« Statistiquement, dire que nous sommes seuls dans l’univers est une absurdité… »

Ainsi s’exprime Nathalie Cabrol, sur France Info, le 6 janvier 2023, lors de la présentation de son livre « À l’aube de nouveaux horizons » et d’insister « Ce qui est sûr, c’est que l’on trouve les briques de la vie partout ».


Nathalie A. Cabrol est née en août 1963 à Paris, elle fait ses études à l'université de Nanterre, puis à Panthéon-Sorbonne où elle obtient son doctorat en 1991. Entre 1985 et 1994, elle fait de la recherche en géologie planétaire avec son mari, Edmond Grin, à l'Université Paris-Sorbonne et à l'Observatoire de Paris-Meudon. En 1994 elle déménage aux États-Unis pour un post-doc à la NASA. Elle et son mari décident de rester aux États-Unis et deviennent citoyens américains. En 1998, elle devient employée de la NASA travaillant à l'institut SETI. Sélectionnée en octobre 2014 pour développer des nouvelles stratégies d'exploration et de détection de biosignatures dans le cadre de la mission Mars 2020. Elle est nommée directrice du centre Carl Sagan pour l'Étude de la Vie dans l'Univers de l'Institut SETI.


Un sacré petit bout de bonne femme ! Comme elle trouve la vie de bureau un peu monotone : "Avec son équipe, elle a escaladé le volcan Licancabur (6014m d'altitude) [Chili] à plusieurs reprises pour y conduire des recherches, notamment en plongeant en apnée dans le lac sur le cratère. Ses activités d'explorations de lac, visant à chercher des extrêmophiles (microbes avec la capacité de survivre dans des environnements extrêmes), font d'elle la détentrice (officieuse) du record féminin d'apnée et de plongée réalisées à la plus haute altitude" (WIKI).


Donc Nathalie, depuis longtemps, est en quête d’indices montrant que la vie existe ailleurs que sur notre bonne vieille Terre « ce que l’on sait, c’est qu’il y a au moins 125 milliards de galaxies dans l’univers, que chacune de ces galaxies contient plus de 100 milliards d’étoiles et qu’autour de chacune de ces étoiles tourne au moins une planète » … d’où le titre de cette chronique ! Il est complètement insensé d’imaginer que la vie n’ait pu apparaître que sur Terre. Et pourquoi donc ? Juste pour satisfaire l’égo de quelques insupportables prétentieux ? C’est une absurdité absolue !


Elle ajoute même que ça ne fait que 150 ans, à peine, que l’on cherche des preuves de cette vie, alors que l’univers, lui, a plus de 13 milliards d’années et, réfléchissons un peu, il est fort possible que des formes de vie, voire des civilisations ayant atteints des stades de développement similaire au nôtre soient nées avant nous, qu’elles aient disparu, que certaines aient été éphémères, que certaines soient en ce moment en activité à des millions d’années-lumière, donc impossibles à déceler, sachant aussi que la plupart n’ont probablement pas dépassé le stade bactérien.


Alors, comme de nombreux autres astrobiologiste, Nathalie consacre son existence à la découverte de signes de vie extraterrestre. Bien que directrice scientifique du centre SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence, « Recherche d’intelligence extraterrestre »), ce sont les biosignatures qui sont ses cibles. Ces traces que laissent les organismes vivants dans l’atmosphère ou dans le sol et qui sont la preuve de la présence de vie.


