Un sergent fatigué, nommé représentant britannique honoraire sur une île sur le point d'être rasée (un placard doré avant la retraite en somme) se prend d'amitié avec un jeune garçon, autodidacte, élevé aux comics et à internet et sans doute orphelin.
Sans famille et voulant devenir un père pour lui, il se laisse convaincre par le gamin d'enfiler (une fois seulement) un costume de vigilante masqué : Tigerman.
Mais sur une île volontairement laissée dans le noir par le reste du monde (il faut bien ancrer les black ops et les trafics quelque part...), ce genre d'aventures n'est pas sans répercutions.
Si dans les trois romans qu'il a publié jusqu'à maintenant, Nick Harkaway a une marotte, c'est l'apocalypse. Qu'elle soit passée comme dans Gonzo Lubitsch, menaçante comme dans Angelmaker, ou imminente comme ici.
Il faut dire qu'on trouve difficilement plus efficace comme révélateur des personnalités.
Dans Tigerman, le genre super-héroique n'est qu'un prétexte, Lester Ferris (le protagoniste) ne se voit jamais ainsi : c'est avant tout un militaire fatigué cherchant avant tout à tout faire pour protéger et ne pas décevoir celui qu'il voit comme un fils.
Le tour de force de l'auteur est de réussir à parler avant tout de cette relation père-fils sans rendre les aventures feuilletonesques en arrière plan anecdotique.