After : Saison 1 par bulchick

Bon, plaçons les choses dans leur contexte. Pourquoi ai-je lu ce truc en premier lieu ? Curiosité. Je voulais savoir pourquoi certains romans se plaçaient en tête des ventes et pas d’autres. Pari risqué, sachant que la dernière fois que je m’étais posée cette question, je m’étais retrouvée avec les Cinquante Nuances entre les mains et au final, aucune réponse.

Cette fic couchée sur papier - pour rester polie - m’a laissée dans le même état et j’ai eu la même conviction en la finissant: elle n’aurait jamais dû quitter Internet.

Le pitch, tout d’abord: Tessa Young, étudiante de 18 ans qui «contrôle sa vie », tombe amoureuse de Hardin Scott, bad boy tatoué. Je ne sais déjà pas par où commencer dans cette phrase. Contrôler sa vie ? C’est quoi ça ? Je suis la seule à ne jamais avoir entendu cette expression de ma vie ? Apparemment selon le bouquin, pour contrôler sa vie, il faut être comme Tessa: porter des jupes longues, des cols roulés, mettre ses études par dessus tout, avoir éventuellement un copain mais attendre le mariage pour consommer. Parce que lorsque l’on contrôle sa vie on a pas besoin de sexe, ni même d’amis (ils pourraient s’avérer infréquentables et nous déranger dans nos études). Ce qui veut dire… par déduction… que les personnes qui couchent avant le mariage, boivent un verre en soirée, ou - oh my lord ! - se font un tatouage ne contrôlent pas leur vie. CQFD.


Tessa donc, est une repompée d’Anastasia Steele: étudiante en littérature, vierge, introvertie, supposée intelligente avec des valeurs mais qu’elle va envoyer balader dès qu’un garçon va lui paraître mystérieux. On nous la présente comme une petite fille modèle et timide, mais en parcourant les premières pages, elle s’avère être au contraire plutôt pimbêche, fermée d’esprit, elle juge sans connaître et s’énerve/pleure à chaque fois qu’on lui fait une remarque (si je me souviens bien, il suffit à Hardin de lui dire qu’elle n'est pas son genre pour qu'elle éclate en sanglots). Le problème, c’est qu’on ne sait pas si c’est assumé ou pas. On ne sait pas si Anna Todd est vraiment au courant de la connerie de son héroïne, ou si elle pense juste lui avoir donné un caractère bien trempé. Ou pire, qu’elle s’identifie à elle.

De l’autre côté, on a bien sûr Hardin, soit le bad boy. C’est un rebelle, mais attention, un vrai de vrai: il est tatoué, percé, irrespectueux, fait le mur pour aller en soirée, se bat fréquemment, frappe un mur dès qu’il s’énerve, etc. Leur rencontre est bien entendu un véritable chamboulement dans la vie de notre Tessa. Dès qu’il la bouscule dans le dortoir, elle le hait. Par la suite, leur relation suit le schéma suivant, avec parfois quelques variantes:
C’est un connard. Elle le déteste. Il est sexy. Elle l’approche. Il la repousse. Elle s’accroche. Il s’énerve. Elle s’énerve. Ils se disputent. Elle pleure. Ils se séparent. Elle le déteste. Il revient. Elle ne veut pas. Il s’énerve. Elle pleure. Ils se revoient. Ils couchent ensemble. Ils s’aiment. Ils se disputent. Elle pleure. C’est un connard. Elle le déteste. Il est sexy… Le suspense du roman réside en fait dan la question de savoir à quelle étape il en seront à la dernière page.

Ça c'est pour le couple de base. Et comme je m'y attendais,inutile de compter sur les personnages secondaires pour ne serait-ce que titiller un peu plus mon intérêt (je dis secondaires mais "figurants" serait plus exact). Déjà, il y a Steph, la coloc’ de Tess qui s’avère aussi être la meilleure amie d’Hardin. Donc, c’est plus ou moins grâce à elle qu’ils vont se rencontrer. Et à part nous confirmer dès le début la bêtise de Tessa et ses préjugés sur les gens tatoués, son utilité s’arrête là. Ensuite il y a Noah, son petit ami du début qui est gentil, doux, sportif (chiant) et l’ex de Hardin qui, bien entendu, est une salope. Je me souviens aussi qu’il y a un Landon. Les autres, j’ai oublié.

Il y a beaucoup de trucs qui agacent quand on lit. Des trucs qui auraient peut-être moins dérangé si c’était resté sur Wattpad mais qui, maintenant que c’est publié et reconnu, ne passent pas:

• Trop de chapitres. L'histoire aurait mérité d'en être amputée d'une bonne dizaine. De ce que je sais, Anna Todd n’a modifié que le nom des persos du texte original sinon tout a été retranscrit à la virgule près. Bizarre. J’aurais pensé que quand on t’annonce que ta fanfic va être publiée en roman, tu modifierais un peu pour… je ne sais pas, ROMANCER le truc?




• On nous répète souvent ce qu’il s’est passé juste avant, comme si on était trop stupide pour s’en rappeler. Exemple: « Je n'arrive pas à le suivre. D'abord il dit qu'il veut que les choses aillent plus loin entre nous, puis il embrasse Molly, puis il me dit qu'il m'aime pour aussitôt retirer ce qu'il a dit, et maintenant il recommence à s’excuser ». C’est sympa de nous résumer, mais on était là aux chapitres précédents et comme ta vie tourne maintenant autour des faits et gestes de ce mec, on sait ce qu’il s’est passé, merci.




• L’écriture est abominable. Mais vraiment. À côté avec Twilight, on n'est pas loin du prix Hugo !

Quoi d’autre ? Ah oui, les scènes de sexe. Pas grand chose à dire, si ce n’est qu’elles partagent le concept lancé par Fifty Shades (le deuxième après le collier et le fouet): Hardin est beau et parfait et Ann- pardon Tessa, jouit à tous les coups.

Comme évoqué précédemment, c’est une fanfiction. Par conséquent, on pourrait penser qu’il ne faut pas s’attendre à de la grande littérature, mais c’est faux. Des fics, il y en a à la pelle sur le web et si on cherche un peu, on en trouve des biens même en romance, en tout cas bien mieux que celle-ci. Parce que c’est personnellement l’une des plus médiocres que je n’ai jamais fini, et de savoir que, parmi tous les auteurs talentueux du web, c’est E.L.L James et Anna Todd qui sont maintenant richissimes, bah ça me fait peur pour la suite.

J’aimerais terminé en citant ce qui doit être ma citation favorite du bouquin:

« Pourquoi faut-il qu’il se conduise toujours comme un abruti ? En même temps, je repense aux livres qui couvrent les murs de sa chambre… Il est impossible qu’un type grossier, irrespectueux et tatoué comme Hardin puisse apprécier ces oeuvres magistrales.  »

Quelle ode à la tolérance, n’est-ce pas ?

Tu vois Tessa, si j’avais eu ton ouverture d’esprit, je n’aurais jamais probablement jamais lu After.
Parce que je me serais juste dit qu’il est impossible qu’une fille fan des One Direction puisse écrire un livre potable.