Ce livre, d’une richesse exceptionnelle, fait un point complet des connaissances actuelles sur les explorations spatiales récentes ou en cours (et franchement, on va de découvertes en découvertes – moi qui croyais être à peu près à jour…) et sur les projets prévus dans un proche avenir qui ouvrent sur de nouveaux horizons ! Nous avons vraiment la chance de vivre une époque FORMIDABLE, car les missions prévues pour les vingt ou trente années à venir devraient être d’une abondance, en découvertes, à couper le souffle ! Dans la continuité des trente dernières années qui, grâce au génie humain, aux progrès des sciences et des techniques, nous permet de découvrir et de comprendre l’univers dans lequel nous vivons. Loin des croyances les plus saugrenues et des hypothèses les plus hasardeuses, la conquête de l’espace – que beaucoup considère encore comme un gaspillage inutile – nous abreuve d’images et de caractérisations chimiques incroyablement précises de corps célestes proches ou lointains, grâce aux télescopes spatiaux, sondes et autres rover hyper intelligents comme autant d’éclaireurs de l’humanité (n’oublions pas qu’un mobile qui prélève des échantillons sur Mars n'est pas un drone piloté depuis la Terre : suivant les positions respectives des planètes, un signal radio peut mettre plus 40 minutes pour faire un aller-retour. Il doit donc se débrouiller seul !).


« Les briques de la vie sont partout », demain, on saura si la vie (même microbienne) est partout ! Car, en digne prosélyte de Carl Sagan et en tant que scientifique, Nathalie le paraphrase : « Je ne veux pas croire. Je veux savoir ».


Je regrette vraiment d’être trop âgé pour pouvoir assister au spectacle…


Je recommande chaudement cet ouvrage aux curieux et aux amateurs d’astronomie et d’astrobiologie, même si, par moment, sa lecture est un peu ardue, mais c’est le prix à payer pour un travail complet et de qualité.


Dans le « spolier » ci-dessous, pour ceux qui souhaitent plus de détails, je rédige une sorte de compte rendu du livre, en soulignant les passages les plus marquants.
Il est surtout à l’usage de mon petit-fils dans la continuité et en complément – voire en pièce maîtresse – de la compilation de documents qui ont fait l’objet du commentaire du livre de Florence Raulin-Cerceau « La Recherche de vie extraterrestre » :
https://old.senscritique.com/livre/la_recherche_de_vie_extraterrestre/critique/280388166


Au moment de poster mon papier je découvre le statut de "Jaklin" sur le livre « L’urgence climatique est un leurre », alors, comme je ne sais pas lire les messages codés du style « watch?v=oxql8o1v-oA » je vais mettre ici une citation (que j’avais supprimée pour alléger le texte) issue du livre de Nathalie :


« Quel profit y a-t-il à tirer, pour notre espèce, de la destruction systématique de notre planète et de sa biodiversité ? Et pourquoi ne parvenons-nous pas à sortir de cette illusion d’invincibilité et de déni face à une température qui augmente et des catastrophes naturelles de toutes sortes qui sont chaque année plus intenses ? Notre impact sur notre planète devient chaque jour plus dévastateur. Pourtant, nous détournons le regard, laissant en héritage un environnement planétaire inconnu et hostile à nos enfants. »


Et comme beaucoup s’arrêteront ici, je laisserai le mot de la fin à Nathalie Cabrol désabusée devant notre entêtement à détruire notre environnement :


« Si nous échouons, personne ne saura jamais que quelque part à la périphérie de la Voie lactée, la vie émergea un jour sur une petite planète bleue […] Les couleurs de nos peuples, le son de nos musiques, l’ingéniosité de notre science et de notre technologie, la beauté de notre architecture et la force de notre amour seront perdus et oubliés à jamais alors que les vagues de l’océan cosmique passeront sur un rivage planétaire désormais silencieux où, autrefois, les oiseaux chantaient, Mozart jouait et Einstein rêvait. »


Donc, nous y voici, c’est un long texte de plus de 3300 mots mais que j’ai considérablement condensé étant parti de plus de 17000 mots…


