Cover Livres lus + Avis objectif d'un expert littéraire

Livres lus + Avis objectif d'un expert littéraire

Romans, philosophies et essais divers, Je mets les plus récemment lus en haut de la liste.
Mon avis est objectif et scientifiquement prouvé.

Liste de

62 livres

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a 14 jours

Quatre générations sous un même toit, tome I

Quatre générations sous un même toit, tome I (1949)

Sortie : 1996 (France). Roman

livre de Lao She

Vladimir Thoret a mis 5/10.

Annotation :

J'ai lu la moitié (400 pages quand même) et je m'ennuie un peu, le problème principal est l'écriture qui est assez fade et sans souffle, j'ai souvent l'impression de lire un roman de gare. Le cadre chinois sur fond d'invasion japonaise est sympa, les personnages sont bien campés, mais on a du mal à s'attacher à eux. On manque de description psychologiques, d'introspections, d'engagement émotionnel. Le récit manque de matière et je n'arrive pas à m'impliquer, alors autant arrêter ici au lieu d'aller au bout des trois tomes.

Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme
7.7

Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme (1927)

Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau

Sortie : 1927 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

Vladimir Thoret a mis 4/10.

Annotation :

J'ai commencé cette nouvelle avec quelques appréhensions car le dernier livre de Zweig que j'avais lu (Amok) m'avait paru insignifiant et sans aspérité (j'ai déplacé l'avis ci-dessous).

Mais ici Zweig m'a beaucoup plus convaincu au niveau de la langue, qui est plutôt belle et ciselée quoique parfois répétitive. Zweig insiste trop sur les souffrances sentimentales de son personnage principal, quitte à s'auto-paraphraser plusieurs fois dans une même page. L'histoire en elle-même se laisse lire, et j'ai apprécié la fin tragique et inéluctable.

Cependant la plus grosse critique que je puisse faire à cette nouvelle est la vision déplorable des femmes qu'elle propose. On suit une bourgeoise, sobrement désignée par "Mrs. C.", qui s'énamourache d'un homme bien plus jeune qu'elle, en une seule soirée, et qui est prête à plaquer sa vie rangée du jour au lendemain pour le rejoindre et vivre une idylle digne des fantasmes d'une collégienne.

Pour Zweig les femmes sont des êtres tellement irrationnels et soumis à leurs pulsions qu'il peut suffire de 24 petites heures pour que leurs vies basculent sur la base de choix guidés sur les émotions et pas sur la raison.
En ce sens le choix du titre n'est pas anodin. Parce que la nouvelle s'appelle bien "24h de la vie d'une femme" et pas "24h de la vie de Mrs.C", Zweig sous-entends, au fond, que toutes les femmes sont susceptibles de suivre le même chemin que Mrs.C si les conditions sont réunies.
Si j'étais machiste ce récit me conforterait dans mon idée que les femmes doivent être tenues en laisse, cantonnées à la cuisine et à la lessive, car si on leur donne trop de liberté elles pourraient abandonner mari et enfant du jour au lendemain pour les beaux yeux d'un don juan.

Le plus cocasse est que ce livre m'a été offert par une amie qui pensait sans doute m'éveiller aux combats féministes. Finalement j'y suis peut-être plus éveillé qu'elle.

Amok
7.5

Amok

Der Amokläufer

Sortie : 1922 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

Vladimir Thoret a mis 3/10.

Annotation :

Sans intérêt.
Dans la postface on lis que le manque d'originalité au "classicisme impeccable" de Zweig lui est souvent reproché. Je suis donc rassuré de ne pas être le seul à trouver Amok assez fade. Je suis resté à la surface du texte, sans jamais m'intéresser au récit ni aux personnages.
Le premier est un médecin frustré qui sombre dans une folie amoureuse sans aucune raison, le deuxième est une bourgeoise anglaise dont on ne peut rien dire d'autre.
Le style fait très XIXe siècle, mais sans personnalité, ce qui est d'autant plus affligeant car Amok a été écrit en 1922.
Quant au soit disant "exotisme" de l'œuvre, il n'y en a pas, mettre un laquais chinois ne suffit pas à recréer une ambiance coloniale, surtout quand il n'y a pas de description d'aucune sorte pour ancrer le récit dans un contexte géographique.
Poubelle.

La Montagne magique
7.9

La Montagne magique (1924)

(traduction Maurice Betz)

Der Zauberberg

Sortie : 1931 (France). Roman

livre de Thomas Mann

Vladimir Thoret a mis 4/10 et le lit actuellement.

