Vermilion Sands
7.4
Vermilion Sands

livre de J.G. Ballard (1971)

On pourrait facilement se perdre, définitivement, dans cet intervalle temporel, dans la station balnéaire de Vermilion Sands, villégiature au milieu des dunes plongée en léthargie, autrefois fréquentée par des cinéastes d’avant-garde et des excentriques cosmopolites, séjournant dans des résidences désertées qui s’affaissent aujourd’hui dans les sables.

Dans ces récits hypnotiques, des femmes passent comme des comètes, des femmes aux noms hollywoodiens bizarrement désuets, à la chevelure bleue, cerise ou corail, silhouettes dorées ou spectrales mais toujours fatales, visages mangés par des yeux de diamant, femmes aperçues au creux de la banquette d’une Rolls ou d’une grande Cadillac, êtres dévorés par l’ennui, le narcissisme et la culpabilité, endeuillés par des traumatismes en suspens, tandis que des troupes de raies des sables tournoient dans le ciel comme des nuages menaçants.

Il n’y a plus de livres ou de poèmes à écrire, plus de tableaux à peindre, plus de musique à composer, tout est désormais mécanisé. Mais les œuvres, les objets, tout comme les animaux, les plantes, les maisons, portent en germe la rébellion contre le façonnement, la marchandisation, la répétition imposée par la mécanisation, contre le trop plein d’émotions et les névroses.

Dans ce décor désaffecté aux couchers de soleil crépusculaires, on assiste, fasciné, à la collision du futur avec le passé. Lire Vermilion Sands, c’est comme voir un rêve et entendre sa musique, c’est un envoûtement.

« La plupart d’entre nous souffraient, à des degrés divers, de lassitude balnéaire, malaise chronique qui exile ses victimes dans un trouble nirvâna de bains de soleil interminables, de lunettes noires et d’après-midi sur les terrasses. » (Numéro 5, Les Étoiles)

« La femme allait et venait dans son salon, changeant les meubles de place, presque nue à l’exception d’un grand chapeau en métal. Même dans la pénombre, les lignes sinueuses de ses cuisses et de ses épaules avaient un reflet doré scintillant. C’était la lumière incarnée des galaxies. Vermilion Sands n’avait jamais rien vu de pareil. » (Prima Belladonna)
MarianneL
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le 22 janv. 2013

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