« Ça commence par des frissons, comme un rhume banal »

Dans ce roman post-apocalyptique russe où une maladie ultra contagieuse a tué une grande partie de la population mondiale, une poignée de survivants moscovites tente d’atteindre Vongozero, un lac septentrional coupé de toute civilisation.
[...]
Vongozero est un premier roman post-apocalyptique russe bien mené, plein de tensions, malgré quelques petits défauts. Prisonnier dans l’esprit d’Anna, nous ne pouvons que subir le convoi de voitures sur les routes dans l’instant présent, pratiquement sans aucune ellipse (d’où une certaine lenteur), sans avoir aucune idée de ce qui se passe ailleurs dans le monde.

Ils ont tout quitté pour essayer de survivre et se jettent dans le monde infesté de malades et de guet-apens. Prisonniers de leurs voitures, seules barrières contre le monde, à 1000 km de leur objectif, leurs chances d’arriver sains à Vongozero sont maigres.

La sensation d’isolement, la peur de l’inconnu, amplifiée par le récit à la première personne, ainsi que la terreur de la contamination, la lutte pour ne pas mourir de froid, pour trouver de l’essence et ne pas rester en rade...

La promiscuité forcée aussi, puisque Anna se retrouve embarquée avec l’ex-femme et les amis de son mari, avec lesquels le courant n’est jamais passé. Anna, à laquelle on s’identifie facilement, s’efforce de cohabiter sans faire de vague, mais attend trop souvent que les hommes prennent des décisions.

L’auteur a choisi de placer la tension dans la psychologie des rapports humains, et de laisser suggérer les visions d’horreur. Les montrer aurait été un plus, mais la force de ce roman est en effet de réunir des personnages au caractère bien dessiné, certains rustres et tous équipés de leurs fusils de chasse ‒ et petit clin d’œil, jamais contre un peu de vodka, surtout quand c’est la fin du monde. Les codes sociaux s’effritent d’autant plus vite que le petit groupe de survivants s’enfonce dans les contrées arriérées du nord de la Russie.

Un premier roman qui a su créer une sorte de cocon post-apocalyptique russkoff réussi, qui se lit très vite et indépendamment du deuxième tome à venir (mais qui permettrait de faire évoluer un personnage passif). Vongozero est publié par les éditions Mirobole dont la ligne éditoriale est centrée sur la littérature urbaine et fantastique de pays peu édités en France, d’Europe de l’Est et du Nord, mais aussi de Turquie. Autant dire une manne de textes et d’ambiances inconnus des lecteurs français, cachés sous des couvertures bien faites !

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le 25 oct. 2014

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