Annotation :

Malheureusement force est de constater que la réputation de ce livre est surfaite. Bien entendu on prends plaisir quelque fois à découvrir les facéties de certaines résidents de ce sanatorium suisse, ou bien à accompagner le personnage principal dans des randonnées alpines ou dans des atermoiements amoureux. Mais malgré cela le roman échoue à dépasser la mise en bouche. La Montagne magique ce n'est qu'un recueil d'instants relatés. On aimerait que notre intérêt soit stimulé par des personnages passionnants ou par des moments de poésie ou de réflexion profonde... Or Thomas Mann nous épargne tout cela, et on dirait presque qu'il le fait exprès.

Aucun personnage n'est particulièrement mémorable, Que ce soit Settembrini, Chauchat, Krokovski, Joachim et quelques autres, ils sont peu passionnants, à commencer par le protagoniste Hans qui est tout à fait plat et sans aspérités. En fond de ses non-aventures s'émiette une ribambelle de personnages secondaires tout à fait insignifiants qui n'apparaissent qu'une ou deux fois pour beaucoup.
Ainsi face à ces personnages molassons et très peu campés, on a du mal à éprouver de l'attachement ou de l'émotion dans un roman qui s'installe dans un rythme lancinant et rarement perturbé.

L'auteur choisi tout de même de nous abreuver de temps en temps de longues discussions absconses entre Settembrini et Naphta sur tout un tas de sujets fort peu vulgarisés. Et lorsque Mann songe à développer une réflexion sur le temps, censée être un des sujets centraux du roman, on ne peut que constater le vide quasiment intersidéral de cette réflexion qui se résume à dire quelque chose d'évident et que tout le monde sait : L'écoulement du temps est relatif. Il n'est pas continu mais souple, il se plie au ressentit de chacun en fonction des moments. Bravo Einstein. On est extrêmement loin de Proust qui surpasse Mann sur cette question, mais aussi dans tous les domaines. Car La Montagne magique ressemble à version très édulcorée de la Recherche où l'on a retiré l'émotion et le style.

Napoléon
8.3

Napoléon (1931)

Sortie : 1931 (France). Biographie

livre de Jacques Bainville

Annotation :

Le livre a perdu mon intérêt vers sa moitié, tout le début est intéressant et montre bien comment Bonaparte a gravi les échelons petit à petit et comment il est naturellement devenu l'homme de la situation dans une France instable et secouée par les conséquences de la Révolution.
Mais à partir de l'Empire il y a beaucoup plus de choses à raconter, de détails et d'enjeux, en France comme dans le reste de l'Europe, et Bainville n'arrive pas selon moi à rendre tout cela très clair et captivant.
En outre il ne s'attarde pas sur les batailles et fait comme si on connaissait déjà les principaux événements de la vie de Napoléon, ce qui en 2023 n'est plus très vrai (merci l'éducation nationale)
Au demeurant, le livre est très bien écrit avec un souffle qui sied bien lorsqu'on parle d'un titan de l'Histoire.

Les Raisins de la colère
8.3

Les Raisins de la colère (1939)

(traduction Duhamel et Coindreau)

Grapes of Wrath

Sortie : 1947 (France). Roman, Culture & société

livre de John Steinbeck

Vladimir Thoret a mis 3/10 et le lit actuellement.

Annotation :

Moi qui ai beaucoup aimé des livres plus condensés de Steinbeck, j'ai été assez étonné du peu de qualité celui-ci. Un pavé flasque majoritairement constitué de dialogues où la langue est pauvre et les pensées des personnages absentes.
Des personnages qui sont eux même très peu attachants, si bien que l'auteur peut se permettre d'en faire disparaître certains en cours de route pour aucune raison particulière sans que ça n'impacte le récit en quoi que ce soit. Au fond on se fiche bien de ce qui leur arrive à ces gens car Steinbeck ne nous donne aucun moyen de nous projeter ou de lier un lien avec ces personnages.
Un roman aussi plat que la route que parcoure la famille Joad.

Le Corsaire rouge
6.2

Le Corsaire rouge (1827)

The Red Rover

Sortie : mai 2008 (France). Roman

livre de James Fenimore Cooper

Annotation :

J'ai lu le tiers, et on comprends pourquoi Cooper n'est pas édité en France. C'est de la littérature bas de gamme, avec une langue ampoulée et inintéressante. Au bout d'un tiers ni l'histoire ni le voyage marin n'a commencé. L'auteur se perd dans des discussions avec des personnages tertiaires et caricaturaux. Un premier tiers juste chiant, le livre fait 600 pages et j'ai mieux à faire que de lire ça.