L’autrice ne cache pas être une fervente « disciple » de Carl Sagan, au point de préciser : « J’ai accroché un portrait de Carl à côté de mon bureau pour m’assurer que ce serait la première chose que je verrais en arrivant le matin. »
Carl Sagan est un scientifique et astronome américain, né en 1934 à Brooklyn et mort en 1996 à Seattle.
Il a obtenu son doctorat en 1960 avec une thèse de planétologie à l'université de Chicago.
Il participe à la plupart des missions d'exploration du système solaire des années 1970 et 1980 et notamment le programme Pioneer.
Il est également connu pour ses contributions à la vulgarisation scientifique. Il a été le concepteur et l'animateur de la série télévisée Cosmos, qui a été diffusée dans le monde entier et qui a contribué à faire connaître la science auprès du grand public.
Il a également écrit plusieurs livres à succès sur l'univers et la science, dont Pale Blue Dot et le livre Cosmos, dérivé de la série.
https://old.senscritique.com/livre/cosmos/critique/237887770
Il est l'un des fondateurs de l'exobiologie, et a soutenu le programme SETI de recherche d'intelligence extraterrestre.
Nathalie gardera toujours présent à l’esprit sa recommandation « pour que je reste toujours fidèle à la science et aux données plutôt qu’aux opinions, même quand elles vont à l’encontre de l’ordre établi. »


Quant à nous, nous devons toujours nous souvenir que « Nous sommes tous à bord du même vaisseau, unis par un même destin. Toute autre considération est futile. »
Et avoir présent dans sa mémoire la photo de la Terre que Carl Sagan fit prendre par Voyager 1, le 14 février 1990, à 6 Milliards de kilomètres de notre planète qui n’était plus qu’« un grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil », juste un « Point bleu pâle » à peine visible dans le noir sidéral !
Et de se répéter, chaque fois que l’on s’imagine investi d’une quelconque importance, qu’on est invisible sur un minuscule point bleu pâle perdu quelque part dans l’univers…


C’est dans les années 1990 que les premières exoplanètes ont été identifiées, à l’Observatoire de Haute Provence. Aujourd’hui, les télescopes spatiaux comme Kepler, TESS, Hubble et maintenant le James Webb (JWST), nous ont permis de répertorier plus de 5 200 exoplanètes. Certaines sont de type terrestre et une fraction d’entre elles sont situées dans la zone habitable de leurs étoiles (Rappelons que la zone habitable d’une étoile est l’espace entourant une étoile et où la température à la surface des planètes y orbitant permettrait l'apparition d'eau liquide).
Nous verrons plus loin que beaucoup de choses ont été dites avant la découverte de ces planètes (dont le nombre ne cesse de croître) et qui, depuis, sont remises en question.


Avant d’aller enquêter ailleurs, où sommes-nous ?
Notre étoile, le Soleil, est une naine jaune, tout à fait banale, situé quelque part au cœur du bras d’Orion, dans la Voie lactée, notre galaxie (d’un diamètre de 100 à 150 000 années-lumière), à 27 000 années-lumière de son centre dans un Univers qui compte peut-être 125 milliards de galaxies. Dans cette immensité, la mission Kepler nous a appris que les systèmes planétaires sont la règle et non pas l’exception (Rappelons que Kepler est un télescope spatial dont la mission est de détecter des exoplanètes).


Les données de la mission Kepler sur le nombre d’exoplanètes existant uniquement dans notre galaxie confirment l’existence de milliards de planètes de type terrestre situées dans la zone habitable d’étoiles semblables au Soleil. Si même une seule planète sur un milliard a développé une civilisation avancée (soit quelques milliards dans l’Univers) il s’ensuit qu’en toute probabilité, l’Univers abonde de planètes abritant une vie simple, microbienne.


Et si nous nous penchons sur les conditions où la vie, sur Terre, subsiste là où on ne l’attend pas : « Partout où nous nous tournons, des plus hautes montagnes aux gouffres les plus profonds, des milieux les plus acides aux environnements les plus alcalins, des déserts les plus arides aux régions les plus glaciales, dans des endroits dépourvus d’oxygène, à l’intérieur des roches, parfois à des kilomètres sous la surface, dans le sel, ou encore dans des lieux soumis à des radiations ou des pressions intenses, la vie est toujours présente. »
Attendez, ce n’est pas tout, il semble bien qu’on ai la preuve (présence de carbone biogénique) dans des roches vieilles de 4,1 Mda en Australie et de 4,28 Mda au Canada (seulement 200 millions après le solidification de la surface terrestre !).


Il y a longtemps que ça "grouille" ici-bas, mais ce que nous ne savons pas, c’est comment la vie est apparue.


