C'est le grand subterfuge de l'incurie maternelle, cette Providence supposée

Probablement l'un des plus grands romans français.
La badinerie la plus crasse côtoie la profondeur et l'élévation, la gouaille populaire suit le lyrisme détonnant, l'aphorisme implacable tend son point au je-m'en-foutisme assumé, et le héros n'en finit pas de croiser les gens perdus, les désespérés, les oubliés, au milieu de péripéties rocambolesques et fascinantes qui s'enchaînent.
Nous voici dans l'intérieur d'un grand esprit (je parle ici du héros qui s'exprime et non de l'auteur ; si déplorables furent les choix politiques et idéologiques de Céline, je détaille l'oeuvre en la dissociant complètement de l'homme), honnête dans sa collection de défauts : de mauvaise foi, désabusé, raciste latent, cynique, péremptoire. Dégueulasse, mais hypnotisant.
Voici le chant homérique ultime des "bas-fonds" et des coulisses du monde composée d'une prose ample et foudroyante, tranchante comme une révolte, lucide comme le sang.
Oneiro
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le 4 févr. 2013

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