L'Homme sans qualités, tome 1
8.4

L'Homme sans qualités, tome 1 (1930)

Der Mann ohne Eigenschaften

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de Robert Musil

Annotation :

J'ai lu 200 pages et j'abandonne, je n'arrive pas à rentrer dedans, c'est écrit de manière trop alambiquée, beaucoup de pages ardues et confuses. Je laisse de côté pour une autre fois.

L'écriture des pierres
6.8

L'écriture des pierres

Essai, Culture & société

livre de Roger Caillois

Vladimir Thoret a mis 5/10.

Annotation :

Je n'ai pas réussi à rentrer dans ce livre, si Roger Caillois écrit excellemment bien sur les pierres et révèle des trésors de poésie, le tout parait bien futile en fin de compte. C'est juste un mec qui délire sur des pierres jolies quoi, sans aller beaucoup plus loin que le visible. L'auteur n'en profite pas pour tirer son sujet vers le haut en proposant des réflexions plus larges sur l'art ou la beauté, ou bien en délivrant quelques clés de vulgarisation géologique afin qu'on en ressorte un peu plus instruit... Langue magnifique mais ça reste insuffisant pour en faire autre chose qu'un exercice de style un peu vide.

La Péninsule aux 24 saisons
7

La Péninsule aux 24 saisons (2011)

Sortie : 1 mars 2018 (France). Roman

livre de Mayumi Inaba

Vladimir Thoret a mis 6/10.

Annotation :

Tout le monde n'est pas fait pour ce genre de livre, très reposant et sans réelle intrigue. Une simple succession de tableaux et d'instants remémorés au cœur de la nature japonaise. L'auteur se livre en toute sincérité et nous parle de la simplicité de la campagne et de la déshumanisation de la ville. De belles pages sur le deuil et parfois des étincelles de poésie, mais ça manque encore d'un souffle plus profond.

Pour en finir avec la repentance coloniale
6.8

Pour en finir avec la repentance coloniale (2006)

Sortie : 2006 (France). Essai, Histoire

livre de Daniel Lefeuvre

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

L'axe de ce livre est de démonter divers poncifs qu'on croise souvent dans l'argumentaire de ceux qu'il appelle "les Repentants" vis-à-vis de la colonisation. L'auteur est un spécialiste du monde colonial et ça se voit, son propos est bien construit et sourcé abondamment. Il cite pléthores de chiffres, de sondages, de faits et citations qui mettent les points sur les i concernant cette période de notre histoire manipulée par certaines personnes. Alors parfois il y en a tellement que l'indigestion se fait sentir, mais mieux vaut ça que l'inverse. Sans nier les points noirs de notre histoire, l'auteur la remet en perspective pour y introduire les nuances de gris nécessaire.

- Bien que l'armée française ait fait preuve d'une grande brutalité, on lui prête souvent une "volonté d'extermination", chose totalement fallacieuse quand on sait que ce sont de graves catastrophes naturelles qui ont tué un tiers de la population arabe (sécheresse, sauterelles voraces, épidémie de choléra, et famines) entre 1865 et 1868.
- La brutalité de l'armée française n'était pas non plus particulière à la colonisation ni motivée par du racisme. Pour preuve les innombrables révoltes et guerres réprimées dans le sang sur le territoire français avant la colonisation de l'Algérie.
- L'Algérie et les autres colonies n'ont pas non plus été "pillées" par les méchants français. L'État français importait le plus clair de ses besoins d'autres pays non-colonisés, et payait bien plus cher ce qu'il achetait à ses colonies pour des raisons politiques. Entre autre l'essort économique de l'Algérie grâce au coton et au pétrole n'aurait pas pu être possible sans le soutien des français qui achetait beaucoup plus cher et arrosait sa colonie en subventions, même durant les temps durs. En tout et pour tout la colonisation a représenté un véritable gouffre financier pour la France qui a financé la modernisation de ces pays en creusant son déficit chaque année.
- Les algériens n'ont pas non plus aidé à "reconstruire la France après la guerre" pour la simple et bonne raison qu'ils ne représentaient que quelques pourcents des étrangers sur le sol français (la majorité étant italiens, espagnols et polonais) qui eux-même ne représentaient que quelques pourcents de la population active. Une aide existante et reconnue mais dispensable en somme.
- Par ailleurs les Nord-Africains étaient traité avec plus de considération qu'on l'imagine, mais j'arrive à la limite de caractères.

