- "Si tu avais droit à un souhait, n'importe lequel, que demanderais-tu ?"
- "Le pouvoir de voyager dans le temps."
Ce n'est rien moins que cela que nous propose ce texte, vieux de 2400 ans.
On y découvre ce qu'on appelle aujourd'hui la Turquie, la Syrie et l'Iraq - à l'époque l'Empire perse. On y découvre le quotidien d'une armée de cent, puis de dix mille hommes, leurs difficultés logistiques, les marchés et les hétaïres qui les accompagnent. On saisit la nécessité vitale du pillage, on comprend la logique guerrière de l'esclavage. On claque des dents sous la neige épaisse qui s'abat sur l'armée. On se lèche les babines à l'évocation des pains, du vin, des fromages et des viandes d'alors : comme on aimerait pouvoir goûter à ces mets simples et sains !
On comprend l'enjeu stratégique de la maîtrise du discours. On admire ceux de Xénophon. On ressent dans sa chair l'importance des liens d'hospitalité, des serments et des promesses qui reliaient les hommes de cette époque. On croit aux présages, aux dieux, aux entrailles favorables des sacrifices dont la véridicité se confirme à chaque instant.
On se rend compte à quel point le monde a changé ; comme la vie d'un homme tenait à un fil dans ces guerres si différentes des nôtres. Même les évocations d'amitié rendent un autre son de cloche. Certains s'éprennent de jeunes garçons, d'autres, de jeunes femmes. On hésite à fonder une ville là où le coeur nous en dit. On offre des présents aux puissants, qui nous le rendent bien.
Et puis on retourne dans notre patrie, qui nous semble un étrange rêve. Le vrai monde, désormais, c'est celui de l'Anabase.