Mais si on ne sait comment la vie est apparue, les « briques » de la vie, elles, sont partout. Elles sont faciles à former, et elles peuvent s’assembler dans une multitude d’environnements extrêmement différents. Cette observation ainsi que des travaux en biophysiques ont conduit à se demander si la vie n’était pas une évolution inéluctable plutôt qu’accidentelle.


Et chez les voisines ?


1- VÉNUS :
Tout le monde connait Vénus comme sa poche, « l’étoile du berger ! », l’astre le plus brillant de notre ciel, « l’étoile du matin » qu’on admire le soir, après le coucher du soleil (je rigole, on la voit aussi le matin, quand elle veut bien). Une planète où il fait bon vivre, environ 460°C au sol et des pluies d’acide sulfurique… le Paradis quoi. Son atmosphère, principalement composée de dioxyde de carbone, a une pression dix fois plus élevée que sur Terre. Mais voilà qu’à 60 km d’altitude, là où la pression et les températures sont proches de celles de la Terre, on a repéré de la phosphine ! Je vous déconseille d’en prendre au petit déjeuner (de formule PH3) : « Sur Terre, la phosphine est un composé toxique d’hydrogène et de phosphore produit par l’activité humaine et des bactéries anaérobies, un type de microbes qui ne peut ni vivre ni se développer en présence d’oxygène. »


La mission VLF (Venus Life Finder), est prévue pour 2023. Elle représente une série de missions astrobiologiques qui visent à documenter l’habitabilité et à rechercher la chimie de la vie dans l’atmosphère de Vénus. Elle testera aussi l’hypothèse de la phosphine.
Le lancement de la mission VERITAS est prévu pour décembre 2027, elle étudiera la surface, l’évolution de l’eau et le champ gravitationnel de la planète.
La mission DAVINCI suivra en 2029 et se concentrera sur l’évolution de l’atmosphère et ses différences avec celle de la Terre.
L’ESA devrait lancer EnVision en 2031 qui déterminera le niveau et la nature de l’activité actuelle de Vénus.


2- MARS
Actuellement, la NASA et l’ESA travaillent de concert pour ramener des roches et de la poussière afin de mener des analyses approfondies sur Terre entre 2031 et 2033.
La première phase de cette mission est matérialisée par le rover Perseverance, qui s’est posé dans le cratère Jezero en février 2021 et collecte actuellement des échantillons.
En 2011, une météorite martienne de 320 grammes fut découverte à Rabt Sbayta, dans le Sahara occidental, au Maroc. Sa chimie révéla une teneur en eau élevée qui aurait pu provenir d’océans existant sur Mars tôt dans son histoire. Cette découverte est importante et laisse supposer que l’eau liquide existait à la surface de Mars environ cent millions d’années avant qu’elle n’apparaisse sur la Terre. Cette découverte permet de penser que la vie aurait pu apparaître d’abord sur Mars et que la vie sur Terre pourrait venir de Mars….


N’oublions pas la mission ExoMars qui a failli avorter du fait de la c… humaine, à savoir la guerre en Ukraine, cette mission de l’ESA devait, en effet, se faire en collaboration avec la Russie.
Les 22 pays membres de l’ESA ont décidé, en novembre 2022 une nouvelle mission : on allait construire un atterrisseur européen destiné à acheminer le robot mobile Rosalind Franklin jusque sur la surface martienne afin de rechercher d’éventuelles traces de vie. En effet, le rover Rosalind Franklin est doté d’une foreuse pouvant rechercher d’éventuelles traces de vie jusqu’à deux mètres de profondeur, donc à l’abri de l’atmosphère oxydante de la planète et des rayonnements cosmiques qui détériorent les molécules organiques en surface. Si tout se passe comme prévu, le rover devrait ainsi s’envoler pour Mars en 2028.
https://www.sciencesetavenir.fr/espace/planetes/il-faut-sauver-la-mission-exomars_167982