Bartleby le scribe
7.8

Bartleby le scribe (1853)

(traduction Pierre Leyris)

Bartleby the Scrivener : A Story of Wall Street

Sortie : 1853. Nouvelle

livre de Herman Melville

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Nouvelle sympathique de mon auteur préféré, rien de renversant mais se lit vite et en une fois. Les personnages sont bien plantés, l'écriture très précise à la Melville marche bien compte tenu du fait que l'intrigue se déroule dans un bureau de copistes.

Cent ans de solitude
8

Cent ans de solitude (1967)

Cien años de soledad

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Gabriel García Márquez

Vladimir Thoret a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Franchement c'est un chef d'oeuvre magistral, ça faisait quelques temps que je n'avais pas lu un roman qui m'émouvait comme ça. Durant les cent ans que dure l'histoire, échelonnée sur sept générations, on suit un ensemble de personnages poignant qui se succèdent, naissent, meurent, mais surtout sont en proie à une solitude qui constitue la trame du roman. L'expression "c'est entouré qu'on se sent le plus seul" n'aura jamais été aussi vraie. Les personnages évoluent au fil du temps, font face à leurs désillusions, Garcia Marquez nous livre de superbes pages sur la vieillesse, le temps qui passe irrémédiablement et qui nous rapproche de la mort. D'une grande densité, le livre aborde des thèmes passionnants et retourne le lecteur sans cesse, dans un sens propre comme figuré car la trouvaille extraordinaire de Marquez est de faire tourner en rond son livre, d'évoquer encore et encore des détails passés qui prennent de plus en plus de poids et d'émotion avec le temps, comme une spirale obsédante, une vaste fresque vibrante que j'ai adoré lire.

Le Pousse-Pousse
7.7

Le Pousse-Pousse (1939)

Sortie : février 1997 (France). Roman

livre de Lao She

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Premier livre chinois que je lis, c'était sympa. Le roman est court et Lao She déroule son récit avec une écriture fluide. Agréable à lire mais pas transcendantal pour autant, il n'y a pas vraiment de fulgurances et pour chipoter je dirais que c'est parfois répétitif.
Lao She nous parle de la déchéance progressive d'un jeune tireur de pousse, honnête et fringuant, qui va petit à petit tomber dans la bassesse et la mesquinerie à force de coup bas et de trahisons. Lao She nous plonge dans le quotidien peu envieux des classes populaires chinoises. Un livre désenchanté, mais qui reste léger pour un propos très dur au fond.

Le Guépard
7.6

Le Guépard

Il Gattopardo

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Ce qui est marquant dans le Guépard c'est qu'il est excellemment écrit, Lampedusa trouve des formulations délicieuses à lire, pleines d'ornementations qui tombent juste à point pour enrichir les descriptions sans en faire trop. Le roman m'a beaucoup plu pour sa capacité à imager ce qu'il raconte.
Ce qui manque au roman selon moi c'est un peu plus d'ampleur et de développement, en fin de compte ce qu'il raconte est plutôt anecdotique dans la mesure où on n'a pas vraiment le temps de s'attacher à Don Fabrizio.
En effet Lampedusa prend le parti de commencer son récit sur une histoire qui est déjà en train de finir. Le Guépard se fait vieux, il contemple la déliquescence de sa classe sociale sur fond de Risorgimiento, on suit ses pensées mais le récit reste trop en retenue pour moi. Le déclinisme décrit dans ces 300 pages crépusculaires est rondement mené, mais ça n'est pas assez pour me faire écarquiller les yeux.

L'Argent
7.4

L'Argent (1891)

Sortie : 1891 (France). Roman

livre de Émile Zola

Vladimir Thoret a mis 5/10.

Annotation :

J'ai choisi l'Argent pour mon premier livre audio. C'est vrai que c'est bien pratique, ça économise du temps, mais je pense que l'expérience est différente de la lecture. Le texte m'a paru assez désincarné, sans doute parce qu'il passe par le prisme d'un comédien et de l'écoute passive, au lieu d'être vécu intimement grâce à la lecture active qui ancre mieux les mots dans la tête...
Mais peut-être la faute incombe-t-elle au livre en lui-même ? L'Argent m'a paru fade, avec un côté roman de gare trop prégnant. C'est mon cinquième Zola et je commence à déceler toujours les mêmes ficelles dramatiques plaquées sur une histoire boursière moins passionnante que le milieu prolétaire décrit dans l'Assommoir ou Germinal par exemple. Avec beaucoup de personnages décrits à la va vite et peu attachant, peu de tension dramatique ou de fulgurances stylistiques, l'Argent n'est pas le Zola le plus haletant que j'aie lu. On sent qu'il fait partie des derniers Rougon-Macquart, que Zola commençait à en avoir marre (cf l'introduction) et qu'il écrit le roman correctement mais sans plus de conviction. Je comprends que ce soit l'un des moins connu, et au moins je n'aurais pas perdu de temps grâce au livre audio. Bof !

