles ou des îles Kerguelen.

Pas de théorie, pas de documentation, mais des cartes postales chinées et les vers d’Aragon ou de Paul-Jean Toulet, pour avancer avec élégance dans une vie dont les cartes postales seraient les cailloux blancs.

«Il faisait ainsi des rêves pleins d’étranges pays et de grammaire légère. Ecartelé entre le sommeil et la veille, il ne savait plus s’il devait vivre pour continuer à songer ou songer pour continuer à vivre. Il écrivait sa "Théorie" en dormant ; et des cartes postales en rêve ; et des cartes postales avec ses rêves.»
MarianneL
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le 13 mars 2014

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MarianneL

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