3- GANIMÈDE
On a vu que la zone habitable d’une étoile est celle où la température à la surface d’une planète qui y orbiterait maintiendrait l’eau à l’état liquide pour permettre à la vie de s’y développer, mais si elle est sous la surface ?
Ganymède possède beaucoup d’eau, un champ magnétique et une source d’énergie produite par la friction des effets de marées qui maintiennent une activité tectonique. Mais est-ce suffisant pour le développement de la vie ? « Nous en saurons bientôt davantage, avec la mission JUICE de l’ESA, qui sera prochainement lancée et qui passera au minimum trois ans à explorer Jupiter et son système, en se concentrant sur l’étude de Ganymède comme habitat possible pour la vie. » (JUICE : mission spatiale qui doit être lancée en avril 2023 vers les satellites naturels de Jupiter)


4- ENCELADE
Encelade est l’une des 83 lunes de Saturne, c’est une boule de neige de 500 km de diamètre, non, ce n’est pas une blague ! La neige y est renouvelée en permanence par une centaine de geysers qui crachent de l’eau chauffée à plus de 90°C, à près de 500 km d’altitude. Inutile de dire qu’on n’est pas à Tahiti, là, elle gèle instantanément et les cristaux vont alimenter l’anneau E de Saturne. Une partie retombe en neige sur la surface du satellite où la température avoisine – 198 °C en plein midi !
Tout porte à croire qu’« Encelade a suffisamment de chaleur pour alimenter une activité hydrothermale pendant des milliards d’années ! La durabilité étant primordiale pour une biosphère, le modèle renforce l’idée que ce petit monde océan présente des conditions propices à la vie. »
Plus étonnant encore est le niveau de méthane détecté dans les geysers, que les processus géochimiques connus ne peuvent expliquer à eux seuls. Il est compatible avec une activité microbienne à proximité de fumeurs hydrothermaux.
Diverses missions sont à l’étude pour lever le voile sur Encelade, tels EVE (Enceladus Vent Explorer) et SWIM, « Sensing With Independent Micro-swimmers », mais elles seront précédées par la mission Europa Clipper, qui arrivera dans le système de Jupiter en avril 2030 pour explorer l’habitabilité d’Europe, le plus petit des satellites galiléens de Jupiter.


5- EUROPE
Europe est l’une des 92 lunes de Jupiter, là, l’océan se trouve sous 10 à 32 km de glace et il devrait avoir une température voisine de 0 à 4°C, ce qui paraitra chaud, comparé aux – 183 °C en surface ! Et de l’eau (salée) il devrait y en avoir plus de 150 km d’épaisseur, et il se pourrait bien qu’elle abrite la vie.
Mais, comme pour Encelade, rien à voir avec celle qui a pu apparaître sur Mars ou sur Terre, « il s’agit très probablement d’une vie locale, une seconde genèse ».


6- TITAN
Titan est la plus grosse des 83 lunes de Saturne, d’environ 5 150 km de diamètre, il possède une atmosphère dense avec une pression de 1,5 bar au sol et une température accueillante de – 180°C (97 % d’azote et de 2,7 % de méthane). En 2005 la sonde Huygens qui pénètre l’atmosphère de Titan enregistre que « Les faibles niveaux de méthane dans la partie supérieure de l’atmosphère atteignirent la saturation vers 6 500 mètres d’altitude. Puis, Huygens enregistra une augmentation soudaine de 40 % du méthane alors que l’azote restait constant, indiquant la présence probable de méthane liquide au sol, localement. »
La découverte de tholin, également, est importante, car ils forment les anneaux de bases des nucléobases de l’ADN et l’ARN sur Terre. Ce qui suggère qu’une étrange chimie prébiotique pourrait être à l’œuvre. Et, sur Titan, il faut s’imaginer que ces molécules pleuvent littéralement sur la surface !
Sélectionnée en juin 2019 la mission Dragonfly de la NASA va tester des biosignatures qui pourraient être ramenées régulièrement en surface par le biais du cryovolcanisme, bien qu’aucune vie provenant des profondeurs de l’océan ne soit censée y survivre. Elle sera lancée en juin 2027 et atteindra Titan en 2034, après un voyage d’1,29 milliard kilomètres.


