Nous n'avons pas marché sur Mars, malheureusement ...

Difficile de noter différemment les deux tomes de Voyage, tant ils forment un tout cohérent et pourtant, alors que j'ai eu du mal avec le tome 1, j'ai dévoré le tome 2.
On peut presque se demander si la coupure est réellement justifiée, vu que le tome 2 reprend exactement là où le tome 1 s'arrête, et au lieu de 500+340 pages, 840 d'un bloc auraient peut-être été plus justifiées. J'ai aussi du mal à les noter séparément, et là où j'ai mis un 6 (en fait plutôt un 6.5) au premier, l'ensemble global s'approche plus des 7.5.

Alors que le tome 1 était dans son approche très réaliste, bien qu'uchronique, s'appuyant sur des travaux qui ont réellement lieu, le tome 2 est plus romancé, et se concentre finalement plus sur l'objectif final, mais aussi sur les personnages introduits dans le tome 1, même si je regrette le manque d'approfondissement de Ralph Gershon et Phil Stone, notamment leurs buts personnels, au contraire de Natalie York qui gagne en profondeur.
J.K. Lee est un des personnages que j'ai préféré par son côté passionné et borné, qui sent qu'il a raison et prêt à mettre sa carrière, sa famille et sa santé en péril pour le prouver. Muldoon (alias Buzz) l'astronaute se transforme en gestionnaire, obligé de faire des compromis pour mener à bout cette aventure alors que c'est contre sa nature profonde, et Viktorenko le Soviétique apparaît comme un mentor, qui va guider York vers son destin, montrant que chez les astronautes, au contraire des politiques, la Guerre Froide était déjà de l'histoire ancienne.
Je me demandais quels seraient les derniers mots de l'histoire, et ils correspondent parfaitement au personnage qui les dit, et laisse tellement à rêver sur ce que sera l'avenir de l'Homme dans l'espace.

Il est aussi intéressant de noter que S. Baxter ne perd pas le sens de la réalité, puisqu'il laisse imaginer à ses héros ce qu'aurait pu être le programme spatial post-Apollo si la conquête de Mars avait été abandonnée.
Or cette interrogation correspond précisément à ce qui s'est s'est passé dans notre réalité, c'est à dire que depuis 1974 aucun homme n'a dépassé l'orbite terrestre basse, mais que notre connaissance du Système Solaire s’approfondit de jour en jours grâce aux résultats passionnants des sondes robotisées envoyées de plus en plus loin, jusqu'aux confins du Système qui nous a vu naitre avec la mission New Horizons devant arriver sur Pluton mi-2015.
A l'inverse, le programme spatial martien nous aurait fait poser un pied sur cette planète, mais la plupart des planètes et objets du Système Solaire nous seraient restés méconnus.

A lire donc, c'est bien documenté, mais ça nous laisse frustré qu'on ne soit pas réellement allé sur Mars.