Apologie de Socrate • Criton • Phédon
7.7

Apologie de Socrate • Criton • Phédon

(traduction Bernard et Renée Piettre)

Sortie : 16 septembre 1992 (France). Essai, Philosophie

livre de Platon

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

C'est dans ce livre que j'ai lu les trois textes de Platon. Les explications nombreuses des auteurs sont très éclairantes. C'est presque un petit condensé d'Histoire de la civilisation Athénienne tant on en apprends sur le contexte historique contemporain de l'écriture de ces textes.

Phédon
7.4

Phédon

(traduction Monique Dixsaut)

Φαίδων

Sortie : septembre 1994 (France). Essai, Philosophie

livre de Platon

Vladimir Thoret a mis 4/10.

Annotation :

J'ai lu l'introduction et l'analyse, écouté la moitié en livre audio, et ce n'est pas pour moi. Le Phédon est un dialogue sur l'immortalité de l'âme. La veille de sa mise à mort, Socrate converse avec ses disciples dans sa cellule sur la mort, sur l'âme etc.
Le problème est que tout le texte est basé sur l'existence de l'âme, évidente pour les grecs mais plus du tout pour nous, gentilhommes du XXIe siècle. Bien sûr Le Phédon, comme tous les autres dialogues de Platon, permet de comprendre la civilisation grecque, les enjeux politiques et les croyances de l'époque. Mais sur le plan philosophique Le Phédon n'est tout simplement plus pertinent au XXIe siècle car l'existence de l'âme n'est toujours pas prouvée. Cela reviendrait à se demander si les licornes sont immortelles ou non. Ça peut être intéressant mais ça reste futile, car c'est mettre la charrue avant les bœufs. Il faut d'abord être certain/prouver que la licorne existe avant de débattre sur son immortalité. Ici la réflexion est la même : Le Phédon tiens pour acquis que l'âme existe, donc tout ce qui en découle résulte de l'hypothèse assénée comme vraie. Intéressant pour comprendre l'époque mais non pertinent pour moi.

Apologie de Socrate
7.5

Apologie de Socrate

(traduction Luc Brisson)

Apología Sôkrátous

Essai, Philosophie

livre de Platon

Vladimir Thoret a mis 8/10.

Annotation :

Un superbe texte, brillant de rhétorique et de verbe éclatant. Je ne connaissais pas cet épisode important de l'histoire de l'Antiquité qu'est le procès de Socrate.
L'introduction nous en apprends plus sur le contexte : Socrate a 70 ans, il a dédié sa vie à questionner ses concitoyens sur l'agora via sa fameuse maïeutique, un art du dialogue qui vise à questionner l'essence même des choses et qui ne manque pas de révéler à son interlocuteur l'étendue de son ignorance. Car pour Platon et à travers lui Socrate, la vraie sagesse réside dans la prise de conscience de son ignorance.

Inévitablement le vieillard finis par énervé deux trois mecs qui ne s'en remettent pas de l'humiliation, et l'accusent de diverses choses pour le traîner en procès. L'apologie de Socrate transcrit donc la défense du philosophe devant le tribunal et la foule. Ce texte n'est rien d'autre que le plaidoyer de Socrate brillant et vivant contre des accusations injustes.
En lisant ce texte on a vraiment l'impression de voir Socrate subjuguer la foule et les jurés de son parlé précis et juste, on ressent la perplexité mêlée d'admiration de la foule, et sa colère face à l'ironie de l'accusé qui n'hésite pas à se foutre de la gueule de tout le monde.

Socrate finira condamné à mort, souvent qualifié de "l'autre Jésus", une histoire tragique qui aura marqué Platon et les autres disciples de Socrate. Platon écrira ce texte 4 ou 5 ans après la mort de son maître. Pourquoi je raconte tout ça ? J'ai simplement envie de donner envie de lire ce superbe texte, court et puissant.

Le Banquet
7.4

Le Banquet

Sumpósion

Essai, Philosophie

livre de Platon

Vladimir Thoret a mis 6/10.

