Dans ma démarche de trouver des bouquins écrits sur les femmes, par des femmes, je suis tombé sur ce petit bouquin, à Joli Mai. C'est un recueil de nouvelles fantastiques de Lisa Tuttle, rassemblées et traduites de l'anglais par Mélanie Fazi. La totalité de ces nouvelles mettent en scène un personnage principal féminin, et quatre sur six emploient la narration à la première personne. Autant dire que je suis bien tombé.
L'emploi de la première personne aidant, ces nouvelles sont incroyablement immersives. Comme toute littérature de genre, elles suivent une recette bien rodée, que l'auteure décrit elle-même, dans un entretien entre les deux femmes, inclus dans le recueil: "histoires qui commencent dans le monde réel, avec des personnages parfaitement crédibles dans un cadre existant, et puis... quelque chose d'impossible se produit", "textes fantastiques qui se terminent sur un dénouement horrifique".
Dans chacune des nouvelles de ce recueil, Lisa Tuttle explore d'innombrables thèmes, des "obsessions": le rêve comme échappatoire, la captivité, les sacrifices de la grossesse, la sexualité dans le couple, et les rapports hommes-femmes, le temps et les souvenirs, la maladie, la mort, le langage... De quoi faire marcher notre imagination à toute bringue, de quoi alimenter nos propres rêves et cauchemars, et la machine à se poser des -ou se remettre en- questions.
Par une narration très cohérente, solide, je me suis laissé transporter, et n'ai jamais été tenté d'aller plus vite que la musique, ou de deviner les dénouements. Je crois que ceux-ci étaient aisément prévisibles, mais que c'est plus la chute inéluctable des personnages qui comptait, que les dénouements eux-mêmes.
Une sensation légèrement désagréable, un peu comme une amertume, quelque chose d'un peu repoussant, m'a néanmoins embêté en lisant ces nouvelles. Peut-être parce que je n'avais pas compris, avant de les lire, qu'il s'agissait de nouvelles horrifiques. Une sensation qui me rappelle celle que je ressens parfois, lorsque j'écoute la musique de Marilyn Manson. Quelque chose d'un peu... glauque ? malsain ?
Une sensation à dépasser ou à apprivoiser sans aucun doute, pour apprécier ces excellentes nouvelles.
Pour l'anecdote: une recherche de Lisa Turttle sur wikipedia m'apprend qu'elle est féministe, le hasard -ou Joli Mai- fait bien les choses...