Il s'agit du premier roman de Philippe Besson que je lis, mais ça ne sera sans doute pas le dernier, tant j'ai été touchée par le style tellement juste, tellement fin de l'auteur. C'est un roman très court, mais d'une intensité folle, à l'image de cet amour d'adolescent, son premier amour, qu'il nous raconte ici, avec une sincérité poignante.
Philippe Besson se met à nu dans ce roman autobiographique. En 1984, il a 17 ans, des gestes efféminés qui lui valent les insultes de ses camarades, et il est amoureux de Thomas. Thomas, avec qui il vivra une histoire aussi brève que passionnelle, faite de rencontres à la sauvette à l'abri des regards. Un amour caché, une histoire à l'importance matricielle pour l'auteur, car elle explique l'homme qu'il est devenu. Si Philippe prend en grandissant le parti de vivre sa sexualité sans se cacher, Thomas va choisir un autre chemin, et tenter de "se ranger".
Je n'ai pas envie d'en dévoiler trop sur le dénouement. Même s'il n'est pas l'élément le plus important ici, il est digne d'un scénario de film, à la fois surréaliste et dramatique. "Arrête avec tes mensonges" est avant tout un magnifique hommage à l'amour de jeunesse, une manière de lutter contre une certaine forme d'oubli. C'est l'histoire d'une brûlure amoureuse, du manque impossible à combler, de l'empreinte indélébile d'un amour perdu. Ce roman est aussi le reflet d'une époque, celle du SIDA qui fait ses premières victimes au sein des communautés homosexuelles avant d'étendre son emprise à toute la population, sans plus se soucier de l'orientation sexuelle.
C'est également une histoire qui réveille une sourde colère en nous, tant la problématique résonne encore en 2018, plus de 30 ans plus tard, où l'on constate que pas grand chose n'a changé : aujourd'hui encore, des Philippe et des Thomas se font traiter de petits pédés dans les cours d'école, n'osent pas avouer leur attirance pour le même sexe, et qui dans de trop nombreux cas extrêmes voient dans le suicide la seule issue possible à leur mal-être.
Un roman émouvant souvent, douloureux, et qui prend la forme d'un catharsis pour son auteur. Cette fois-ci, Philippe Besson obéit à sa mère, qui avait pour l'habitude de lui répéter "Arrête avec tes mensonges". Cette fois-ci, il n'a rien inventé.
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