Recueil de treize articles et deux entretiens (1) parus dans la revue l’Histoire entre 1981 et 2004, Au commencement étaient les dieux reprend, dans une démarche de vulgarisation encore plus tournée vers le grand public, les grands thèmes brassés par Bottéro dans ses ouvrages précédents : écriture, raison, mythologie, modes de pensée… Si la littérature et la religion conservent la part du lion, on y trouve davantage de thèmes empruntés à la vie quotidienne : la cuisine, le vin, la médecine… Et si le propos paraît plus accessible que dans Mésopotamie, par exemple, on retrouve ici la précision et même, disons-le, le style d’écriture propres à Bottéro (2).
Quant à la structure du recueil, sans être téléologique à proprement parler – même si l’auteur a tendance à s’enthousiasmer dès qu’il est question du monothéisme, ou qualifie par exemple « l’hénothéisme, forme supérieure du polythéisme » (p. 218), alors qu’il se garde par ailleurs d’autres écueils guettant l’historien –, elle est ouvertement orientée vers le thème de la naissance du monothéisme, les quatre derniers chapitres n’abordant plus la civilisation mésopotamienne que de loin en loin, ou pour établir des comparaisons avec la Bible.
À qui a déjà lu du Jean Bottéro, Au commencement étaient les dieux donnera souvent une impression de déjà vu. Mais pour qui ne connaît ni très bien la Mésopotamie antique, ni l’auteur, il est tout à fait recommandable, pour une initiation claire et lisible.
Du reste, la rigueur de l’ouvrage ne l’empêche pas d’être empreint d’un humanisme parfois bonhomme, quoique sans illusions, qui remet les choses à leur place ; car s’il est vrai que « dans les affaires des hommes, les faits sont toujours plus riches que les lois par lesquelles on veut les endiguer » (p. 218), Au commencement étaient les dieux fait partie de ces – bons – livres d’histoire dans lesquels le propos est toujours plus riche que les sujets qu’ils entendent traiter.


(1) La préface de Jean-Claude Carrière est si pauvre et convenue qu’elle ne compte pas.
(2) J’ai dû lire une bonne demi-douzaine de fois sous la plume de Bottéro les expressions « franges septentrionales du désert syro-arabe » et « un peu comme chez nous le latin jusqu’à la Renaissance » : je me demande même si certains passages ne sont pas retranscrits tels quels !

Alcofribas
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le 31 janv. 2018

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