C'est quelques mois seulement avant sa mort en 1980 que Trente mille jours fut publié. Maurice Genevoix allait avoir 90 ans. S'écartant d'un déroulé chronologique strict, l'auteur va chercher dans son enfance, son adolescence, ses années d'études à Paris, ses épreuves dans les tranchées, dans le souvenirs de ses rencontres, tout ce qui a tissé le fil de sa vie, à partir de quoi il essaiera d'en trouver le sens.
Genevoix s'affirme comme un homme de terroir, celui du paisible Val de Loire Orléanais et de la Sologne. Ses descriptions du fleuve et de la forêt qu'il a si bien connus, de la vie qui habite la nature, sont expressives et sensibles. Mais l'auteur sait aussi parler avec empathie, mais non sans humour, de tous ceux qui ont compté pour lui, qu'ils aient été célèbres ou humbles. Mais le moment poignant de cet ouvrage est l'évocation des mois de combats vécus sur le front, de la déclaration de guerre en août 1914 jusqu'à la bataille des Eparges au printemps 1915, où il fut très grièvement blessé. Ce recueil de souvenirs laisse toutefois dans l'ombre sa vie vie familiale. A peine apprend-on dans un des derniers chapitres qu'il était marié. Parle-t-il de sa fille ? Je n'en suis pas sûr. Quoi qu'il en soit, Trente mille jours reste un livre précieux qui restitue l'air du temps d'un demi-siècle déjà si loin de nous.