Annotation :

Premier livre de philosophie que je lis (il y a un début à tout). C'était plutôt sympa, c'est agréable de lire de beaux discours à la forme superbe. Après je pense que je n'ai capté que 10% du livre, il y a plein de chose à connaître sur les moeurs grecques et la mythologie pour pleinement l'apprécier. En tout cas c'est amusant d'être plongé 2000 ans en arrière pour constater que ces hommes ne sont pas si différents de nous. Pour ce qui est du fond le texte dépeint plusieurs visions de l'amour qui sonnent un peu vaines aux oreilles du zététicien du XXIe siècle que je tente d'être. Les discours sont intéressants et stimulants à lire mais ne rapportent rien de plus que de petites historiettes sympathique. Ce que je veux dire c'est que palabrer sur une entité inexistante (Éros) ne peut pas amener à dire du vrai. Pas vraiment d'arguments ni d'espistémiologie dans ces discours qui n'ont donc rien de bien concret.
Seul le discours de Socrate expose méthodiquement de vraies idées, et lire les divers exégèses du fameux amour platonique fut très intéressant. Maintenant je dois poursuivre ma virée platonicienne en attaquant l'Apologie de Socrate.

Le Bâtard
6.5

Le Bâtard (1929)

Bastard

Sortie : 2014 (France). Roman

livre de Erskine Caldwell

Vladimir Thoret a mis 6/10.

Annotation :

J'ai choppé cet petit livre, attiré par la couverture. L'auteur que je ne connaissais pas est de la génération de Faulkner, un écrivain américain du Sud qui a la particularité d'être l'un des écrivains américains les plus censurés de l'histoire... Et on comprends pourquoi dans ce premier roman : viol, misogynie, crime raciste, Caldwell expose froidement les vices de la petite ville de Lewisville. Le narrateur ne juge ni ne commente jamais ce qui est décrit, une manière d'écrire intéressante donc même si rien de transcendental pour autant. L'écriture dépouillée va droit au but dans un récit sympathique, intéressant. On suit les errances criminelles (bien que jamais considérées comme telles) de Gene, un fils de catin qui agit comme un rouage de la misère, comme un animal au comportement dicté par l'instinct, les pulsions basses, qui rendent mal à l'aise quand elles confinent au grotesque. Ce n'est qu'après avoir lu l'excellente postface de Michel Fabre (dont je tire les quelques éléments d'analyse) que j'ai mieux compris l'intérêt de ce texte, sans quoi je lui aurais mis seulement la moyenne.

La Route de Los Angeles
7.5

La Route de Los Angeles (1933)

The Road to Los Angeles

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de John Fante

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Passer de Alan Moore au premier roman de Fante, c'est un sacré grand-écart ! L'écriture de Fante je l'adore : nerveuse, virevoltante, frappadingue. Dans ce premier roman Fante raconte les tribulations d'Arturo Bandini, son jeune alter ego complètement siphonné, un gamin pauvre et irascible, pétri d'un narcissisme instable, agissant souvent de manière grandiloquente. Ce héros sulfureux, vraie tempête qui ne se calme jamais, oscillant en permanence entre les émotions les plus contraires, rend la lecture prenante aux tripes. Fante nous assène directement les émotions de son héros, on se sent happé par ses angoisses, ses aspirations contrariées. Le principal reproche que je ferais est l'absence de ligne directrice. Les crises de Bandini s'enchaînent sans qu'il y ait vraiment de fil rouge, si bien qu'on pourrait arrêter le roman n'importe quand sans éprouver le besoin de le terminer. Je lis par-ci par-là que ce premier roman est bancal par bien des aspects, voire médiocre. Moi je l'ai trouvé convaincant !

Jérusalem
8

Jérusalem (2016)

Sortie : 30 août 2017 (France). Roman

livre de Alan Moore

Vladimir Thoret a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

J'ai écrit une grosse critique, et ça vaut le coup de la lire parce que je me suis fait suer, mais voici un très très succinct résumé :

