Martin Eden + 50 nuances de Gray, mais sans le talent.

Il s’en est fallu d’un cheveux que je ne mettre 3/10 à ce flanc. Dès la préface on nous fait miroiter du très lourd comme quoi Robert Penn Warren est de la même génération que Hemingway, Faulkner, Steinbeck, etc, que bizarrement il est inconnu en France alors que ses romans sont géniaux.


Quelque chose frappe immédiatement à la lecture des premières pages : Le style. J’ai un peu de mal à comprendre ce qui pousse un vieil écrivain né en 1905 à écrire en 1977 comme au XIXe siècle un roman qui se passe dans les années 40. L’écriture n’est pas mauvaise bien entendu, mais elle ne pousse jamais plus loin qu’une imitation fade et impersonnelle d’un style emprunté au XIXe siècle… Le roman se cantonne à décalquer un mélange de grands auteurs mais en moins bien.


Le récit quant à lui ne parvient pas à nous embarquer pleinement tant la futilité de ce qu’il raconte est omniprésente. Passée la première partie qui a le mérite d’une certaine profondeur, où l’on découvre des personnages aux espérances déchues coincés dans un bled pommé de l’Alabama, le roman s’embarque dans une chronique des ébats amoureux du couple central durant un bon tiers du récit, si ce n’est la moitié (temps ressentit). Rien n’émerge de ça si ce n’est l’impression de lire un livre érotique qui ne s’assume pas. Le héros Jed Tewksbury (non content de sauter tout ce qui bouge) n’est qu’un Martin Eden fade et inintéressant, seule la relation avec sa mère d’une extrême justesse sauve les meuble et donne un peu d’épaisseur au personnage.


Au milieu de cette pantomime de 50 nuances de Grey point une espèce de complot/histoire de meurtre qui tente de redonner un peu de souffle au récit sans rien lui apporter, on frise ici le grotesque tant les enjeux sont nuls. Bref le récit brasse l’air pendant beaucoup trop longtemps, très déséquilibré, certains personnages réapparaissent 150 pages après avoir été introduit pour faire un dernier adieu émouvant au personnage principal alors qu’on a oublié qui ils étaient, et que leur histoire et leur personnalité ne sont absolument pas marquants.


Comme on peut s’y attendre de ce genre de roman en accordéon (un truc à chaque bout et de l’air au milieu) le dernier chapitre rattrape un peu cette odyssée du rien, dans une rédemption assez émouvante.


Bien sûr tout n’est pas à jeter dans ce pavé de 600 pages, mais quand on pense à tout ce qui s’est écrit au XXe siècle, pourquoi perdre son temps là-dessus alors que beaucoup d’auteurs américains qui ont une personnalité attendent d’être découverts ?


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Vladimir-Thoret
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le 23 févr. 2020

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