Je vous fais grâce de Cérès et de Pluton qui, pourtant ne manquent pas d’intérêts.


Et hors du système solaire, comment va la vie ?
On l’a vu, on repère les planètes – qui deviennent « exo », de ce fait – pour ensuite rechercher les traces de vie, les fameuses biosignatures.
Plusieurs méthodes pour détecter la présence d’une planète autour d’une étoile : celle des vitesses radiales, des transits, du microlentillage gravitationnel et celle de l’astrométrie (j’aurais bien détaillé un peu, mais il faut raccourcir !).
Nous avons vu qu’aujourd’hui plus de 5 200 exoplanètes sont désormais confirmés dans une toute petite portion de notre galaxie. Ce qui signifie que la Voie lactée contient de 100 à 400 milliards de mondes inconnus au sein d’un Univers visible qui comporte au moins 125 milliards de galaxies… Ces nombres sont tout simplement inimaginables, au sens propre.


Les premières exoplanètes détectées étaient soit des géantes gazeuses, des super-Terres chaudes sur des orbites proches de leur étoile, soit des géantes de glace. Avec Kepler (2009), le ciel s’emplit de milliers de mondes dont nous n’aurions même pas pu imaginer l’existence dont un grand nombre de la taille proche de celle de la Terre, situées dans la zone habitable de leur étoile parente.
TESS pris le relais de Kepler (2018). Cette mission de la NASA cherche des planètes orbitant autour d’étoiles parentes relativement proches de la Terre avec la méthode des transits, et la mission a à son programme environ 500 000 étoiles à étudier. Au cours des deux prochaines décennies, l’un de ses principaux objectifs sera de cataloguer des milliers d’exoplanètes, dont des centaines plus petites que la Terre.


Lancé par une fusée Ariane 5 depuis Kourou, le 25 décembre 2021. Le télescope spatial James-Webb atteignit sa résidence permanente à un million de kilomètres de la Terre. Il a depuis entamé sa propre révolution astronomique en renvoyant des images époustouflantes. Le télescope explorera également les profondeurs de l’espace à la recherche d’exoplanètes susceptibles d’abriter la vie, ce qui permettra de réaliser les premières études détaillées dans l’infrarouge proche de l’atmosphère de planètes localisée dans la zone habitable de leur étoile parente.


Vous doutez encore ?
« Une étude récente, combinant les données de Kepler et celles de Gaia de l’ESA sur la quantité d’énergie reçue par une planète, a ouvert un tout nouvel horizon d’habitabilité. Ses résultats suggèrent que 50 % à 75 % des étoiles semblables au Soleil possèdent des planètes telluriques capables de maintenir de l’eau liquide à leur surface, ce qui représenterait environ 2 à 3 milliards de planètes ! Même si l’eau n’est qu’un des éléments essentiels à la vie, plus le nombre de mondes habitables est important, plus il y a de chances que la vie soit apparue sur l’un d’entre eux. »


Qui n’a pas entendu parler de TRAPPIST-1 ?
Bon, je ne vais pas demander autour de moi, je risque d’être déçu (on risque même de m’envoyer au monastère) … TRAPPIST-1 est une naine rouge à 41 années-lumière de la Terre (Michelin ne va pas jusque-là) qui compte sept planètes. TRAPPIST-1e, est celle qui ressemble le plus à la Terre. Sa masse, son rayon, sa densité, sa gravité, sa température sont semblables à ceux de notre planète. Sa surface est rocheuse et il est probable que son atmosphère, tout comme les planètes telluriques de notre Système solaire, soit compacte. Ce qui diffère est la durée de vie de l’étoile. TRAPPIST-1 ne représente que 8 % de la masse de notre Soleil, ce qui offre une durée de vie possible de 12 000 milliards d’années, soit plus de 1 000 fois celle du Soleil ! Tous ces facteurs semblent donc extrêmement favorables à l’apparition de la vie.