Jérusalem souffre de l'intention de l'auteur d'en faire un "livre monde". Il part dans tous les sens en mêlant les époques, les personnages, les styles littéraires, souvent de manière injustifiée. On sent bien en lisant Jérusalem que Moore a voulut rajouter du détail juste pour rajouter du détail, pour créer un ouvrage immense. En témoigne son écriture extrêmement pompeuse et foisonnante, débordante de descriptions à n'en plus finir.
Moore est d'extrême gauche, et parfois son idéologie prend le pas sur l'ambiguïté nécessaire à tout récit. Ses personnages insipides sont tous de bons samaritains, des prolétaires gentils exploités par "les riches" méchants. La plupart des personnages ne sont pas attachants, et Moore ne leur octroie qu'un chapitre à chaque fois.
Le plus énervant est que Jérusalem verse trop souvent dans l'exubérance. Moore dissémine partout des blagues foireuses, des traits d'humour qui se veulent amusants mais qui sont en inadéquation avec le ton général du roman sérieux et réaliste. Comme si Moore ne prenait pas au sérieux son livre et donc son lecteur.
Malgré ces gros défauts, j’ai régulièrement passé un bon moment. La force de Jérusalem réside plutôt dans son scénario emprunt d’idées inspirées des mathématiques et de la cosmologie. Beaucoup de gras comme dit précédemment mais un certain plaisir de découvrir les facéties de Moore qui nous abreuve de pleins d’idées originales, mélange hétéroclite de Dante, Lewis Caroll, et la 4ème dimension.
Jérusalem est un gros roman à n’en pas douter, mais pas un grand roman. Cette brique de 1900 pages vaut-elle le coup sachant qu'on peut lire moult chef d'œuvres dans le même intervalle ? Non.

Lolita
7.9

Lolita (1955)

Sortie : 1959 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Vladimir Thoret a mis 8/10.

Annotation :

Livre préféré de ma mère, je me suis décidé à lire ce fameux roman américain ayant fait scandale lors de sa publication en 1955. En effet Lolita est un roman moralement ambigu, mais avant cela c'est une œuvre splendide. Nabokov écrit divinement bien, beaucoup de passages sublimes et poignants m'ont fait lever les yeux d'admiration. La relation entre Lolita et Humbert est décrite tout en subtilité, sulfureuse à souhait, toujours dans l'ambiguïté la plus délicieuse. Malgré un mou un peu longuet au milieu du roman (500 pages tout de même), on est embarqué dans ce road-trip américain vernissé, cadre d'une histoire sujette à la morsure du temps qui passe, et qui rends les derniers chapitres très émouvants.

L'Ange en décomposition
8.6

L'Ange en décomposition (1970)

La Mer de la fertilité, tome 4

Ten'nin gosui

Sortie : 1980 (France). Roman

livre de Yukio Mishima

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Et voilà, dernier tome de cette tétralogie commencée il y a un peu moins d'un an pour moi. Pas grand chose à dire dessus, étant plus court je l'ai trouvé plus solide que ces prédécesseurs, Mishima se perd moins en digressions, sa prose est toujours époustouflante. La poésie désenchantée transpire à chaque ligne, force est de constater que le voyage que nous propose Mishima est vraiment très prenant, on se sent ému par tout ce que nous dit indirectement l'auteur, sans vraiment tout comprendre précisément. Le final très émouvant et sybillin, j'ai hâte de lire les exégèse qu'on a fait de ce grand œuvre.
Bien que souffrant d'un style trop recherché et d'un manque d'ancrage, notamment à cause de longueurs qui brassent l'air, La mer de la fertilité fut une belle expérience.

Tandis que j'agonise
7.9

Tandis que j'agonise (1930)

As I Lay Dying

Sortie : 1934 (France). Roman

livre de William Faulkner

Vladimir Thoret a mis 3/10.

Annotation :

Premier livre de Faulkner que je lis, ça m’est passé au dessus de la tête. La faute à des choix formels lourdingues et pas du tout crédibles. D’abord Faulkner se heurte au problème de concilier belle littérature et langage parlé sans que ça paraisse hors de propos. Malheureusement c’est raté, les personnages étant des bouseux du Mississippi, on y croit pas un quart de seconde quand ils monologuent poétiquement. En plus ils sont douze mille, tour à tour narrateurs le temps d’un court chapitre, ce qui rend le récit très décousu et souvent incompréhensible. Le roman prend la forme d'une multitude de voix qui se veut moderne mais en réalité bien pesante à la lecture. Aucun personnage n’est vraiment attachant car peu explorés (pas le temps en 300 petites pages), aucun chapitre n’est mémorable. Construit de manière trop morcelaire pour susciter l’intérêt, Tandis que j’agonise m’est apparu comme un petit roman insignifiant et prétentieux d’un auteur qui se masturbe sur ses idées formelles. Outre cette structure narrative intriquée qui est la trouvaille du roman pour l’époque, Faulkner a voulût complexifier le tout par une écriture brouillonne et confuse, sans doute pour rendre son roman encore plus moderne et innovant et génial. Les ficelles du roman sont grosses à ce point qu’on ne peut se sentir happé. Ouste.

