Nous sommes au milieu du XIXe siècle, en Algérie. Deux récits se font écho, s'entremêlent : celui d'un soldat appartenant à une brigade dont la mission est de "pacifier" les secteurs en colonisation, celui d'une femme venant d'arriver avec son mari, ses trois enfants et un petit groupe de Français pour mettre en valeur des terres ingrates et les rendre cultivables. La population autochtone s'oppose, comme on l'a appris insuffisamment à l'école, à cette très brutale colonisation.
Les récits, au style très maîtrisé, sont d'une force étonnante. Tout est souffrance pour les familles de colons, l'isolement, la météo, les conditions d'habitation, la pauvreté des sols, les maladies, l'hostilité des Algériens qui n'hésitent pas à tuer. Tout est dureté - celle dont ils font preuve - pour les soldats. Dureté ? Le mot est faible. Certains épisodes ("rudes besognes" et "bains de sang") dépeignent une sauvagerie et une bestialité assumées par une armée sans états d'âmes.
Les deux narrateurs s'expriment avec un ton de vérité crue et bouleversante. Il m'a fallu parfois m'arrêter devant la force certaines images avant de reprendre le cours de ma lecture.
A recommander vivement à tous ceux qui n'hésitent pas à réfléchir sur ce qu'a été la colonisation de l'Algérie.