J'ai lu ce livre en VO il y a bien des années, alors que mon niveau en anglais était loin d'être ce qu'il est aujourd'hui. Je me souvenais avoir beaucoup aimé, mais avoir eu beaucoup de mal à le lire... à tel point que j'ai été stupéfaite, en traînant sur des sites de bouquins beaucoup plus tard, de voir qu'il s'agissait d'un livre de voyage dans le temps. De voyage dans le temps ?! Mais je ne me souvenais de rien de tel ! Avais-je eu tellement de mal à suivre l'intrigue que j'avais manqué cet aspect ?
Il fallait donc impérativement que je relise ce livre. Et me voilà rassurée. Ça parle bien de voyage dans le temps, mais ça ne joue pas un rôle important dans l'histoire (par contre ça contribue à la rendre un peu dure à suivre pour quelqu'un qui ne maîtrise pas la langue) : Billy Pilgrim voyage en effet dans le temps, mais uniquement dans le cadre de sa propre vie et sans créer de paradoxe temporel. Il vit en effet sa vie dans le désordre, passant en l'espace d'un battement d'ailes d'un moment où il a dix ans à un moment où il en a quarante, et ce de façon complètement transparente pour son entourage. Cela donne lieu à un procédé de narration qui n'est au final pas tellement éloigné de ce qu'on peut trouver dans les livres d'Irving où dans L'amour au temps du choléra.
Ce style de narration sert à mieux rendre l'absurdité de la situation de Billy dans une situation atroce. Pendant la deuxième guerre mondiale, Billy est en effet soldat, et par un concours de circonstances se retrouve sans uniforme et sans armes derrière les lignes allemandes. Il va errer ainsi avant d'être fait prisonnier et d'être envoyé à Dresden peu avant que les terribles bombardements ne commencent. Il vivra de plein fouet l'horreur et la cruauté des bombardements, d'autant plus qu'il participera ensuite aux fouilles pour retrouver et enterrer le nombre énorme de corps pris sous les décombres.
Ce livre est apparemment en partie autobiographique. Le livre, narré à la troisième personne, commence par un chapitre écrit à la première personne raconté par un écrivain qui était à Dresde en même temps que Billy, et qui, hanté par ce qu'il a vu, passe sa vie à tenter d'écrire un livre sur la guerre pour en raconter l'horreur et l'absurdité. La partie principale du livre, qui raconte la vie de Billy, est parfois ponctuée d'interventions à la première personne, qui sont des commentaires de l'écrivain.
Le message de l'auteur, qui est si je le comprend bien que la guerre est non seulement mauvaise mais absurde, en particulier parce que les soldats étaient à peine plus que des enfants, au point qu'il parle d'appeler son livre La croisade des enfants. Cet aspect est illustré par le personnage de Billy, qui est un spectateur impuissant de la guerre, alors qu'il est censé en être un acteur.
Le tout forme un livre extrêmement bien écrit et captivant, bien que glaçant par la noirceur de son sujet. Un livre à lire.