L'Image de pierre
7.3

L'Image de pierre

Il Grande Ritratto

Sortie : 1959 (France). Roman

livre de Dino Buzzati

Vladimir Thoret a mis 8/10.

Annotation :

Bon petit roman de Buzzati, étrange et inquiétant comme le fait si bien cet auteur. Démarrant mine de rien sur un professeur de physique convoqué au ministère des armées, l'intrigue devient de plus en plus mystérieuse à mesure qu'elle progresse. L'objet de ce mystère, que je ne dévoilerai pas bien entendu, est vraiment bien pensé, et admets des pistes de réflexion sur le trans-humanisme, l'amour et la complexité de l'âme.
Se lit rapidement, je conseille.

Le Procès
7.8

Le Procès (1925)

(traduction Alexandre Vialatte)

Der Prozess

Sortie : 1933 (France). Roman

livre de Franz Kafka

Vladimir Thoret a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très enthousiasmé par Le Château que j’avais dévoré, je me lance dans Le Procès non moins reconnu, verdict : c’était bien mais un peu imbitable par moments. L’écriture de Kafka manque un peu d’air disons, certains passages trop détaillés, trop sinueux, m’ont alourdi les paupières. Néanmoins l’absurde kafkaïen est toujours aussi délectable. Le procès est parsemé d’instants de pure étrangeté, souvent drolatiques, qui entretiennent une aura bizarre durant la lecture. Puisqu’on ne connaîtra jamais l’objet de ce procès intangible, Kafka construit ces fragments autour du vide, du rien, car rien ne mène nulle part. Toutes les réflexions du personnages se construisent sur des hypothèses, rien ne sera jamais affirmé car il n’y a pas de réalité tangible. Le Procès prend la forme d’un hamster qui tourne dans sa roue, chose encore plus géniale quand on considère la forme inachevée du roman. Un proto-roman unique, qui confirme la considération particulière que j’ai pour Kafka qui met en scène l’incertitude existentielle dans toute son absurdité, thème qui m’obsède personnellement.

Le Temple de l'aube
7.7

Le Temple de l'aube (1970)

La Mer de la fertilité, tome 3

Akatsuki no tera

Sortie : 2 janvier 1981 (France). Roman

livre de Yukio Mishima

Vladimir Thoret a mis 6/10.

Annotation :

Ce troisième tome fut légèrement plus intéressant que les deux premiers. On y décèle un vrai sentiment de mélancolie en retrouvant des personnages vieillissants. Avec l’âge et la décrépitude vient la perversion, le voyeurisme, qui rendent Honda et ses pairs plus humains et plus ambigus qu’auparavant. Cependant les longueurs de Mishima sont toujours là. Entre un voyage en Inde longuet et une explication sur la réincarnation qui tue le charme surnaturel de la tétralogie, Mishima étale toujours un nombre de descriptions incalculable. La langue de Mishima est superbe mais son génie de l’écriture est surabondant, au détriment de l’histoire qui n’avance pas.
Le contexte historique de l’occupation américaine n’est pas non plus exploité, contrairement à ce que j’espérais à la fin du tome 2.
En somme, Le temple de l’aube réussit à renouveler un peu la tétralogie avec de l’exotisme et du sulfureux, mais sa forme souvent pompeuse rassasie trop vite.

1984
8.3

1984 (1949)

(traduction d'Amélie Audiberti)

Nineteen Eighty-Four

Sortie : 1 juillet 1950 (France). Roman, Science-fiction

livre de George Orwell

Vladimir Thoret a mis 7/10.

Annotation :

Encore un livre culte que je n’avais jamais effleuré. Ce fut une bonne lecture dans le train. Orwell a plein de bonnes idées que j’imagine singulières pour l’époque de parution du bouquin. Le novlangue est pour moi la meilleure de ces idées et rend la lecture très intéressantes. Le roman a tout pour plaire : bien proportionné dans sa forme, ni trop long ni trop court, bien fourni avec un fond réfléchi; mais malgré le génie inventif de Orwell j’ai trouvé le tout un peu arrondi sur les bords. Quelques moments sont haletants, notamment une scène de torture mémorable, mais il m’a peut-être manqué un meilleur développement des personnages auquel je me suis peu attaché. J’ai l’impression qu’en décrivant avec minutie son système dystopique (entreprise dans laquelle il réussit complètement), Orwell oublie de creuser ses personnages. 1984 reste un très bon livre au demeurant.

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