Zombi
6.8
Zombi

livre de Joyce Carol Oates (1995)

J'aime beaucoup Oates, comme je le disais dans le billet à propos de La Fille du fossoyeur. J'aime la manière dont elle décrit les États-Unis, la proximité qu'elle parvient à créer entre ses personnages et ses lecteurs. Pourtant, ici, j'ai été vraiment mal à l'aise tout au long du roman. Dans Zombi, le narrateur est un meurtrier en série visiblement psychotique, obsédé par l'idée de créer un zombi qui le vénèrerait et lui obéirait en tout. Certains passages sont à la limite de l'insoutenable. Je sais bien, avec la télé et les séries on devrait être habitués à ce type de scènes, mais je n'ai pas la télé et j'ai du mal à lire une description froide et clinique d'une lobotomie au pic à glace sans avoir envie de vomir, ou de tomber dans les pommes, voire les deux à la fois. Du coup, entre frissons et hauts-le-cœur je ne suis pas réellement certaine d'avoir apprécié ce roman à sa juste valeur. J'aime toujours autant l'écriture d'Oates, son côté précis et empathique, mais j'ai eu du mal à supporter la violence de Quentin. Il y a dans ce personnage un côté erratique, ni froid ni précis ni même organisé, qui me fait encore plus frémir que Dexter, par exemple. Il ne fait que suivre des pulsions, sexuelles la majorité du temps, voit toute autre personne comme un ennemi, hait le monde entier ... et au final ça donne un univers probablement trop sombre et désespéré pour moi.

Sauf que, en fait, j'ai quand même apprécié ma lecture. Je crois que c'est ce qui me donne le plus de frissons. Moi, qui me considère comme psychologiquement plutôt normale (enfin, non, mais bon, vous voyez ce que je veux dire, je suis passablement tarée mais j'ai peu de pulsions meurtrières, et en tout cas il ne me viendrait pas à l'idée de les mettre réellement en œuvre) j'ai apprécié de lire l'histoire d'un malade mental pervers qui viole et torture de jeunes hommes (voire garçons) pour satisfaire son ego. Est-ce que c'est ce qu'a voulu Oates ? Est-ce qu'elle a profondément désiré semer le doute dans l'esprit de ses lecteurs quant à leur santé mentale ? Si c'est le cas, c'est réussi ET C'EST PAS BIEN GENTIL ! En même temps, cette illustration de la présence de la folie tout autour de nous est réussie et, même si je ne la conseille pas aux âmes sensibles, elle mérite une lecture. Caché dans un coin, peut-être.
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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