Bon alors, Madame Cabrol, des signes de vie, vos fameuses "biosignatures", c’est pour quand ?
« L’abondance des exoplanètes laisse supposer que des mondes vivants évoluent peut-être déjà sous nos yeux dans le ciel nocturne, donnant l’espoir que la première détection de signatures de la vie pourrait avoir lieu dans la prochaine décennie. »


Quant à la vie intelligente… Qu’est-ce que c’est ?
Beaucoup ont essayé de donner une définition, la capacité d’apprendre, ou de comprendre, ou de faire face à des situations nouvelles ou éprouvantes, l’utilisation habile de la raison, ou la capacité d’appliquer des connaissances pour manipuler l’environnement, ou de penser de manière abstraite, etc.
Sans anthropomorphisme, comment la reconnaître quand autour de nous les primates, certains mammifères marins, les poulpes, les rats, les corbeaux, et bien d’autres animaux, et j’ajouterais "et les arbres ?", font preuve d’un grand nombre de ces capacités ?
Ne nous laissons pas abuser par la recherche restrictive de quelques technosignatures !
Et n’oublions pas que nous-même diffusons ces technosignatures que depuis 200 ans environ alors que la planète s’est formée il y 4 500 000 000 ans.


Depuis que la Station Spatiale Internationale tourne autour de notre belle planète et que notre spationaute préféré Thomas Pesquet nous abreuve de magnifiques photos de la Belle Bleue, nous sommes habitués à ces images du sol nocturne ponctué de points brillants, illuminés de lumière, qui sont autant de technosignatures à destination de tous visiteurs extraterrestres qui viendraient en randonnée dans les parages. Alors, même si leur récepteur radio n’est pas sur la bonne fréquence, ils n’ont qu’à ouvrir ce qui leur sert d’yeux.


Et les OVNIs ? EXIT les OVNIs, aujourd’hui on parle de Phénomènes Aériens Non Identifiés.
Je ne suis pas sûr que ça change quoi que ce soit.
« Nous connaissons les statistiques (américaines) sur les phénomènes aériens non identifiés : environ 95 % des observations sont des erreurs d’interprétation de phénomènes naturels. Près de 2 à 3 % sont probablement des projets militaires secrets, comme le fut l’avion SR-71 par le passé. Environ 1 % peut être attribué à des phénomènes naturels pour lesquels nous n’avons pas encore d’explications ou dont nous n’avons pas encore reconnu l’existence. »
Le 1 % restant, ce sont les incidents qui ne semblent entrer dans aucune de ces catégories.


On est là, à chercher ses signes, des biosignatures, voire des technosignatures qui seraient la preuve que la vie existe ailleurs. Mais qu’est-ce que la vie ? Où se situe la frontière du vivant et du non-vivant ? Saura-t-on la reconnaître sur une autre planète ?


Sa définition pratique pour l’exploration planétaire et spatiale est la suivante : « un système chimique autonome capable d’évolution darwinienne ». Mais ce n’est qu’une définition parmi tant d’autres. Au cours du temps, la vie en a reçu de nombreuses, certaines venant de la philosophie, d’autres des religions et de la science.


Mais la situation est quelque peu différente pour les formes de vie synthétiques désormais capables de s’autorépliquer, comme les xenobots. Ces nanorobots sont notamment conçus pour aider la médecine régénérative. Pour le moment, il s’agit d’amas de cellules programmées pour collecter d’autres cellules. Ils sont fabriqués à partir de muscles cardiaques et de peau de grenouille génétiquement non modifiés et assemblés en sphères nanoscopiques. Ce sont donc des organismes vivants. Mais ils sont également programmables, ce qui en fait aussi des robots.
L’équipe qui les a créés a découvert qu’ils pouvaient trouver des cellules individuelles dans leur boîte de Pétri et en assembler des centaines pour créer des « bébés xenobots ». En d’autres termes, ces nanorobots ont commencé à se reproduire sans que personne ne le leur ait demandé, et ils collaborent entre eux pour créer quelque chose de très différent de leur génome initial de grenouille.
La question qui se pose alors est la suivante : sont-ils vivants ou non-vivants ?
Qu’en sera-t-il sur une planète inconnue ?

Philou33
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le 7 févr. 2023

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