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Les rentrées littéraires savent si bien mettre en avant les auteurs phares des différentes maisons d’édition (on parlera d’auteurs bankables, car l’édition est une économie : les auteurs attendus font les gros tirages, donc les grosses rentrées d’argent), appelés à rafler la plupart des prix avec la même surprise feinte d’année en année, qu’on en oublierai que ces rentrées sont aussi celles des petits nouveaux, qu’ils laissent ou non leur empreinte dans le paysage littéraire français. C’est le cas d’Emmanuelle Pirotte, dont la quatrième de couverture nous informe laconiquement qu’elle est scénariste et que Today we live est son premier roman.


Nous sommes en 1944 dans les Ardennes belges, au moment où l’armée allemande tente dans un baroud d’honneur de contrer l’inexorable marche en avant des armées de la Libération. Mathias est un soldat allemand, un SS d’une unité spéciale utilisée pour l’opéraiton Greif, visant à reprendre le contrôle de plusieurs ponts sur la Meuse afin de faciliter la progression des troupes allemandes. Comme tous ses camarades de cette unité si particulière, il parle un anglais quasi parfait, est revêtu d’un uniforme de soldat américain, et placé au volant d’une Jeep ennemie.


Le prenant pour un allié, un prêtre lui confie la petite Renée, une enfant juive dont l’existence est menacée par l’arrivée d’une colonne allemande dans son village. Au moment d’abattre l’enfant, et alors qu’elle tourne vers lui ses grands yeux noirs, Mathias réalise l’acte le plus surprenant et le plus humain de sa courte mais sombre carrière de SS : il décide, sans comprendre pourquoi, de la laisser vivre et de fuir cette guerre avec elle. La suite du roman raconte leur survie précaire dans une campagne belge épuisée et résignée, accueillant bon gré mal gré allemands puis américains, avec la même lassitude, n’aspirant qu’à vivre enfin paisiblement.


Today we live est un premier roman qui se lit bien, l’écriture est agréable, et on progresse facilement dans cette histoire qui ne manque pas d’originalité. Cependant et malgré ces débuts prometteurs, j’ai ressenti un manque de profondeur, un manque d’épaisseur dans les personnages et dans l’histoire en général, ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier le livre dans son ensemble, mais qui parfois m’a laissé un peu sur ma faim. Un auteur à suivre, dans tous les cas.

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le 8 oct. 2015

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Brice B

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